NDLR : cette interview a été réalisée avant l’annonce officielle du transfert de Loïc Vliegen pour deux saisons chez Bingoal WB.
- Comment résumeriez-vous cette saison en un mot ou en une phrase ?
“La plus mauvaise. Elle avait bien commencé les deux premières semaines, mais après, j’ai enchaîné tous les problèmes de santé, des chutes. À chaque fois à des moments importants. C’est ce qui a fait que j’ai connu la plus mauvaise saison de mes 10 années professionnelles.”
- Votre contamination au Covid-19, en début de saison, a été le déclencheur de cette mauvaise saison ?
“Comme je le disais, les deux premières semaines ont été bonnes puis j’ai eu le Covid-19 et j’ai eu du mal à récupérer au printemps. J’ai repris à Dunkerque, en mai, où j’avais bien retrouvé des bonnes sensations. À Dunkerque, ça s’est joué sur le contre-la-montre et les sprints, mais je pouvais voir que j’avais la bonne patte, donc j’étais content. Et puis, est venue un peu la période allergique et cette année, c’était vraiment assez dur, assez rude. Donc voilà, ça nous a mené à fin mai et au mois de juin, assez compliqué. Je suis allé chercher une sixième place sur le Circuit du Hageland. J’ai vraiment eu des difficultés malgré tout, j’ai été touché par des crises d’asthme à cause de ces allergies.”
- Est-ce qu’il y a un traitement possible pour faire face à ces allergies ?
“Oui, on connaît le problème. Et il y a quand même beaucoup de coureurs qui sont allergiques. À mon avis, ça fait presque douze ou treize ans que je suis allergique maintenant. J’avais fait pendant plusieurs années une désensibilisation médicamenteuse, donc prendre des médicaments pour essayer de désensibiliser. Ça s’était plutôt bien passé. C’était déjà il y a déjà six ou sept ans.
Après cette désensibilisation, ça allait beaucoup mieux durant quelques années. Le but, c’est de recommencer ce traitement-là où j’avais eu des bons effets. Mais mis à part ça, on ne peut pas vraiment se soigner malheureusement. Donc, on doit faire avec ce qu’on peut prendre. Tout ce qui est antihistaminique, etc.
Déjà pour une personne normale, vivre avec des allergies, c’est embêtant. Mais quand tu dois faire du sport de haut niveau et des intensités très hautes, c’est compliqué. D’une course à l’autre, ça change. Des fois, c’est plus fort, des fois, c’est moins fort et des fois, tu passes au travers.”
« 2022 était l’une de mes meilleures saisons, j’espérais rester sur cette lancée »
- Est-ce que vous avez ressenti un mieux durant l’été ?
“Non, l’été, ça allait. Après la période allergique la plus forte, je suis parti à Livigno. La préparation là-bas s’est bien passée, car toutes les allergies ne sont pas vraiment ressenties en altitude. Je suis revenu au Tour de Wallonie avec des bonnes sensations. Mais l’épreuve, cette année, était un peu spéciale, comparée à toutes les éditions que j’ai faites précédemment. On a eu quatre sprints et un contre-la-montre. Ça n’a pas été évident. Et puis, de nouveau, j’ai eu un mois sans course. Après, ça nous a ramené tout près de la fin de saison.”
- Est-ce que la saison difficile qu’a également connue Biniam Girmay a eu un impact sur votre saison ?
“Ce sont surtout les problèmes de santé qui m’ont affecté, ainsi qu’une ou deux chutes qui sont tombées vraiment au mauvais moment. Des fois, on pense qu’on n’a que des points de suture au coude, qu’il n’y a rien de cassé. Mais tu traînes quand même ça deux ou trois semaines et tu t’entraînes moins bien. Tu dors moins bien. Donc, ça se répercute sur les performances. Et c’est sûr que Biniam n’a pas eu sa meilleure année non plus. Pratiquement sur chaque course, j’étais désigné pour travailler pour lui. Je pense que la principale cause de mes mauvaises performances, c’était de mon côté cette année. Je n’ai quand même pas été très chanceux à ce niveau-là.
- Dans une précédente interview, vous disiez « je ne suis pas forcément fait pour les courses de trois semaines ». Est-ce que vous aviez demandé cette année de ne pas en disputer ?
