- Pour débuter, comment est-ce que vous résumeriez cette saison en un mot ou en une phrase ?
“Je dirais le mot apprentissage. C’était ma première saison en WorldTour, ce qui est complètement différent de ce que j’ai pu vivre lors de mes deux premières années en Pro Continental. Et en une phrase, je dirais que je suis content du travail que j’ai fait pour l’équipe, avec laquelle j’ai pu participer à plusieurs victoires sur le planc ollectif. C’est aussi gratifiant de pouvoir participer à des victoires collectives, tout en étant dans la bonne ambiance toute l’année.”
- On évoque souvent votre rôle comme celui de coéquipier, celui qui est toujours là pour aider les autres de l’équipe. Ça reste toujours votre rôle, a priori, pour votre deuxième saison chez Intermarché-Circus-Wanty ?
“C’est vrai que cette année, j’essayais à chaque fois de faire le boulot, et je l’ai fait vraiment. C’est un rôle que j’ai découvert cette année, que je n’avais pas l’année dernière, de travailler pour des grands leaders. Et c’est vrai que je suis vraiment plus dans ce rôle-là, tout en pouvant progresser aussi, parce que presque la moitié de mon programme cette année a été sur du WorldTour. C’était un peu une découverte permanente. Et cette année, je vois dans mes records de puissance que je me suis amélioré. Pourquoi pas garder ce rôle-là l’année prochaine parce que je m’y plais. Et si je peux avoir aussi une opportunité à gauche, à droite, sur des plus petites courses. C’est vrai que c’est toujours chouette de pouvoir faire une finale perso aussi. Maintenant, je sais qu’on a une très forte équipe et une très jeune équipe aussi, donc ça va aller en s’améliorant dans les années futures, j’en suis sûr.”
“Je pense qu’à l’avenir, je serai juste équipier sur du WorldTour”
- J’imagine que c’est ça, l’équilibre difficile à trouver, entre l’apprentissage sur les courses WorldTour et l’envie d’aller chercher un résultat sur des plus petites courses, pour réussir à trouver un certain équilibre dans le calendrier.
“Oui, c’est ça. En débutant la saison, j’avais beaucoup d’ambition sur cette année. Puis je suis vite retombé les pieds sur terre en voyant le niveau en WorldTour, j’étais vraiment assez impressionné. Bon, je viens d’avoir 24 ans, c’est ma troisième saison pro, donc c’est bien au final d’avoir pu faire cette année au service de l’équipe, d’avoir appris aussi beaucoup sur les tactiques de course ou en dehors de la course. J’ai eu beaucoup de conseils, notamment avec Rein Taaramäe, avec qui j’ai passé beaucoup de temps. Cela m’a permis aussi d’apprendre quelques notions sur le WorldTour. Donc, c’est avec de l’ambition que je démarrerai 2024. Et avec tout l’apprentissage que j’ai pu avoir cette année, pourquoi pas essayer quelque chose l’année prochaine ? Mais voilà, on verra. En tout cas, je serai là quand l’équipe me demandera de faire quelque chose comme j’ai pu le faire cette année.”
- Quand on parle de différences sur le WorldTour, qu’en est-il principalement ? Il y a des stratégies quand même différentes qui se mettent en place, il y a une certaine prudence de la part de certaines équipes sur ces courses pour essayer d’engranger le maximum de points ?
“Oui, c’est ça. Puis sur du WorldTour, ça roule vraiment beaucoup plus vite. J’étais impressionné par ça. Maintenant, il y a beaucoup plus de pression aussi, notamment avec les points qui vont avec. Je pense qu’à l’avenir, je serai juste équipier sur du WorldTour. Mais c’est vraiment chouette de pouvoir participer à ces courses-là parce que ça permet aussi de gonfler le moteur. Cela, pour arriver sur des courses ProSeries, .1, où je sens qu’on peut vraiment être acteur de la course.”
- En début de saison, dans une précédente interviews, vous évoquiez le fait qu’il s’agissait en 2023 d’une année décisive. Était-ce le cas malgré l’absence de succès ?
“C’est vrai qu’au final, cette année m’a aussi permis de me faire à l’idée que sur le WorldTour, je peux faire un bon travail en tant qu’équipier. En ayant passé une trentaine de jours sur du WorldTour cette année, j’ai vite compris que ma marge de progression est encore là. Je l’ai encore vu cette année, je me suis amélioré sur mes tests à l’effort. Maintenant, je suis réaliste sur le fait que jouer une victoire sur du WorldTour – j’espère que ça arrivera un jour, mais si ça arrive un jour, ce sera dû aussi à un peu de chance. Mais dans le futur, l’objectif, ce sera surtout essayer d’être consistant toute l’année et être là pour l’équipe un maximum de fois.”
- Est-ce qu’un autre cap à franchir, ce serait d’aller sur un Grand Tour en 2024 ?
“Oui, ça, c’est vraiment quelque chose que j’espère, participer à mon premier Grand Tour l’année prochaine. Cette année, j’ai fait énormément… Bon, restons raisonnables, mais j’ai fait beaucoup de tours d’une semaine en World Tour. J’ai fait l’UAE Tour, j’ai fait le Tour du Pays Basque, j’ai fait le Criterium du Dauphiné. Ce sont des courses d’une semaine en WorldTour qui normalement étaient préparatoires en vue d’un Grand Tour l’année prochaine. J’espère que ça se concrétisera. Maintenant, on ne sait jamais de quoi est fait l’avenir, mais c’est vrai que j’aimerais participer à ma première course de trois semaines l’année prochaine.”
“Je pense qu’en 2023, le cyclisme est un peu devenu la Formule 1 avec le développement des vélos”
- Au niveau de l’encadrement aussi, j’imagine que ça a été un grand changement entre Bingoal et Intermarché, entre le niveau ProTeam et le WorldTour, que ce soit au niveau des entraînements, des préparations, etc.
