Le Samyn : Matteo Trentin, le super-remplaçant au sommet

Matteo Trentin fait parler son expérience et sa puissance sur Le Samyn, Loïc Vliegen et Arnaud De Lie se placent dans le Top 10.
Podium Hommes Le Samyn 2022 - Hugo Hofstetter Matteo Trentin Dries De Bondt
Hugo Hofstetter (Arkéa-Samsic, 2e), Matteo Trentin (UAE Team Emirates, 1er) et Dries Bondt (Alpecin-Fenix, 3e) : le podium du Samyn 2022. – Photo : Grégory Ienco

Appelé en dernière minute pour palier à l’absence de Fernando Gaviria, blessé après une chute sur le Circuit Het Nieuwsblad, l’Italien Matteo Trentin (UAE Team Emirates) a parfaitement joué son rôle sur les pavés du Samyn. Bien placé dans les offensives, il s’impose dans un sprint royal face à l’ancien vainqueur Hugo Hofstetter (Arkéa-Samsic) et l’ex-champion de Belgique Dries De Bondt (Alpecin-Fenix).

Depuis sept ans, Le Samyn construit sa réputation sur ses pavés. Des chemins de campagne dignes des classiques flandriennes qui permettent à la classique boraine d’arborer un fier slogan : “La plus flandrienne des wallonnes”. “Même avec une météo clémente, ce sont les pavés qui font la différence. Heureusement qu’ils sont là”, confie lui-même Jean-Luc Vandenbroucke, organisateur de l’épreuve. Et cette réputation devrait durer puisque le contrat liant l’organisation aux communes de Quaregnon et de Dour est signé jusqu’en 2025. De quoi réjouir les spécialistes qui ont manœuvré ce mardi sur les routes hennuyères.

Jean-Luc Vandenbroucke admettait toutefois “une déception” par rapport au scénario de cette course, en raison d’une météo sèche et peu venteuse. Les offensives n’ont pas été aussi nombreuses qu’à l’occasion des dernières éditions disputées sous la pluie. Mais la course n’en a pas été dénuée d’intérêt. Car les attaquants avaient bien compris qu’une course trop aisée était une carte idéale pour les purs sprinters. Pas question pour les Victor Campenaerts (Lotto-Soudal), Stan Dewulf (Ag2r Citroën Team), Matteo Trentin (UAE Team Emirates), Dries De Bondt (Alpecin-Fenix) ou Loïc Vliegen (Intermarché-Wanty-Gobert) de rentrer dans le dernier kilomètre en un peloton compact. Alors, dans les 40 dernières bornes, ils ont tenté, tant bien que mal, à se défaire d’un peloton solide.

Hofstetter : “Le parcours les yeux fermés”

Il a fallu attendre le dernier tour pour que les attaquants cités ci-dessus parviennent enfin à créer un écart avec le reste du peloton. Bert Van Lerberghe (Quick Step-Alpha Vinyl), Dries Van Gestel (TotalÉnergies) et surtout l’ex-vainqueur Hugo Hofstetter (Arkéa-Samsic) s’ajoutaient à ce groupe de prestige. Les équipes les plus costaudes étaient représentées en tête : suffisant pour que le peloton se retrouve écarté de la victoire.

“On a réussi à créer de belles sélections avec mes équipiers puis avec Dries Van Gestel et Stan Dewulf. J’étais content de me retrouver à l’avant à chaque fois”, confie Hofstetter, véritable taulier du Samyn dont il n’a manqué aucune édition depuis ses débuts professionnels. “C’est une course que j’apprécie énormément. Je peux commencer à faire le parcours les yeux fermés (sourire). Je sais où placer mes roues, où gagner quelques secondes, où gagner de l’énergie. C’est pour cela que cela me convient aussi bien”.

Le groupe était imposant, mais comme souvent, cela provoque une pression, une attente entre tous les concurrents. Qui donc va attaquer en premier ? Qui va lancer le sprint ? “Je sentais dans les quatre derniers kilomètres que tout le monde voulait rester dans ma roue”, analyse Matteo Trentin, le nom le plus ronflant du groupe de tête. “Je n’ai pas paniqué, j’ai continué à rouler tranquillement. (…) C’était un peu la même chose qu’à Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Dès que quelqu’un accélérait, on gagnait 10, 15 secondes sur le peloton avant que ça se calme à nouveau. Mais si on parvient à faire cela, cela veut dire que le peloton n’a pas forcément les mêmes jambes que vous, à l’avant de la course. On était juste plus fort que les autres. Ce parcours donne cette possibilité”.

Trentin : “Une sorte de faux départ”

Mais la différence ne s’est pas faite entre ces huit hommes de tête sur les pavés. Même pas dans la rue de Belle Vue, ce dernier secteur en faux-plat montant situé à moins de trois kilomètres de l’arrivée. “Je pense que ce dernier passage était même le plus lent de tous ceux réalisés aujourd’hui. On était vraiment au train”, analyse Loïc Vliegen, dans tous les bons coups dans ce final. La décision s’est donc faite au sprint, malgré le retour rapide du peloton dans un dernier kilomètre qui ressemblait à une impasse mexicaine entre les huit hommes de tête.