“Oui, c’était une demande de ma part de ne pas forcément en faire un cette saison. S’il fallait en faire un, j’allais le disputer, mais ce n’était pas vraiment dans mes ambitions. On est parti sur ça donc : un programme sans Grand Tour. Que ce soit pendant le Tour, le Giro ou la Vuelta, j’ai plus de cartes à jouer sur les autres courses que sur un Grand Tour.”
- Pour 2023, l’objectif était-il toujours d’être un équipier de luxe et de pouvoir faire des résultats sur les autres courses, comme au Hageland par exemple ?
“Oui. Je vais dire que 2022 était certainement l’une de mes meilleures saisons. J’espérais bien continuer sur cette lancée-là, mais ça ne s’est pas déroulé comme ça cette année. Comme je l’ai dit, je pense que j’avais vraiment passé un bon hiver et que j’étais prêt pour bien performer dès le début de saison. À Valence, je m’étais assez surpris parce que des fois, ce n’étaient pas des étapes qui me convenaient. Il y avait vraiment un bon niveau mondial dans les grimpeurs et s’il restait une trentaine de coureurs dans le peloton, j’étais toujours avec, donc ça montrait que j’étais vraiment bien. Et puis directement après, c’était le Tour de Murcie, où je sentais déjà un peu des symptômes. Je n’étais pas bien sur le vélo tout au long de la journée, mais je fais quand même 8e. Et puis à Jaén, deux jours après, où j’avais fait 3e l’année passée, j’allais avec des ambitions. J’ai disputé la course et ça n’allait pas du tout, et là, j’ai découvert que j’étais positif au Covid-19. J’ai mieux compris pourquoi ça n’allait pas, mais c’était un peu dommage parce que je pense qu’avec la forme que j’avais à Valence, Murcie et Jaén, c’était déjà deux belles courses où j’aurais pu aller chercher quelque chose et bien lancer ma saison.”
« Il y a une pression plus forte (pour les points) »
- Est-ce que le fait d’être en fin de contrat a rajouté une pression supplémentaire ?
“C’est sûr que ça a été une année compliquée à ce niveau-là aussi. Forcément, rester concentré sur son travail et être libre dans sa tête, c’est quand même une des principales choses pour bien performer. Cette année, ça n’a pas été le cas non plus. Ça ne m’a pas aidé. C’est un plus qui a fait que cette année, ça n’a pas été, et de loin, ma meilleure saison.”
- Quelles sont vos ambitions pour ces prochaines saisons ? Que ce soit chez Intermarché-Circus-Wanty ou une autre équipe.
“De nouveau retrouver la condition. D’abord prendre du repos durant l’hiver et bien préparer 2024. Et de nouveau avec des ambitions qui sont réalisables et réalistes pour mes compétences. C’est sûr, je sais très bien que je ne gagnerai jamais une grande course. Peut-être sur des courses un peu inférieures, j’aurai des possibilités. Maintenant, toutes les courses sont de haut niveau. Mais j’aimerais essayer de sortir mon épingle du jeu. Déjà essayer de retrouver la victoire et de retrouver les podiums.
- Est-ce que vous avez encore un objectif malgré tout cette saison sur la Japan Cup ?
“On ne sait pas trop. Je ne suis pas au top de ma forme pour le moment et on m’a déjà retiré de la Famenne Ardenne Classic et Binche-Chimay-Binche, car j’étais un peu malde. Pour le Japon, j’espère pouvoir me ré-entraîner quelques jours et pouvoir encore disputer cette course-là.”
- L’objectif sera plutôt 2024, on va dire ?
“Oui, je pense qu’il faut être réaliste. La saison est pratiquement terminée. Et je la termine comme elle a commencé, avec un peu de malchance. C’est de nouveau un peu recourir après la forme.”
- Est-ce que vous ressentez du changement dans le peloton par rapport à la course aux points et aux licences ?
“C’est sûr qu’il y a une pression plus forte. Aussi, pour aller se battre pour la 20e place. Si je prends un exemple, si le peloton se coupe en quatre morceaux à 50 km de l’arrivée, le deuxième et le troisième peloton continuent à se battre pour rester dans le top 20, top 30. Car chaque point compte. À la fin de la saison, si en tant qu’équipe, tu ne te bats pas pour les 15-20 points qu’il est possible d’aller chercher en plus, sur 150-200 jours de course sur l’année, ça fait pas mal de points en plus. C’est sûr que le niveau est relevé sur cet aspect-là.”