“Franchement, j’étais très étonné de la différence. J’ai eu la chance de pouvoir garder mon entraîneur de chez Bingoal, Christophe Prémont, qui m’a suivi sans le faire exprès d’ailleurs, chez Intermarché. On a vraiment une belle relation entre nous deux. Ca facilite vraiment tout en question d’entraînement. Tout est calculé avec les diététiciens qui sont présents sur les courses, qui regardent vraiment à tout sur le suivi nutritionnel. Et puis, au niveau matériel aussi, il n’y a rien à faire. Ce n’est pas pour critiquer une marque ou l’autre, mais j’imagine que vous, si vous travaillez en 2023 sur des Windows 8, ça prendra plus de temps d’écrire un article que sur des Windows 11. Je compare ça un peu avec le vélo aussi. Il faut vivre avec son temps. Je pense qu’en 2023, le cyclisme est un peu devenu la Formule 1 avec le développement des vélos. Donc pour ça, on a vraiment de la chance avec Cube et Shimano. On a vraiment une belle recherche et développement de ce côté-là. Pour le matériel, c’est vraiment top. Et puis niveau programme, moi qui suis équipier dans l’équipe, je suis au final presque assuré à 90% de connaître mon programme à l’année. Et je ne pense pas que beaucoup d’équipes peuvent revendiquer ça. Donc je suis vraiment très content de ça, en étant coureur lambda dans l’équipe, de pouvoir être presque sûr de mon programme. Pour se fixer des objectifs, ça rejoint l’entraînement. On peut vraiment travailler sur de longues périodes en sachant quelles sont les courses importantes.
- Cette année était la première de la prochaine période cruciale pour les licences sportives, donc il y a peut-être un peu moins de pression. Au niveau des points, vous ressentez encore cette pression-là ? Est-ce que pour 2024, vous vous dites qu’il faudrait quand même aller chercher des points pour pouvoir assurer potentiellement un contrat par la suite ? Ou est-ce que vous allez surtout faire un travail d’équipier et prouver qu’en tant qu’équipier, vous pouvez rapporter gros à l’équipe ?
“On espère toujours faire des points parce que c’est du win-win au final. C’est du win pour soi, c’est du win pour l’équipe. Maintenant, c’est vrai que c’est compliqué de pouvoir protéger un leader pendant toute la course et d’être présent pour marquer des points. C’est un équilibre à trouver. Maintenant, j’espère que l’année prochaine, je pourrai aussi faire quelques finales dans des courses de catégorie .1 ou .Pro et pourquoi pas essayer de ramener des points à l’équipe. Personnellement, ça me ferait plaisir. Ça ferait plaisir à l’équipe aussi. Maintenant, il faut toujours faire la balance, pouvoir prendre quelques points sur des plus petites courses et essayer d’économiser les leaders sur les grosses courses pour qu’eux ramènent de plus gros points à l’équipe. C’est le plus important.”
“C’est étonnant pour moi qui n’aime pas trop les bordures, mais à chaque fois qu’il y en a eu cette année, j’étais dans la bonne”
- Est-ce que cette saison, vos préférences ont évolué en termes de courses ? On sait que vous êtes plutôt puncheur, que vous aimez les courses un peu vallonnées. Est-ce que ça reste toujours dans vos préférences ou justement, le fait de les découvrir dans le peloton World Tour, ça a un peu affiné vos préférences ?
“Oui, ça reste les courses sur lesquelles je suis le plus heureux de prendre le départ. Maintenant, cette année, j’ai eu un peu l’occasion de tout faire. Je vois qu’en positionnement aussi, dans les bordures, ça ne va pas trop mal. C’est étonnant pour moi qui n’aime pas trop les bordures, mais à chaque fois qu’il y en a eu cette année, j’étais dans la bonne. Donc, il faut croire que ça doit pas mal marcher. Mais sinon, tout type de terrain me plaît. Je trouve toujours un rôle à avoir sur tout type de course. J’ai une préférence pour les courses avec du dénivelé, c’est sûr mais le calendrier me convient parfaitement.”
- Même quand vous devez faire 120 km en tête de peloton pour ramener sur des échappées ?
“Oui, c’est la première fois que j’expérimentais cela. Je l’ai fait quelques fois cette année. C’est vrai que c’est aussi un boulot un peu sympa. Vous allez me dire que je suis sado, mais franchement, ce n’est pas trop mal. C’est cool de faire ça aussi de temps en temps. J’espère ne pas le faire toute l’année, parce que ça fatigue quand même énormément. Mais de temps en temps, ça fait plaisir une bonne journée comme ça.”
- Sur un plus long terme, quel est votre principal objectif pour la suite de votre carrière ?
“Comme je l’ai dit, j’aimerais bien pouvoir faire une carrière d’équipier sur du World Tour, toujours en gardant cette marge de progression, voir jusqu’où je peux aller. Parce que je sens qu’avec les années, ça ira de mieux en mieux. Donc voir jusqu’où je peux aller dans le WorldTour. Chaque coureur rêve de victoire. Ce sera aussi de gagner sur des courses. Je sais qu’en mai, souvent, je ne suis pas trop mal. En été aussi, il y a des belles courses aussi qui me conviennent. Cette année, on n’a malheureusement pas pu participer au Tour du Finistère ou aux Boucles de l’Aulne. Ce sont des courses comme ça qui me conviennent. Sur des plus petites courses, des Coupes de France, ou des .1 ou .Pro en Belgique. Ou encore viser une étape dans une échappée. C’est vrai que je n’ai pas gagné une course. Mais chaque chose en son temps. Je vois que la progression est là. Donc step by step et sans brûler d’étape.”