Qui succèdera à Jasper Stuyven sur la célèbre Via Roma ? Les puncheurs semblent avoir pris le pouvoir sur une classique traditionnellement taillée pour les sprinters. La donne a changé sur la côte italienne : les coureurs les plus explosifs peuvent faire trembler les plus véloces du peloton. Au plus grand plaisir des spectateurs.
Le parcours
115 ans après sa première édition, l’organisation de Milan-Sanremo parvient encore à innover. Pour la première fois de son histoire, la classique italienne démarrera depuis le vélodrome extérieur de Maspes-Vigorelli, au nord de Milan. Ce vélodrome avait accueilli par le passé des étapes du Tour d’Italie, le départ et l’arrivée du Tour de Lombardie ou encore les fameux Six Jours de Milan. Les coureurs se présenteront au public dans cette enceinte sportive mythique de la capitale lombarde avant un départ en cortège dans les rues de Milan, sur une dizaine de kilomètres. La classique démarrera officiellement sur la via della Chiesa Rossa pour 293 kilomètres vers la côte ligurienne. Pour près de sept heures de course. Voire un peu moins vu le vent favorable qui s’annonce tout au long de la journée.
Le tracé prévu cette saison sera traditionnel via Pavia et Tortona, sur des larges routes qui ne sont pas forcément favorables aux attaquants. Le peloton affrontera au bout de plus de 100 kilomètres la longue montée du Passo del Turchino, col mythique de la Classicissima qui avait été évité en 2020 et 2021 en raison de dissensions entre l’organisation et les communes de la côte. Cette longue ascension de 25 kilomètres à 2% de moyenne ne devrait toutefois pas perturber les habitudes des favoris. Même si certains estiment que ce premier col pourrait donner des idées à des attaquants audacieux. Mais il restera tout de même plus de 150 kilomètres de course au sommet du point culminant de cette classique. Et avec un peloton encore frais aux trousses, il sera difficile de s’échapper sur ces pentes.
Les plus explosifs attendront plutôt le traditionnel enchaînement des petites collines à l’approche de Sanremo. Dans les 50 derniers kilomètres, cinq côtes s’annoncent, mais avec des pentes bien différentes. Le Capo Melle et le Capo Cervo, les deux premiers Capi, ne dépassent pas les 5% et serviront surtout à user les sprinters les moins costauds. Avant les principaux juges de paix de Milan-Sanremo. D’abord le Capo Berta et ses 7% de moyenne qui donneront des idées aux attaquants. Avant la Cipressa, la plus longue ascension de ce final avec ses passages à 7%, qui pourront aider les puncheurs-rouleurs à faire la différence. Et dans les 10 derniers kilomètres, place au terrible Poggio, une ascension aux pourcentages qui ne semblent pas insupportables. Mais la haute vitesse qui s’annonce, les six heures précédentes de course et les routes sinueuses jusqu’au bas de Sanremo rendront cette côte finale décisive. Ces cinq dernières saisons, les puncheurs ont profité de ces dernières pentes, que ce soit en montée ou en descente, pour jouer la victoire. Les sprinters sont prévenus… Sinon, ils pourront se préparer à l’ultime ligne droite de 750 mètres, sur la fameuse Via Roma.
Départ fictif : 9h50 depuis le vélodrome Maspes-Vigorelli à Milan
Départ réel : 10h00 sur la via della Chiesa Rossa à Milan, après 9,8 kilomètres en cortège
Distance : 293 kilomètres
Les difficultés du jour :
Km 142,9 – Côte 1 : Passo del Turchino (2,4 km à 5,4% de moyenne) – Passage vers 13h39
Km 241,5 – Côte 2 : Capo Melle (2 km à 3,7%) – Passage vers 15h52
Km 246,4 – Côte 3 : Capo Cervo (1,2 km à 3,7%) – Passage vers 15h59
Km 254,2 – Côte 4 : Capo Berta (1,7 km à 7%) – Passage vers 16h11
Km 271,4 – Côte 5 : Cipressa (5,6 km à 4,1%) – Passage vers 16h40
Km 287,5 – Côte 6 : Poggio di Sanremo (3,7 km à 3,7%) – Passage vers 17h02
Arrivée : entre 16h49 et 17h30 sur la via Roma à Sanremo
La carte et les profils de l’épreuve :
Les favoris
Par son histoire récente, Milan-Sanremo est largement considérée comme une classique pour sprinters. Malgré les 300 kilomètres à affronter et l’enchaînement des buttes liguriennes, les coureurs les plus véloces ont l’avantage du nombre dans le peloton et profitent d’un travail collectif qui annihile les offensives audacieuses. Et pourtant, ces cinq dernières saisons, ce sont bien des attaquants sortis dans le Poggio ou sa descente qui sont arrivés en vainqueur sur la Via Roma. Les sprinters et leurs équipiers ont été poussés dans leurs retranchements, empêchés de suivre le rythme des puncheurs dans ces finales explosives. Il n’est dès lors pas étonnant qu’en cette nouvelle saison, les principaux favoris de Milan-Sanremo s’annoncent hors de la catégorie des sprinters.
