Près de 3 500 kilomètres à travers quatre pays et un tracé très méridional en raison du départ et de l’arrivée… eux aussi très méridionaux : le Tour de France masculin 2024 s’annonce particulièrement atypique. La faute aux Jeux olympiques organisés moins d’une semaine après l’arrivée de cette Grande Boucle, organisée elle-même une semaine plus tôt qu’à l’accoutumée, entre le 29 juin et le 21 juillet. L’organisation avait déjà annoncé la couleur de longue date : le départ et les trois premières étapes se dérouleront en Italie (et à Saint-Marin), et la dernière étape sera un feu d’artifice plus connu depuis 35 ans, soit un contre-la-montre de 34 kilomètres entre Monaco et Nice. Encore fallait-il savoir ce qui allait être programmé entre ces deux programmes alléchants.
Les premières étapes italiennes étaient déjà connues, mais le rappel de leur profil confirme la difficulté de ce Tour. La première étape via les Apennins et Saint-Marin dévoilera 3 600 mètres de dénivelé et sept difficultés répertoriées. Le lendemain, le peloton se dirigera vers Bologne pour une étape de “muri”, des côtes courtes et escarpées. Le final sera explosif avec une boucle et deux ascensions consécutives de la côte de San Luca, devant la citadelle qui conclut chaque année le Tour d’Émilie, à l’orée de l’automne. Les sprinters auront enfin l’occasion de se décrasser les jambes sur la troisième étape, la plus longue de cette édition, vers Turin. Aucune difficulté imposante ne sera au programme, ce qui signe un probable emballage massif.
Déjà dans les Alpes dès la 4e étape
Pour rejoindre la France depuis le Piémont, difficile de ne pas franchir les Alpes… Alors, l’organisation a pris l’option la plus simple en traversant frontalement le massif une première fois, avant d’y retourner deux semaines plus tard. Les grimpeurs devront donc déjà fourbir leurs armes durant une journée comptant Sestrières, le col de Montgenèvre et le col du Galibier avant l’arrivée en descente sur Valloire. “On n’a jamais été aussi haut, aussi tôt dans l’histoire du Tour de France”, rappelle à juste titre le directeur du cyclisme chez ASO, Christian Prudhomme.
Les sprinters auront enfin plus d’occasions de prester à leur meilleur niveau après un début de course particulièrement ardu. Les cinquième, sixième et huitième étapes seront favorables à une discussion entre coureurs véloces. Avec, entre ces étapes, un contre-la-montre en Côte-d’Or de 25 kilomètres, avec une côte de 1,5 km à 6% à mi-parcours. La première semaine se clôturera sur une boucle autour de Troyes, avec 14 secteurs de chemins blancs entre les vignes, dont deux déjà empruntés lors du Tour de France Femmes en 2022. Ces routes de gravier représenteront 32 kilomètres dans le final, avec quelques côtes pour agrémenter tout ça.
La reprise se fera en douceur après la première journée de repos. À moins que le vent se lève dans le Cher, comme en 2013, et vienne exposer le peloton aux bordures, en raison des nombreuses routes découvertes qui sont prévues dans le final. Le lendemain, les puncheurs et grimpeurs retrouveront le sourire pour une étape de costauds dans le Massif central. Depuis la Creuse, qui retrouve le Tour pour la première fois en plus de vingt ans, il s’agira d’une succession de montées et descentes jusqu’au Lioran, où Greg Van Avermaet avait brigué le maillot jaune en plus de l’étape, en 2016. Avec plus de 4 300 mètres de dénivelé au programme, cette étape qui semble simplement vallonnée à première vue, risque de pousser les organismes à la limite. Il faudra bien deux étapes de plaine ensuite pour faire rabaisser la pression, du moins pour le peloton… hors sprinters.
Deux jours dans les Pyrénées, quatre jours dans les Alpes
Les Pyrénées offriront un joli théâtre pour la fin de la deuxième semaine de course. Sur seulement deux étapes, le massif révèlera ses plus beaux sommets. Le Tourmalet, la Hourquette d’Ancizan et la montée finale du Pla d’Adet le samedi, les cols de Peyresourde, de Menté, du Portet d’Aspet et d’Agnes accompagnés d’une ascension finale vers le Plateau de Beille le dimanche. Cette 15e étape proposera 4 850 mètres de dénivelé, le plus élevé de ce Tour, sur près de 200 kilomètres.
Après une dernière journée de repos, le peloton prendra la direction de l’est via une étape de transition vers Nîmes, où les sprinters auront la priorité, du moins si le Mistral ne s’en mêle pas. Le retour dans les Alpes se fera dès la 17e étape avec une étape sans grande difficulté avant les 40 derniers kilomètres, durant lesquels le col Bayard, le col du Noyer et la montée finale vers Superdévoluy vont s’enchaîner dans les Hautes-Alpes. Le lendemain, ce sera une étape accidentée pour les attaquants, mais sans grand col malgré des passages autour du lac de Serre-Ponçon.
