Cian Uijtdebroeks transféré chez Visma-Bike A Lease ou bloqué chez Bora-Hansgrohe ? Récit d’une rupture tragique

Le Belge Cian Uijtdebroeks assure avoir cassé son contrat avec Bora-Hansgrohe pour signer chez Visma-Bike a Lease, ce que l’équipe allemande dément.
Le Belge Cian Uijtdebroeks (Bora-Hansgrohe) en poursuite sur la 20e étape du Tour d'Espagne 2023 - Photo : ASO/Unipublic/Sprint Cycling Agency
Le Belge Cian Uijtdebroeks (Bora-Hansgrohe) en poursuite sur la 20e étape du Tour d’Espagne 2023 – Photo : ASO/Unipublic/Sprint Cycling Agency

Et dire que l’hiver permet de reprendre son souffle pour la prochaine saison. Après une année pleine de rebondissements sur les routes, cette intersaison devait permettre de retrouver le calme dans les pelotons. Après les rumeurs et folles négociations autour d’une potentielle fusion entre deux des meilleures équipes du lot, Soudal Quick Step et Jumbo-Visma, la vie cycliste semblait avoir repris son cours à l’annonce de l’échec des pourparlers. L’hiver pouvait rappeler ses habitudes : une pause, une douce reprise dans le froid avant le retour sur les côtes ensoleillées pour les premiers stages.

Cette période particulière des stages s’annonce à peine que les sites d’actualité cycliste ont déjà renversé leur programmation. Les habituelles interviews d’avant-saison ont laissé place à ce qui prédit une nouvelle bataille juridique. Tout a commencé ce samedi après-midi. A la surprise générale, l’équipe Jumbo-Visma, future Visma-Bike a Lease, a communiqué le transfert du Belge Cian Uijtdebroeks, pépite de 20 ans pourtant annoncée sous contrat jusqu’à fin 2024 chez Bora-Hansgrohe. Vu les problèmes de matériel et les doutes évoqués quant à son rôle face à Aleksandr Vlasov sur la dernière Vuelta, l’idée d’un transfert d’Uijtdebroeks n’était pas forcément une illusion. Le Belge avait visiblement mal digéré le fait d’avoir laissé sa place dans le Top 10 du Tour d’Espagne à Vlasov, et il évoquait des ambitions plus poussées pour ces prochaines saisons, et ce, malgré l’arrivée de Primoz Roglic chez Bora-Hansgrohe justement.

Sauf qu’une heure et demie plus tard, l’équipe Bora-Hansgrohe indique en quelques phrases que Cian Uijtdebroeks est toujours bien sous contrat jusqu’à fin 2024, et qu’aucun accord n’a été signé pour le faire partir plus tôt.

Réplique du clan belge : le coureur hesbignon affirme avoir cassé son contrat avec son équipe le 1er décembre dernier afin de signer avec Visma-Bike a Lease. L’agence des frères Carrera, en charge des intérêts d’Uijtdebroeks depuis cette saison, a confirmé ces informations par communiqué : « L’accord entre le coureur et Bora-Hansgrohe s’est terminé le 1er décembre 2023. Les procédures légales ont été initiées par Cian et l’Union Cycliste Internationale est au courant de la fin de cet accord. Cian est confiant quant à l’issue de ces procédures et ne fera pas plus de commentaire. Bien sûr, Cian est impatient de cette future collaboration avec Visma-Lease a Bike la saison prochaine ».

 

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Alors, qui a raison ? Qui a tort ? Normalement, quand un coureur casse un contrat pour rejoindre une autre équipe, un accord doit être signé avec la première équipe pour arrêter le contrat, puis avec la seconde. Dans ce cas, il semble qu’une partie manque. Et l’autorité qui pourrait remettre de l’ordre dans ces discussions, l’UCI, reste jusqu’ici muette. Alors qu’Uijtdebroeks, pour sa part, a déjà été aperçu avec un cuissard de l’équipe Visma en Espagne, où la formation néerlandaise est en stage.

Cela n’empêche pas le peloton de s’interroger sur ce contrat. Patrick Lefevere, patron de Soudal Quick Step, a ainsi raconté une anecdote autour du manager de Bora-Hansgrohe, Ralph Denk, selon laquelle ce dernier avait fait une offre de contrat au père de Remco Evenepoel dès le 8 mars 2021, alors que les deux patrons s’étaient accordés pour patienter jusqu’au 31 mars. « Donc, s’il te plaît, ne viens pas pleurer maintenant », a-t-il répliqué, avant de toutefois demander à l’UCI de faire respecter les règles en place en termes de rupture de contrat. Cédric Vasseur, manager de Cofidis, s’en est pris pour sa part à Richard Plugge, patron de Jumbo-Visma : « Qu’est-ce que c’est encore de la part du président de l’AIGCP (NDLR : Association internationale des groupes cyclistes professionnels, l’association des équipes cyclistes) ? Vous devez respecter les règles et démissionner immédiatement ! Allez-vous en », a-t-il commenté sur X (anciennement Twitter).

Cette séquence confirme en tout cas la tension existante au sein du peloton, entre les équipes, pour que chacun survive, ou au moins résiste face à celles et ceux qui ont des moyens très importants. Il y a eu la fusion avortée entre Jumbo-Visma et Soudal Quick Step. Voici l’équipe néerlandaise à nouveau impliquée dans un coup qui demande encore quelques clarifications, pour s’assurer de sa légalité, au-delà de l’éthique d’une telle initiative. Cela ne fait en tout cas que fragiliser un écosystème financier déjà difficilement vivable sur le long terme. Il ne reste plus qu’à attendre les précisions nécessaires des différents acteurs pour s’assurer que cela a été fait dans les règles.

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