Paris-Roubaix Femmes : Longo Borghini imprime la marque des Trek-Segafredo sur les pavés

La championne d’Italie Elisa Longo Borghini remporte la plus belle classique de sa carrière après un solo de 35 bornes.
Elisa Longo Borghini - Vainqueure Paris-Roubaix Femmes 2022 - ASO Pauline Ballet
La championne d’Italie Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo) remporte la 2e édition de Paris-Roubaix Femmes, le 16 avril 2022 – Photo : ASO/Pauline Ballet

Que de rebondissements ce samedi sur les routes de la seconde édition de Paris-Roubaix Femmes ! À peine amputée de la championne du monde Elisa Balsamo, disqualifiée pour un bidon collé, l’équipe Trek-Segafredo se rassemblait pour un nouveau sacre sur la classique pavée la plus coriace du calendrier. La championne d’Italie Elisa Longo Borghini, 3e l’an dernier, a offert un récital en solitaire pour savourer la plus belle classique de sa carrière, bien aidée par des équipières parfaitement placées pour bloquer les assauts de favorites esseulées ou trop enthousiastes, à l’image de Lotte Kopecky.

Le pavé est rude, implacable. Un passage dans un sillon malencontreux, et voici une chute ou une crevaison qui ruine une course. Paris-Roubaix crée ainsi sa légende sur des routes d’antan, à peine remises au goût du jour pour éviter les accidents trop violents. La moindre faute technique se paye cash, mais sur le plan tactique, il s’agit également d’éviter la seconde de trop, au risque de se retrouver dans le rouge sur une épreuve disputée à fond d’un bout à l’autre des 124 kilomètres proposés ce samedi entre Denain et Roubaix. Certaines l’ont compris à leurs dépens à l’occasion de cette seconde édition, cette fois disputée sous le soleil et sur des pavés aussi secs que le Sahara. Sable, poussière et pavés saillants étaient au programme de cette journée dont les articulations se souviennent.

Vos et Balsamo hors course

Toutes ces fautes, la Néerlandaise Marianne Vos (Jumbo-Visma) ne pouvaient malheureusement les faire. Positive au Covid-19 au matin de l’épreuve nordiste, la favorite du jour, préparée spécifiquement pour ce dernier monument qui manque à son étagère déjà bien garnie, devait faire une croix sur sa deuxième participation. Après sa deuxième place l’an dernier, la championne du monde de cyclo-cross doit remettre ses plans à l’an prochain. Paris-Roubaix peut même se montrer cassant avant ses pavés… La championne du monde Elisa Balsamo (Trek-Segafredo) était, elle, éliminée avant le terme. En difficultés après le secteur pavé de Mons-en-Pévèle, l’Italienne a bénéficié de sa directrice sportive via un bidon dit collé pour rentrer plus rapidement sur le peloton. Une faute étonnante de la part d’une équipe qui semblait en contrôle jusqu’ici.

Car en l’absence de la favorite Vos, l’équipe Trek-Segafredo faisait office d’épouvantail sur ces pavés dominés l’an dernier par une sociétaire de la formation américaine, Lizzie Deignan, aujourd’hui en congé maternité. Avec Ellen van Dijk, Lucinda Brand, Elisa Longo Borghini et Audrey Cordon-Ragot, le groupe était surveillé de près. Surtout par la SD Worx, l’autre équipe-type des classiques, dont Lotte Kopecky est annoncée comme leader avec Chantal van den Broek-Blaak, Christine Majerus et Elena Cecchini comme soutiens de poids sur ces routes particulières. Alors, quand Lotte Kopecky accélérait de toute sa puissance sur le secteur pavé d’Auchy-les-Orchies, à plus de 55 kilomètres de l’arrivée, Lucinda Brand n’était pas loin pour reprendre la roue, avec l’Italienne Marta Bastianelli (UAE Team ADQ) en troisième attaquante.

