La sentence est tombée le 4 décembre dernier, mais elle n’a été communiquée que ce jeudi par l’athlète elle-même : Shari Bossuyt est suspendue pour deux ans à la suite de son contrôle positif au Letrozole lors de la troisième étape du Tour de Normandie féminin, le 19 mars 2023. Comme elle le craignait, la coureuse belge de 23 ans, sous contrat chez Canyon//SRAM Racing, doit abandonner son rêve de disputer les Jeux olympiques de Paris, sur lesquelles elle nourrissait un espoir de médaille avec Lotte Kopecky sur la course à l’américaine.
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Bossuyt a elle-même informé le public de cette sentence sur Instagram et X (anciennement Twitter), dans une longue lettre expliquant ses arguments quant à ce test positif constaté par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). “Le 4 décembre, j’ai reçu le verdict de l’AFLD concernant leur proposition de suspension. Comme prévu, ils ont proposé une sentence de deux ans. Ils confirment et reconnaissent le fait que la contamination n’est pas intentionnelle. Mais nous ne pouvons pas prouver la source exacte de la contamination, comme dans le cas de Toon Aerts, ce qui fait que la législation ne nous permet pas d’obtenir une sentence réduite”, a-t-elle déclaré en début de communiqué.
Un autre cycliste belge, Toon Aerts, spécialiste du cyclo-cross, avait également été contrôlé positif au Letrozole en janvier 2022, également en Normandie. Ce médicament, normalement utilisé par les femmes victimes d’un cancer du sein, permet de ralentir, voire de stopper la formation de certaines cellules cancéreuses qui ont besoin d’œstrogènes pour grandir. Le Letrozole est également utilisé comme produit dopant et vendu illégalement sur certains sites frauduleux. Mais tant Toon Aerts, suspendu jusqu’au 16 février 2024, que Shari Bossuyt, se sont défendus de toute utilisation de ce produit et ont plaidé pour une contamination extérieure.
— Shari Bossuyt (@BossuytS) January 11, 2024
L’ex-championne du monde réaffirme que des arguments scientifiques confirment cette théorie, même si “aucun rapport officiel” le prouve officiellement. “De telles études coûtent des tonnes d’argent et de temps. Et après avoir consulté les agences de sécurité alimentaire, il s’avère qu’elles ne testent même pas le Letrozole”, explique-t-elle, appuyant sur sa frustration et affirmant que cette affaire est un “Clenbuterol 2.0”, en référence à Alberto Contador qui défendait son test positif à ce produit par une contamination extérieure due à une viande rouge.
Selon Shari Bossuyt, l’AFLD accepte elle-même les explications de son clan, disant : “Le scénario d’une contamination des produits laitiers doit être envisagée très sérieusement”. Mais un expert réplique derrière qu’aucun rapport officiel ne confirme l’hypothèse. Elle ajoute que le rapport de l’AFLD pointe par ailleurs qu’un verre de 200 ml de lait contaminé à une dose même légère peut mener à un contrôle urinaire positif. Avant d’appuyer sur le fait qu’un professeur invité par l’AFLD a indiqué : “Même si aucune étude n’a été faite chez des athlètes féminines pour tester l’augmentation de la performance, il existe quelques indices que cela pourrait potentiellement être le cas”. Du conditionnel qui ne passe pas auprès de la Belge : “Basé sur des indices de suspicions, quelqu’un peut juste évincer une autre personne pour deux ans”.
“Je ne suis pas une dopée”
Shari Bossuyt estime par ailleurs avoir été isolée pour se défendre, sans autre forme de soutien, notamment d’une fédération ou d’un syndicat. Ce qui semble finalement difficilement attaquable au vu des affaires de dopage qui ont marqué le cyclisme ces dernières décennies. “Je ne suis pas une dopée et je n’ai jamais considéré le dopage. Je vais continuer à le répéter jusqu’à ce que ça soit établi un jour”, clame-t-elle.
Elle confirme enfin qu’elle ne fera pas appel de la sentence proposée par l’AFLD : “Je n’ai simplement plus la force ou l’argent pour cela”. Elle a déjà vu comment cela s’était déroulé pour Toon Aerts, dont la carrière est gérée par le même agent que Shari Bossuyt. “Personne ne semble réaliser l’impact que cela peut avoir sur la santé mentale de quelqu’un”, mais “je vais prouver que je reviendrai plus forte”, conclut-elle.
La cycliste de 23 ans devra donc patienter au printemps 2025 avant de pouvoir reprendre sa carrière qui s’annonçait jusqu’ici prometteuse. Bossuyt a notamment été championne du monde de la course à l’américaine avec Lotte Kopecky en 2022 et vice-championne d’Europe de la course aux points en 2023. Elle était attendue comme équipière de Kopecky lors des Jeux olympiques de Paris, toujours sur la course à l’américaine. La championne du monde sur route avait déjà annoncé qu’elle ne participera pas à cette épreuve à tout prix si Bossuyt est suspendue, ce qui est désormais confirmé. Un coup dur pour la fédération belge de cyclisme qui espérait clairement une médaille grâce à ce duo.
L’équipe Canyon//SRAM Racing, pour sa part, n’a pas encore commenté cette communication, mais a conservé le profil de Shari Bossuyt sur son site.