C’est même un grimpeur qui obtient les faveurs des observateurs vu ses récents résultats. Vainqueur de l’UAE Tour, du Strade Bianche (au bout d’un effort en solitaire de 50 kilomètres) et de Tirreno-Adriatico, le Slovène Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) semble dans une telle condition qu’une victoire en solitaire sur de telles routes semble réaliste. L’idée paraît absurde par rapport à l’histoire contemporaine de la Classicissima. Mais depuis le début de la saison, « Pogi », rouleur-grimpeur, enchaîne les performances exceptionnelles. Restons toutefois réalistes : avec les nombreux sprinters qui s’annoncent au départ de Milan-Sanremo et le nombre d’équipes qui ont une raison d’enchaîner les relais en tête de peloton pour arriver en groupe sur la Via Roma, Pogacar aura bien plus de difficultés à s’isoler, du moins à plus de 10 kilomètres de l’arrivée. Pogacar a l’explosivité pour faire la différence dans les ultimes ascensions de l’épreuve et il dispose en prime de l’ancien champion d’Europe Matteo Trentin ou du puncheur italien Alessandro Covi pour surprendre les autres favoris du jour.
Vainqueur du Circuit Het Nieuwsblad et du contre-la-montre de Paris-Nice, le champion de Belgique Wout van Aert (Jumbo-Visma) aura également un statut de large favori sur cette classique qu’il a déjà remporté en puncheur en 2020. Sa performance sur l’ultime étape de Paris-Nice, en soutien sans faille du Slovène Primoz Roglic, confirme sa grande condition et son choix de mieux sélectionner ses objectifs du printemps. Avec son équipe habituelle de classicmen à ses côtés, notamment les nouveaux arrivés Tosh Van der Sande et Christophe Laporte, Van Aert a un collectif parfait pour rêver d’un second succès. Même si son explosivité a moins fait parler lors de Paris-Nice. Et dans la Cipressa ou le Poggio, cela comptera.
Tenant du titre, Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) revient en terres italiennes avec un rôle d’outsider. Le Louvaniste sait qu’il ne pourra pas réitérer la même surprise que l’an dernier. Il tient toutefois une forme qui peut lui permettre de suivre les meilleurs dans ce final. (Jasper Stuyven déclare finalement forfait, malade. Il cède sa place à l’ex-champion du monde Mads Pedersen). Là où l’Australien Caleb Ewan (Lotto-Soudal) aura un statut plus en vue : sprinter déjà victorieux en ce début de saison, notamment sur une étape exigeante de Tirreno-Adriatico, il a prouvé l’an dernier qu’il pouvait suivre la roue des meilleurs puncheurs dans le final vallonné de Milan-Sanremo. Encore lui faudra-t-il se faire oublier dans les derniers kilomètres s’il espère tromper ses rivaux. (Caleb Ewan est également malade et a déclaré forfait ce vendredi)
Sprinter le plus prolifique de ce début de saison, le Néerlandais Fabio Jakobsen (Quick Step-Alpha Vinyl) reste une surprise sur cette liste des partants. Même le manager de son équipe, Patrick Lefevere, estimait qu’avec la forme actuelle des Jumbo-Visma et UAE Team Emirates, il serait difficile pour un pur sprinter comme Jakobsen de briller cette saison. Pourtant, le voici au départ. La faute à une bronchite qui prive le champion du monde et ex-vainqueur Julian Alaphilippe d’une participation à la Classicissima. Voici donc son équipier néerlandais propulsé parmi les favoris, avec l’Italien Davide Ballerini en soutien. (Davide Ballerini est malade et remplacé par Rémi Cavagna). Un collectif entre sprinters et puncheurs à l’image des INEOS Grenadiers qui présenteront pour leur part Elia Viviani, moins en verve sur Tirreno-Adriatico, en tant que sprinter protégé et Tom Pidcock comme puncheur qui peut bouleverser le peloton dans les derniers kilomètres. Alors que la surprise du chef sera Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix), qui reprend sa saison sur route ce samedi sur Milan-Sanremo après trois mois d’absence en raison de maux de dos qui ont miné son hiver de cyclo-cross. Il s’estime à 90% de sa forme et espère être dans le final sur cette course la plus longue de la saison.