“J’avais Hugo Hofstetter dans le viseur. Il a déjà gagné Le Samyn, il a fini 3e à Kuurne… Il a aussi montré sa bonne condition”, confirme Trentin, qui a lancé son sprint à 200 mètres de la ligne. Ou presque. “J’étais en tête et quand j’ai vu ce panneau des 200 mètres, j’ai fait une sorte de faux départ. Van Gestel a alors lancé, je suis passé à l’intérieur et j’ai réussi ensuite à tenir. Je dois gagner pour une demi-roue”, explique l’ex-champion d’Europe, vainqueur de… sa première classique printanière.

En plus, en Wallonie, dans la région boraine qui connaît une forte communauté italienne : “Beaucoup d’Italiens sont venus en Italie pour travailler dans les mines. Beaucoup y sont morts malheureusement. Mais c’est chouette de rouler ici, on nous supporte en italien, beaucoup sont fiers de représenter leurs origines italiennes. Je me sentais presque à la maison”.

Vliegen : “Réapprendre à faire les finaux de courses”

Derrière l’Italien, chacun s’avouait vaincu. “J’ai voulu prendre à droite à 100 mètres de la ligne, mais Van Lerberghe était aussi à droite et m’a tassé quelque peu. Je reviens hyper fort ensuite, ce n’était juste pas suffisant pour la victoire”, confie Hofstetter, déçu d’avoir manqué une deuxième couronne à Dour.

Cinquième du sprint, Loïc Vliegen se disait content de “réapprendre à faire les finaux de course”, il ne cachait pas sa déception au vu du scénario du jour. “On a connu plusieurs soucis dans l’équipe durant la journée, ce qui fait que j’étais beaucoup esseulé. C’est plus difficile quand on n’est pas soutenu”, explique le Hervien. “J’ai senti que je pouvais faire la différence : quand Trentin a essayé dans la côte pavée à mi-circuit, j’étais facile. Mais dans les secteurs plus plats, c’était plus dur. C’était fort tactique dans les derniers kilomètres. Et dans le sprint final, par contre, Trentin, avec l’expérience, m’a un peu mis dans les barrières, gentiment. C’était bien vu de sa part : pour moi, je n’ai pas fait un bon sprint, mais je dois réapprendre à gérer ces fins de course”.

De Lie : “J’aurais pu gagner”

Autre Wallon en vue sur les circuits locaux, Arnaud De Lie (Lotto-Soudal) a démontré ses qualités affirmées chez les espoirs avec une neuvième place au final, grâce à sa deuxième position dans le sprint du peloton. “J’aurais pu gagner aujourd’hui… “, se désole-t-il presque, après avoir remercié en long et en large son équipier Philippe Gilbert, poisson-pilote d’un jour. “Quand c’est parti dans le dernier tour, je n’étais pas à bloc, mais on me disait d’attendre le sprint. Je n’aurais pas dû faire ça, j’aurais dû faire ma course. Je voyais que tout le monde tirait la gueule, mais moi, ça allait. Je n’ai jamais eu des jambes comme ça”.

Le sprinter de Vaux-sur-Sûre était tout de même émerveillé par ce qu’il a vécu dans le dernier kilomètre : “Ouais, Philippe (Gilbert) m’a emmené ! Il m’a lancé comme un Dieu ! Quand tu te dis que ce mec a gagné les plus grandes courses et qu’il m’aide comme ça, cela prouve à quel point c’est un grand champion”. Arnaud De Lie reste même ambitieux pour la suite : “Je pense que je peux aller à Nokere Koerse avec de grandes ambitions. Plus je cours, mieux je me sens. Aujourd’hui, comparé à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, j’étais toujours bien positionné. On m’a dit d’attendre le sprint. Bon, t’es jeune, donc tu fais ce qu’on te dit. Mais je pense que j’aurai plus dû prendre les choses en mains. Mais bon, je suis rassuré sur ma condition”. De bon augure pour les coureurs wallons, en verve sur cette classique d’ouverture de la saison.

Résultats de la 54e édition du Samyn (Quaregnon > Dour, 209 km) :

  1. Matteo Trentin (Ita, UAE Team Emirates) en 4h49:29
  2. Hugo Hofstetter (Fra, Arkéa-Samsic)
  3. Dries De Bondt (BEL, Alpecin-Fenix)
  4. Stan Dewulf (BEL, Ag2r Citroën Team)
  5. Loïc Vliegen (BEL, Intermarché-Wanty-Gobert)
  6. Victor Campenaerts (BEL, Lotto-Soudal)
  7. Dries Van Gestel (BEL, TotalÉnergies)
  8. Bert Van Lerberghe (BEL, Quick Step-Alpha Vinyl)
  9. Rasmus Tiller (Nor, Uno-X Pro Cycling Team) à 0:04
  10. Arnaud De Lie (BEL, Lotto-Soudal)

Cliquez ici pour les résultats complets du Samyn 2022

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