Sylvain Moniquet : « J’ai enfin trouvé des bonnes habitudes avec l’équipe pour l’an prochain »

Notre série d’entretiens avec les cyclistes wallons continue avec Sylvain Moniquet, le puncheur-grimpeur de la Lotto-Dstny, qui fait un bilan mitigé mais optimiste de sa saison.
Sylvain Moniquet - Échappée 15e étape Tour d'Espagne Vuelta 2023 - ASO Unipublic Sprint Cycling Agency Tommaso Pelagalli
Sylvain Moniquet (Lotto-Dstny) sur la 15e étape du Tour d’Espagne 2023 – Photo : ASO/Unipublic/Sprint Cycling Agency/Tommaso Pelagalli
  • Comment résumeriez-vous cette saison en un mot ou en une phrase ?

“En une phrase, je pense avec des hauts et des bas. Parce que j’ai eu des périodes où je me sentais vraiment bien, où j’ai vraiment fait des belles choses. À côté de ça, notamment sur la Vuelta, j’ai eu des périodes où j’étais malchanceux, où je suis tombé malade, ou des périodes, comme au début de l’année, où les jambes ne tournaient pas et je ne sais pas vraiment pourquoi.

À côté de ça, j’ai bien marché au Tour d’Hongrie, au Tour de Suisse. Sur les dernières courses de l’année en Italie, je ne suis pas si mal non plus. Au Tour de Pologne également avec une onzième place au général. C’est sûr que je m’attendais à mieux, mais je n’ai jamais eu de moments durant lesquels je voulais baisser les bras. J’ai toujours essayé de faire de mon mieux, mais ce n’était pas toujours moi qui avais les cartes en mains. J’ai aussi connu de la malchance.”

  • Que retenez-vous comme expérience de la dernière Vuelta par rapport aux deux précédents Grands Tours que vous avez déjà disputé ?

“Je pense que c’est le genre de courses qui me convient bien. Parce qu’en troisième semaine, par exemple, je me sentais bien. Malgré le fait d’avoir été malade, j’ai réussi à prendre une belle échappée lors des deux, trois derniers jours. Je sens que je récupère bien en troisième semaine. Je crois que je suis en général dans les coureurs les plus frais. Par exemple, si l’an prochain, je dois encore fixer mon principal objectif de la saison, ce serait un Grand Tour, parce que j’ai l’impression que ça me convient bien.”

  • Mais plutôt dans un rôle de chasseur plutôt que pour le général ?

“Oui, c’est plutôt ça. À part si on trouve un coureur pour le général d’ici là dans l’équipe, alors là, je deviendrai plus équipier. Mais je me retrouve plus dans un rôle… on va dire comme un mini-Thomas De Gendt.”


« Pour notre équipe, la meilleure chance de gagner des étapes sur un Grand Tour, c’est d’aller dans l’échappée »


  • Est-ce que vous sentez personnellement ou au sein de l’équipe que vous êtes plus libéré sans grand objectif de général ?

“Oui, c’est ça. Surtout ici, quand on a vu le classement général final de la Vuelta, ce ne sont que des grands noms, de toutes les grosses équipes. Eux, ils en font vraiment un objectif sur l’année. Nous, finalement, on est sur plein de courses. On essaie de faire du mieux qu’on peut. Et la Vuelta n’est finalement pas notre gros objectif de la saison. Mais il faut être hyper régulier pendant 21 étapes. Il faut être hyper concentré. Il faut avoir des équipiers pour tout ça. Forcément, on va sacrifier des équipiers qui n’iront finalement pas dans les échappés, ils ne seront plus là plus pour nous aider. Et finalement, la meilleure chance pour nous de gagner des étapes, c’est d’aller dans l’échappé plutôt que d’essayer de battre les cadors. C’est quasiment impossible. »

  • Est-ce que cela viendrait aussi du fait qu’il y a peut-être moins de pression dans l’équipe vu que vous n’êtes plus dans le World Tour ?

“Non, je ne pense pas. Je pense que c’est vraiment le fait qu’on n’a pas vraiment de coureurs pour le général. Je pense qu’on l’a vu avec Lennert Van Eetvelt, cette année, qui pourra peut-être essayer d’aller chercher un top 15 ou un top 10 dans le futur. Mais cette année, on n’a juste pas de coureur pour le général. Finalement, si l’équipe faire un bon général, les équipiers doivent quasiment être dans les meilleurs grimpeurs aussi. Donc, on n’a juste pas l’équipe pour ça. »

  • On a eu l’impression cette année que votre statut était hybride entre équipier de luxe et leader sur les courses d’une semaine. C’est quelque chose qui vous plaît, ce mélange sur la saison ?

“Oui, j’aime bien. Une fois que je suis équipier, je prends le job à cœur. Sur les Trois Vallées Varésines, par exemple, j’étais encore une fois présent pour aider les leaders. C’est complètement différent comme course. Forcément, en général, on ne va pas terminer la course. Sur papier, le résultat n’est pas là, mais dans l’équipe, c’est quelque chose qui vaut beaucoup. Mais faire le classement général sur des courses d’une semaine comme en Pologne ou en Hongrie, c’est aussi quelque chose que j’aime bien. Je pense que j’aurai à peu près le même rôle la saison prochaine.”


« J’ai changé mes plans après les classiques et ça s’est directement vu »


  • J’aimerais aussi revenir au Tour de Suisse, où vous étiez bien. Malheureusement, au-delà de la disparition de Gino Mäder, lors des premières étapes, vous sentiez que vous pouviez jouer un rôle sur ce type de courses WorldTour d’un très haut niveau ?