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Comme annoncé ci-dessus, les sprinters restent toutefois nombreux à rêver d’un succès sur la Via Roma, ce qui risque de mener à une belle bagarre en tête de peloton. Déjà vainqueur en 2014, le Norvégien Alexander Kristoff (Intermarché-Wanty-Gobert), troisième de Milan-Turin, tient une forme qui peut lui permettre de jouer les premiers rôles ce samedi. Alors que le Belge Jasper Philipsen (Alpecin-Fenix), vainqueur de deux étapes au sprint sur l’UAE Tour, estime qu’il est dans une condition telle qu’il ne peut être lâché dans le Poggio. Pour sa deuxième participation, voilà qui est ambitieux ! Le Français Bryan Coquard (Cofidis), encore récent deuxième d’étape sur Paris-Nice, est le type de sprinter qui peut justement franchir ces collines sans grande difficulté. Il lui faut toutefois afficher une pointe de vitesse plus importante pour triompher dans les rues de Sanremo.
Cette pointe de vitesse, Nacer Bouhanni (Arkéa-Samsic) l’a déjà montrée cette semaine avec sa deuxième place sur Milan-Turin. Il devra toutefois résister à l’enchaînement des côtes dans le final. De même pour son compatriote Arnaud Démare (Groupama-FDJ), reconnu pour son sprint mais qui apparaît dans une forme moindre par rapport à l’année de son premier succès à Sanremo, en 2016. L’Italien Giacomo Nizzolo (Israel-Premier Tech) espèrera réaliser la surprise du chef sur la Via Roma, tout comme l’Australien Michael Matthews (BikeExchange-Jayco), soit deux sprinters qui savent franchir les bosses. L’Irlandais Sam Bennett (Bora-Hansgrohe) est moins connu pour ses qualités, mais il est un sprinter à surveiller ce samedi (Sam Bennett est également absent, malade en raison d’un refroidissement). Le Slovaque Peter Sagan (TotalÉnergies) et le Danois Søren Kragh Andersen (Team DSM) sont également à citer parmi les outsiders avec Gianni Moscon (Astana Qazaqstan Team) ou Andrea Vendrame (Ag2r Citroën Team).
La liste des partants : cliquez ici pour découvrir la liste provisoire des partants
Le palmarès :
2012 Simon Gerrans (Aus)
2013 Gerald Ciolek (All)
2014 Alexander Kristoff (Nor)
2015 John Degenkolb (All)
2016 Arnaud Démare (Fra)
2017 Michal Kwiatkowski (Pol)
2018 Vincenzo Nibali (Ita)
2019 Julian Alaphilippe (Fra)
2020 Wout van Aert (BEL)
2021 Jasper Stuyven (BEL)
La météo
Le ciel s’annonce nuageux avec des éclaircies en matinée puis un temps plus nuageux au fil de la journée, les températures seront comprises entre 11 et 14°C, le vent soufflera d’est à nord-est entre 10 et 20 km/h en matinée puis entre 30 et 40 km/h dans l’après-midi.
Le programme TV
- En direct dès 12h40 sur Tipik puis dès 13h40 sur La Une, puis en direct dès 12h40 sur RTBF Auvio avec les commentaires de Rodrigo Beenkens et Cyril Saugrain
- En direct dès 9h30 sur Eurosport 2, Eurosport Player et GCN+ avec les commentaires de Guillaume Di Grazia, Jacky DUrand et Steve Chainel
- En direct dès 13h35 sur VTM avec les commentaires de Michel Wuyts
- En direct dès 14h00 sur Rai Due
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