Un nouveau Tour de France féminin s’annonce bien pour 2022

L’annonce était dans l’air depuis deux ans : le Tour de France féminin fera son retour en 2022, après le Tour de France masculin.
Peloton féminin - Flèche Wallonne féminine 2021 - ASO Gautier Demouveaux

L’annonce était dans l’air depuis deux ans, elle se confirme enfin par la voix de Christian Prudhomme, directeur du cyclisme chez Amaury Sport Organisation (ASO) : le Tour de France féminin fera son retour en 2022, après le Tour de France masculin.

Organisé en marge du Tour de France masculin durant cinq saisons, entre 1984 et 1989, le Tour de France féminin avait disparu des radars pour faire place à un Tour de la Communauté européenne, qui s’est tenu jusqu’en 1993, et une Grande Boucle féminine qui a toutefois disparu en 2009, faute de sponsors. Depuis lors, le peloton féminin et ses principaux observateurs n’ont cessé de réclamer le retour de ce Tour féminin. Les principales organisations de courses masculines ont depuis une dizaine d’années mis en route des nouvelles épreuves féminines, et ASO apparaissait comme l’une des dernières sociétés à poursuivre ce travail sur ses principales courses. Pendant que Flanders Classics a mené une grande campagne destinée à la promotion du cyclisme féminin via une couverture de ses courses en direct, ASO était pointé du doigt pour sa diffusion très légère des classiques ardennaises et sa décision de ne proposer qu’une course d’un jour (La Course) comme pendant féminin du Tour de France.

Cela semble enfin changer ces dernières années. Depuis l’an dernier, les éditions féminines de la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège disposent enfin d’une couverture télévisée en direct, alors que des bruits de couloir concernant l’organisation d’un Tour de France féminin en plusieurs étapes se faisaient de plus en plus importants. Ces rumeurs ont finalement été officialisées ce mardi, via une interview de Christian Prudhomme dans le quotidien britannique The Guardian. « Le Tour de France féminin aura lieu l’an prochain, c’est certain », a-t-il confirmé. « Il devait avoir lieu cette année s’il n’y avait pas eu la pandémie de Covid-19, et surtout si les Jeux Olympiques de Tokyo n’avaient pas lieu après le Tour de France », précise le directeur du cyclisme d’ASO, ajoutant que ces JO auraient mené à un peloton moins intéressant au départ.

« Le manque d’équilibre économique »

Christian Prudhomme indique encore que ce Tour de France féminin se déroulera après son équivalent masculin, donc fin juillet-début août. Aucun détail sur le futur parcours, sa longueur ou les dates exactes n’a été confirmé. Ces informations devraient être dévoilées en octobre, à l’occasion de la traditionnelle présentation du parcours du prochain Tour de France, organisée à la mi-octobre.

Pourquoi avoir attendu près de trente ans avant la mise en place de ce Tour féminin ? Christian Prudhomme estime que ce sont avant tout pour des questions financières. « Il y a une raison pour laquelle cette course n’a duré que six ans, à savoir le manque d’équilibre économique. Ce que nous voulons, c’est organiser une course qui tienne la route et qui résiste à l’épreuve du temps. Cela signifie que l’épreuve ne peut pas perdre d’argent », explique-t-il dans The Guardian. « Aujourd’hui, toutes les courses que nous organisons nous font perdre de l’argent. (…) Si cela nous rapporte de l’argent, c’est bien, mais il ne faut pas en perdre, sinon cela va se terminer comme le Tour féminin dans les années 80 et cela va disparaître ».

« Un investissement »

Une phrase qui a surpris bon nombre d’observateurs, notamment sur les intentions d’ASO. Tomas Van den Spiegel, CEO de Flanders Classics, principal organisateur des courses flandriennes, a répondu à la question de savoir si les courses féminines de Flanders Classics faisaient également perdre de l’argent. « Nous croyons au cyclisme féminin, donc au lieu de dire que cela fait perdre de l’argent, je préfère appeler cela un investissement. Nous sommes tout près du point où les diffuseurs et les sponsors veulent aider le cyclisme féminin. Nous devons tous continuer le bon travail », a-t-il confié sur Twitter.

Christian Prudhomme se veut malgré tout optimiste pour l’avenir de cette nouvelle épreuve : « Le défi consiste à mettre en place une course qui puisse vivre pendant 100 ans. C’est pourquoi nous voulons qu’elle suive le Tour de France masculin, afin que la majorité des chaînes qui diffusent cette course masculine la couvre également », indique-t-il. Avant d’ajouter, concernant le parcours : « Le cyclisme féminin a un très haut niveau, mais il est plus disparate. (…) Pour organiser une course féminine, vous n’avez pas besoin de 50 montées hyper raides, vous pouvez réaliser un tracé plus naturel que chez les hommes ».

Il faudra donc attendre le mois d’octobre pour obtenir plus de précisions quant à cette nouvelle épreuve, qui devrait être complémentaire à La Course by le Tour de France en place depuis 2014. Mais ce Tour de France féminin s’annonce a priori comme une bonne nouvelle pour le peloton féminin, qui comptait jusqu’à présent sur le Giro Rosa, l’officieux Tour d’Italie féminin disputé sur dix étapes, pour disputer une course par étapes d’un niveau plus élevé. Un deuxième Grand Tour ne pourra qu’améliorer le niveau général de ce peloton.

Photo : ASO/Gautier Demouveaux

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