Il fait chaud sur le Tour. Il fait sec entre Arras et Roubaix. Il fait nerveux sur cette 9è étape de la 105è édition de la Grande Boucle. Tout ceci n’est certes pas propice à un course tranquille, à une explication en bonne et due forme. Tout ceci est l’occasion, au plus « chanceux », de rallier la cité minière en ordre utile en vue d’une victoire. De chutes en crevaisons, ce mini Paris-Roubaix tenait ses promesses d’un vrai Enfer du Nord. Une belle et grande victoire de John Degenkolb (Trek-Segafredo), devant Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) et Yves Lampaert (Quick-Step Floors), arrachée dans une explication à trois, à la force du jarret, et qui ne doit rien à personne.
Un trio ponctue une journée de douleurs
Une étape nettement moins longue (150 km) qu’il y a deux jours vers Chartres, tout en nervosité, car il fallait être devant du début à la fin, pour avoir une chance d’entrer dans Roubaix et de revendiquer franchir la ligne en vainqueur. Des attaques, hormis l’échappée de la première heure, furent légions, à tous les échelons de la course, car les cassures, les abandons (dont celui de l’Australien Richie Porte, en début d’épreuve), rendaient ce trajet des plus animés. Certains passaient les secteurs pavés comme ils pouvaient, comme ils savaient, avec l’espoir de ne pas ou plus connaître de mésaventures. De secteurs en secteurs, la physionomie de la course change, pour se terminer par la bonne échappée, après des tentatives multiples (dont celle de Philippe Gilbert, éliminé à l’avant sur crevaison).
John Degenkolb au bout de l’effort
Un trio se compose, on retrouve deux Belges, le champion national Yves Lampaert (Quick Step Floors) et le maillot jaune Greg Van Avermaet (BMC), flanqué de l’Allemand John Degenkolb (Trek-Segafredo). A l’arrière, la bataille fait rage, avec une tunique verte très entreprenante, mais ne pouvant jamais aller au-delà, échouant dans sa quête de combler le trou le séparant des leaders. Pour le Français Romain Bardet (Ag2r-La Mondiale), par contre, la journée est à marquer d’une pierre noire. Trois crevaisons, la dernière dans le dernier secteur pavé, alors qu’il attaquait. Malgré tout, le sociétaire d’AG2R La Mondiale, termine dans le même temps que Chris Froome (Sky), qu’on voyait aussi à l’attaque, mais toujours derrière le trio de tête.
Les réactions :
John Degenkolb (Trek): ’’C’était vraiment très émotionnel, plein de rebondissements depuis mon accident, voici deux ans. Là ce n’est que du bonheur et je dois remercier ma famille et mon équipe, qui m’ont porté pour que je revienne à ce niveau, et que je participe au Tour de France. Oui, j’ai eu beaucoup de poisse à répétition, mais grâce à la volonté je suis heureux d’être là, et de gagner une étape. Depuis ma victoire en 2015, et son lot d’émotion, je pense que celle-ci et de la même trempe, je suis très heureux.’’
Greg Van Avermaet (BMC): ’’Une course très dangereuse, très vite, je suis deuxième et là j’aurai aimé la victoire. C’est toujours dommage quand le leader doit quitter la course (NDLR : en parlant de Porte). Je n’ai pas eu de nouvelles de l’état de Richie. On a fait une bonne première semaine, avec la victoire sur le contre la montre par équipe, et je porte le maillot jaune depuis quelques jours. Nous allons tout faire pour continuer sur cette note positive, même après le départ de notre leader, avec sans doute Tejay Van Garderen comme meneur dans la montagne.’’
Damien Gaudin (Direct Énergie), combatif du jour : ’’J’y ai cru, je me suis battu jusqu’au bout, mais avec ce vent de face dans le final, ce n’était pas possible d’aller plus vite. On va continuer comme cela, et je suis certain que cela va payer un jour.’’
Résultats de la 9e étape du Tour de France (Arras > Roubaix, 156,5 km) et classement général provisoire :
Robert Genicot, à Roubaix – Photo : ASO/Pauline Ballet