Kopecky : « Je n’étais pas leader »

L’exercice était intéressant pour Kopecky si le peloton était bien plus usé. Mais la championne de Belgique voulait vérifier l’adage qui dit que la personne en tête sur les pavés a bien plus de chances de s’imposer à Roubaix. « Je n’étais pas la leader de l’équipe aujourd’hui », surprend pourtant la championne de Belgique au micro de la VRT. Après sa victoire sur le Tour des Flandres, elle souhaitait en fait rendre la pareille à ses équipières. « Nous visions la victoire pour Chantal (van den Broek-Blaak) et Christine (Majerus). Mon but était de me faufiler plus tôt dans une échapppée. L’équipe m’a dit de ne pas y aller à fond. L’objectif était plutôt de mettre la pression sur les autres équipes plutôt qu’essayer de m’échapper moi-même. Cela a bien fonctionné au début ».

Et puis… Le peloton a repris vigueur. SD Worx et Trek-Segafredo avaient beau être favorites, d’autres candidates se plaçaient, à l’image d’Emma Norsgaard (Movistar), de Marta Cavalli (FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope), malgré une chute et une crevaison, ou Floortje Mackaij (DSM). Dans le secteur n°8 de Templeuve, Kopecky, Brand et Bastianelli baissaient pavillon. Et la Trek lançait une autre carte : au moment où Balsamo devait rendre son dossard après la notification de sa disqualification, Elisa Longo Borghini fonçait sur les pavés pour un exercice en solitaire impressionnant de plus de 33 kilomètres. « Elena (Cecchini) et Emma Norsgaard ont tenté de suivre. Je pense qu’elles sont de très bonnes rouleuses pour cette course, mais Elisa était juste trop forte », explique simplement Kopecky. Et surtout, elle bénéficiait dans le peloton des costaudes Cordon-Ragot, Brand et Van Dijk pour bloquer une poursuite qui avait du mal à se mettre en place.

Elisa Longo Borghini - Attaque en solitaire Paris-Roubaix Femmes 2022 - ASO Pauline Ballet
La championne d’Italie Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo) à l’attaque sur Paris-Roubaix Femmes, le 16 avril 2022 – Photo : ASO/Pauline Ballet

« Je valais mieux que ce que je montrais »

Brand et Van Dijk étaient encore dans la roue de Cavalli et Kopecky quand celles-ci essayaient de s’extirper du groupe des favorites dans le Carrefour de l’Arbre. Elles étaient toujours là quand Van den Broeck-Blaak rentrait pour relancer les relais avec Kopecky. Avec de telles alliées, Elisa Longo Borghini pouvait voir le vélodrome avec impatience. La championne d’Italie s’impose avec près d’une demi-minute d’avance, au bout d’un exercice auquel elle avait peu habitué durant ce printemps plus morose. « Pour être honnête, cela a été un début de saison difficile pour moi », confie-t-elle à l’interview post-course. « J’ai connu durant un mois des problèmes aux voies respiratoires et je ne pouvais pas prester au niveau que je souhaitais. Je savais que je valais mieux que ce que je montrais. C’était frustrant. Mais ma famille me remontait le moral ».

La championne d’Italie n’a en effet pu enregistrer qu’une huitième place sur le Strade Bianche, sa seule place d’honneur marquante durant ce printemps. Absente de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Brabançonne, Longo Borghini s’est refait une santé à l’aube de Roubaix. Sans forcément y croire, malgré tout. « Même si je ne prestais pas comme attendu, l’équipe m’a quand même amené sur cette course. Je pensais que je n’étais prête, que je ne le souhaitais pas. Mais on continuait à me dire : tu es prête, plus que prête, tu peux le faire. Ils avaient raison », sourit l’Italienne. « J’aurais voulu pouvoir emmener mes équipières sur le podium. Cela a été une vraie performance collective. Je dois remercier tout le monde. C’est aussi un peu pour Elisa (Balsamo) », lance-t-elle également à destination des autres membres de la Trek-Segafredo, dont Lucinda Brand s’offrait même la troisième place derrière Lotte Kopecky.

Podium Lotte Kopecky Elisa Longo Borghini Lucinda Brand - Paris-Roubaix Femmes 2022 - ASO Pauline Ballet
Le podium de la 2e édition de Paris-Roubaix Femmes : Lotte Kopecky (SD Worx, 2e), Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo, 1re) et Lucinda Brand (Trek-Segafredo, 3e) – Photo : ASO/Pauline Ballet

Résultats de la 2e édition de Paris-Roubaix Femmes (Denain > Roubaix, 124.5 km) :

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