Les difficultés du cyclisme britannique confirment la précarité de ce sport

Le Britannique Tao Geoghegan Hart a adressé une lettre ouverte s’inquiétant des difficultés économiques du cyclisme britannique. Mais ces problèmes ne sont pas isolés au Royaume-Uni.
114a edizione Milano-Sanremo
Le peloton sur la 114e édition de Milan-Sanremo, le 18 mars 2023 – Photo : RCS Sport/Fabio Ferrari/LaPresse

Le 17 mars dernier, le vainqueur du Tour d’Italie 2020 Tao Geoghegan Hart a publié sur Twitter une suite de plusieurs messages, une sorte de lettre ouverte concernant le cyclisme britannique. Et plus précisément du soutien envers le cyclisme britannique, que ce soit au niveau amateur ou professionnel. « Le sport cycliste au Royaume-Uni est à un point bas que je n’ai pas vu de mon existence. Excepté la plus connue, il n’y a aucune équipe professionnelle masculine ou féminine. Il n’y a presque plus de courses pros et celles qui existent font face à de lourdes difficultés en raison du Brexit. Il n’y a quasiment plus de scène nationale. En plus, les rayons des magasins de cycles sont vides, les routes sont toujours plus dangereuses et le sport devient de moins en moins accessible en raison de coûts divers comme les frais d’inscription, les équipements et le manque d’opportunités pour rouler grâce au soutien d’équipes bien installées », explique-t-il sans fard.

Cette lettre ouverte a été publiée par Tao Geoghegan Hart suite à l’annonce de la disparition avec effet direct de l’équipe continentale britannique AT85 Pro Cycling, à peine deux mois après le début de la saison. « Personne ne semble y prêter attention », se désole le sociétaire de l’équipe INEOS Grenadiers, dernière formation britannique du peloton professionnel, soutenue principalement par un milliardaire désireux de construire une galaxie sportive autour du nom de son entreprise. Cette lettre ouverte confirme l’inquiétude grandissante autour des cyclistes en Grande-Bretagne. Car la disparition d’AT85 Pro Cycling n’est pas la seule nouvelle qui marque les pelotons outre-Manche.

En février, l’organisation des Tour Series, cette série de critériums très populaires depuis 2009 en Grande-Bretagne, annonçait qu’elle devait renoncer à la tenue de ces épreuves en 2023 en raison de problèmes financiers. Avec l’espoir, toutefois, de revenir en 2024. Ces courses avaient notamment permis à Tom Pidcock, Ed Clancy et bien d’autres de se mettre en avant lors de ces courses très courtes et rapides dans les grandes villes de l’île. Ces Tour Series sont organisés par SweetSpot, entreprise également en charge… du Tour de Grande-Bretagne masculin et de son pendant féminin.

Et le 17 mars, SweetSpot adressait un nouveau communiqué annonçant d’autres problèmes financiers pour l’organisation du Tour de Grande-Bretagne féminin, le Women’s Tour, prévu au calendrier du WorldTour du 7 au 11 juin. L’épreuve n’a plus de partenaire principal et cherche donc des fonds pour assurer sa survie dès 2023. L’organisation a donc lancé une campagne de financement participatif à destination des supporters. L’objectif est d’obtenir 100 000 livres britanniques d’ici au mois de juin, via le site GoFund Me. Plus de 10 000 £ ont été récoltés grâce à plus de 300 donateurs à l’heure d’écrire ces lignes.

Pas seulement au Royaume-Uni

Ces nombreuses nouvelles inquiétantes pour le cyclisme britannique ne sont toutefois pas sans rappeler la précarité du sport cycliste, qui vit principalement de partenaires privés et d’entreprises qui font leur publicité sur les maillots, les courses, les cyclistes… Les exemples sont marquants en Grande-Bretagne mais comme nous l’avons déjà expliqué à plusieurs reprises dans cet édito, les difficultés financières des organisations et des équipes cyclistes ne datent pas d’hier. Et avec la crise économique qui se poursuit à travers le monde, d’abord suite à la crise sanitaire du Covid-19, ensuite en raison de la guerre en Ukraine, et dorénavant vu les problèmes de grandes agences bancaires aux États-Unis et ailleurs, ces difficultés risquent de se répéter dans le peloton. Il faut donc redoubler d’efforts pour assurer la survie du sport.

Les exemples ne manquent pas ces dernières semaines des risques de départ de sponsors et du manque de financement. L’équipe de Jérôme Pineau n’a pu poursuivre ses activités, faute de partenaire principal après près d’un an de recherches infructueuses (pour diverses raisons que vous pouvez notamment lire chez Ouest France. L’équipe Go Sport-Roubaix Lille Métropole est toujours en sursis en raison des problèmes de la marque Go Sport, en redressement judiciaire depuis janvier. L’équipe Zaaf Cycling Team, nouvelle formation du peloton féminin professionnel, est également annoncée en difficultés par Vélo-Club.net, avec des salaires qui n’auraient pas été payés à temps.

Face à ces problèmes à répétition, il n’est pas étonnant de voir que les équipes et organisations les plus solides sont celles qui disposent des fonds les plus importants, grâce à des mécènes très généreux ou des États désireux de profiter du peloton pour favoriser leur image. Mais le départ de ces plus petites structures et de ces organisations plus modestes annoncent moins de chances pour la jeunesse, moins de possibilités pour le cyclisme de grandir dans sa globalité. L’heure est à leur défense, pour le bien du sport cycliste.

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