La lutte pour le maillot jaune se fera plutôt lors des trois derniers jours de course, une première sur le Tour de France depuis 1989 et le célèbre chrono des Champs-Élysées gagné par Greg Lemond. Tout d’abord, la 19e étape enchaînera 4 600 mètres de dénivelé dans les Alpes avec trois sommets à plus de 2 000 mètres d’altitude. La caravane passera par le col de Vars avant d’atteindre le sommet routier français, la cime de la Bonette, à plus de 2 800 mètres d’altitude. La descente sera rapide avant l’arrivée sur l’ascension d’Isola 2000. Sur 145 kilomètres à peine, cela risque d’amener une course explosive. Le lendemain, c’est dans l’arrière-pays niçois que les grimpeurs vont s’en donner à cœur joie avec des sommets bien connus des habitués de Paris-Nice : le col de Braus, la montée de Turini, la Colmiane et enfin, le col de la Couillole pour conclure la journée en altitude, soit 4 400 mètres de dénivelé en 133 kilomètres. Cela sera court et (plus que) rapide !
Ce Tour atypique se terminera donc par un contre-la-montre individuel. Sur 34 kilomètres entre Monaco et Nice, ce ne sont toutefois pas les purs rouleurs qui pourront briller. Depuis le départ sur la ligne tracée pour le Grand Prix de Formule 1 de Monte-Carlo, comme en 2009, les coureurs devront affronter la montée de la Turbie, avant de descendre légèrement pour affronter le final du col d’Éze, soit 1 600 mètres à plus de 8% de moyenne. La finale sera ensuite tortueuse jusqu’à Nice, où le maillot jaune sera délivré au bout de trois semaines d’un Tour parmi les plus rudes de ces dernières années.
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La carte du 111e Tour de France
Les 21 étapes du 111e Tour de France
Samedi 29 juin 2024 – 1re étape : Florence 🇮🇹 > Rimini 🇮🇹 (206 km)
Dimanche 30 juin 2024 – 2e étape : Cesenatico 🇮🇹 > Bologne 🇮🇹 (200 km)
Lundi 1er juillet 2024 – 3e étape : Plaisance 🇮🇹 > Turin 🇮🇹 (229 km)
Mardi 2 juillet 2024 – 4e étape : Pinerolo 🇮🇹 > Valloire (138 km)
Mercredi 3 juillet 2024 – 5e étape : Saint-Jean-de-Maurienne > Saint-Vulbas/Plaine de l’Ain (177 km)
Jeudi 4 juillet 2024 – 6e étape : Mâcon > Dijon (163 km)
Vendredi 5 juillet 2024 – 7e étape : Nuits-Saint-Georges > Gevrey-Chambertin (25 km – CLM individuel)
Samedi 6 juillet 2024 – 8e étape : Semur-en-Auxois > Colombey-les-Deux-Églises (176 km)
Dimanche 7 juillet 2024 – 9e étape : Troyes > Troyes (199 km)
Lundi 8 juillet 2024 – Journée de repos à Orléans
Mardi 9 juillet 2024 – 10e étape : Orléans > Saint-Amand-Montrond (187 km)
Mercredi 10 juillet 2024 – 11e étape : Évaux-les-Bains > Le Lioran (211 km)
Jeudi 11 juillet 2024 – 12e étape : Aurillac > Villeneuve-sur-Lot (204 km)
Vendredi 12 juillet 2024 – 13e étape : Agen > Pau (171 km)
Samedi 13 juillet 2024 – 14e étape : Pau > Saint-Lary-Soulan/Pla d’Adet (152 km)
Dimanche 14 juillet 2024 – 15e étape : Loudenvielle > Plateau de Beille (198 km)
Lundi 15 juillet 2024 – Journée de repos à Gruissan
Mardi 16 juillet 2024 – 16e étape : Gruissan > Nîmes (187 km)
Mercredi 17 juillet 2024 – 17e étape : Saint-Paul-Trois-Châteaux > Superdévoluy (178 km)
Jeudi 18 juillet 2024 – 18e étape : Gap > Barcelonnette (179 km)
Vendredi 19 juillet 2024 – 19e étape : Embrun > Isola 2000 (145 km)
Samedi 20 juillet 2024 – 20e étape : Nice > Col de la Couillole (133 km)
Dimanche 21 juillet 2024 – 21e étape : Monaco 🇲🇨 > Nice (34 km – CLM individuel)