“C’est là que j’ai connu les meilleurs joueurs de ma saison. J’arrivais vraiment à suivre les tout bons, que ce soit Remco (Evenepoel), Kelderman, Uijtdebroeks aussi. Encore une fois, j’ai eu ensuite de la malchance. Je me suis réveillé le matin de la dernière étape, j’avais de la fièvre, je ne savais même plus bouger. J’avais attrapé quelque chose. Mais c’est sûr, je pense qu’en focalisant un peu plus mes objectifs, j’arriverai à tout doucement me rapprocher de plus en plus de la forme que j’avais au Tour de Suisse ou sur d’autres courses.”

  • Dans une précédente interview, vous parliez du fait que vous étiez sorti du printemps très fatigué, que ça avait été compliqué à la sortie de Liège-Bastogne-Liège, et que vous deviez changer des choses concernant les entraînements. Est-ce que vous avez fait des modifications rapides et est-ce que vous voyez déjà des effets par rapport à ces changements ?

“J’ai directement un peu changé ma préparation, en effet. On a parlé avec l’équipe de performance, donc, les soigneurs, les nutritionnistes, etc. J’ai changé des choses. J’ai directement senti une différence au niveau des entraînements. Il faut aussi savoir que j’ai fait beaucoup de stages, notamment d’altitude, au début de l’année. Ça m’a certainement pris beaucoup d’énergie. Et j’ai fait beaucoup de courses aussi, c’est certainement ça. Mais bon, je le voulais. Ce n’est pas quelque chose que je ne contrôlais pas.

Après cela, j’ai changé directement mes plans et ça s’est directement vu en Hongrie. Puis, j’ai fait du Tour de Suisse, Tour de Pologne où j’étais bien. Finalement, sur la Vuelta, je n’étais pas si mal non plus, c’est juste que je suis tombé malade. Je pense que là, j’ai enfin trouvé des bonnes habitudes avec l’équipe pour l’an prochain. »

  • C’est pour ça que vous vouliez prolonger aussi la saison en Italie et en Chine ?

“J’avais vraiment un goût trop peu par rapport au début de la saison. Et je sais que, par exemple en Chine, il y a une belle arrivée en montée. Le classement général va se faire là-dessus, probablement. Donc c’est une belle opportunité pour moi et ça reste une course World Tour. Avant cela, il y a une belle semaine italienne, j’ai pu participer à toutes les belles courses.”

  • Vous avez aussi évoqué durant l’été votre déception de ne pas avoir été sélectionné pour le Tour de France. Est-ce que vous êtes encore déçu aujourd’hui ?

“Non, je suis directement passé au-dessus. C’était difficile sur le moment. Même les jours, les semaines qui suivaient. Mais après, j’ai décidé de me reconcentrer sur d’autres objectifs, avec le Tour de Pologne et la Vuelta notamment. C’est sûr que c’était difficile, mais finalement, je me dis qu’il y a pire que ça. De toute façon, la décision était prise, je n’allais pas me lamenter là-dessus. Le plus important, c’est de rebondir et de montrer que j’aurais pu avoir ma sélection sur d’autres courses.”

  • Quels sont vos objectifs pour 2024 désormais ?

“Je n’en ai pas encore vraiment parlé avec l’équipe, vu qu’on ne connaît pas encore le programme complet de courses. On ne sait pas encore si on va faire le Giro d’Italia ou d’autres courses. Il faudra voir par rapport au programme, mais à mon avis, ça restera encore plus ou moins dans le même genre de courses que cette année.”

  • Dernière question : est-ce que vous avez prévu d’aller voir des matchs NBA cet hiver pour voir votre frère Valentin (NDLR : préparateur physique de l’équipe d’Oklahoma City) ?

“Je viens justement de l’avoir au téléphone. On va aller en voir deux sur deux jours, donc on va le voir un peu en action, si je peux dire ça comme ça. Ca va être chouette, ce seront des vacances qui feront du bien aux États-Unis. Je crois aussi que c’est important de prendre des vacances, de se changer les idées pendant la trêve.”

➡️ Notre interview avec Loïc Vliegen (Intermarché-Circus-Wanty) : “Malchance sur malchance, c’était la plus mauvaise saison de ma carrière”

➡️ Notre interview avec Tom Paquot (Intermarché-Circus-Wanty) : « Je suis vite retombé les pieds sur terre en voyant le niveau en WorldTour »

➡️ Notre interview avec Lionel Taminiaux (Alpecin-Deceuninck) : « Ce n’est pas mon ambition d’être équipier à 100% pour un leader »

 

Total
0
Shares
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Précédent article
L'Italienne Vittoria Bussi après son record de l'heure à Aguascalientes, le 13 octobre 2023. - Photo : UCI/Tania Marquez

Vittoria Bussi s’offre un deuxième record de l’heure et dépasse les 50 kilomètres

Article suivant
Logo - UCI - Union Cycliste Internationale

La communication parcellaire de l’UCI

Articles similaires
Puck Pieterse (Fenix-Deceuninck) porte le maillot blanc de meilleure jeune après la 4e étape du Tour de France Femmes 2024 - Photo : ASO/Charly Lopez

Les néophytes du Tour de France Femmes se confient : « Il y a deux ans, je disais que le Tour était mon plus grand rêve »

L’événement semble installé, bien intégré dans les esprits grâce à l’aura de l’organisation masculine. Le Tour de France Femmes n’en est pourtant qu’à sa troisième édition et reste encore inédit pour bon nombre membres du peloton féminin. Comment les néophytes découvrent-elles cet événement majeur du calendrier ? Quels sont leurs objectifs pour cette première participation ? Rencontre avec six de ces débutantes à l’aube de la troisième étape vers Liège.
Lire plus
Total
0
Share