Un an après le mythique circuit sur la Citadelle de Namur, les championnats d’Europe ont fait arrêt cette saison en France, dans la ville bretonne de Pont-Château. Les épreuves prévues sur ce tracé technique et usant ont toutefois bien failli ne pas se dérouler, la faute à une double tempête – Ciaran puis Domingos – qui a contraint l’organisation à déplacer toutes les courses individuelles au dimanche. Six courses en quelques heures, cela permet au moins au public de profiter d’un spectacle permanent malgré les bourrasques et les averses aléatoires tout au long de la journée.
Car ces conditions météorologiques ont bien bouleversé le cours des différentes courses au maillot étoilé. Le circuit avait déjà été inondé en partie par les précipitations des derniers jours. Le terrain a ensuite connu les rafales de vent, les averses intermittentes et le soleil radieux. Ce qui a changé la qualité de ces tronçons, allant de chemins légèrement glissants à de véritables bains de boue. S’il était possible de passer sur le vélo à certains endroits, le franchissement à pied devenait obligatoire dès que la pluie se faisait plus intense. Ce qui a permis à certaines et certains de se distinguer.
Chez les juniors, la Française Célia Géry a confirmé ses promesses affichées par sa troisième place sur le championnat du monde d’Hoogerheide en février dernier. Et Aubin Sparfel a parfait la belle journée des Bleus chez les moins de 19 ans avec un sprint victorieux sur la surprise hongroise Zsombor Takacs. Cette fête contrastait avec la matinée difficile des concurrents belges, en difficulté sur ce terrain usant. Shanyl De Schoesitter devait se contenter d’une onzième place chez les juniors femmes, après un début de saison qui laissait présager mieux, et chez les juniors hommes, Fabian Maes pointe à la quinzième place.
Les résultats des juniors femmes
Les résyltats des juniors hommes
Les espoirs rattrapaient ce bilan noir-jaune-rouge. Chez les femmes, il s’annonçait difficile de rivaliser avec la Britannique Zoe Backstedt, favorite annoncée en l’absence des professionnelles néerlandaises. Mais Xaydee Van Sinaey, troisième chez les juniors l’an dernier, réalisait une performance de choix à seulement 18 ans, en occupant la septième place sur la ligne ! « J’espérais une place dans le Top 10. Cette septième place est donc une belle performance », a-t-elle confié au micro de la VRT. « Je sentais que j’étais forte, mais ce parcours était difficile. Il était tout de même possible de la jouer tactique, en y allant calmement dans la première partie puis en roulant plus fort dans les montées ».
Les résultats des espoirs femmes
Le bilan était encore plus beau chez les hommes avec la démonstration belge dès le départ. Emiel Verstrynge espérait prolonger d’un an son titre continental et entamait la course en bonne position pour cet objectif. Accompagné de Jente Michels, le champion d’Europe faisait impression, jusqu’au dernier tour, durant lequel il était victime d’une crevaison au pire moment. Michels prenait alors les devants et allait signer son plus beau succès. « D’habitude, il m’arrive toujours quelque chose lors d’un championnat. Mais aujourd’hui était une journée parfaite », a confié le sociétaire d’Alpecin-Deceuninck au micro de la VRT. Ward Huybs, quatrième, Victor Van de Putte, cinquième, et Yorben Lauryssen, neuvième, complètent la belle journée belge chez les moins de 23 ans.
Les résultats des espoirs hommes
Comme l’an dernier, il n’y a eu aucun doute chez les élites femmes. Malgré un premier tour durant lequel Ceylin del Carmen Alvarado a affiché la meilleure opposition, la championne du monde Fem van Empel a accéléré dès le deuxième tour pour prendre un avantage conséquent et s’offrir son septième succès de la saison et le deuxième titre européen de sa carrière. La Néerlandaise a avoué avoir eu du mal à trouver son rythme dans le premier tour, ce qui a pu expliquer ce faux suspense. « Le plan était d’attaquer dès les premières ascensions. Cela a finalement réussi. Mentalement, cela reste difficile de partir en tant que favorite et de me motiver », a-t-elle tout de même confié lors de l’interview post-arrivée. Cela ne l’a pas empêchée de terminer avec plus d’une minute et demie d’avance sur Alvarado et la surprenante Italienne Sara Casasola, médaillée de bronze. Marion Norbert-Riberolle s’occupait pour sa part de réaliser une remontada de la quinzième à la sixième place, au prix d’une course très homogène. « J’ai pris un mauvais départ. Dommage, car je pense qu’une troisième place était certainement possible. C’était très rapide en tout cas… », a-t-elle admis à la VRT.
Les résultats des élites femmes
Chez les élites messieurs, les Belges partaient cette fois avec l’étiquette de favoris. Lars van der Haar, vainqueur en 2021, était attendu pour bouleverser cette hiérarchie par pays, mais encore fallait-il se défaire du solide bloc noir-jaune-rouge. Ce collectif montrait ses cartes dès le deuxième tour : le tenant du titre Michael Vanthourenhout prenait ses distances pendant que son compatriote et équipier le reste de la saison Eli Iserbyt bloquait les poursuivants néerlandais dès que possible. L’idée pouvait surprendre vu les derniers résultats de Vanthourenhout, même contraint à l’abandon à Maasmechelen, dimanche passé. Mais le tenant du titre est connu pour être un ton au-dessus sur les terrains glissants et exigeants. Comme à Namur l’an dernier. Alors, une fois qu’il était parti, il fallait s’attendre à une course difficile. Demandez à Thibau Nys, autre favori annoncé après ses succès à Waterloo et au Koppenberg, qui a finalement abandonné, faute de jambes, après une crevaison qui annihilait définitivement ses chances de succès…
Devant, Vanthourenhout ne pliait pas malgré la poursuite haletante menée par Lars van der Haar, miné par deux chutes, et par le Britannique Cameron Mason, la révélation de ce début de saison. Le coup collectif a finalement été payant ! « Eli est venu vers moi pour me dire que je devais essayer. Je dois lui dire un grand merci et à l’équipe belge pour ce nouveau titre », a-t-il confié dès l’arrivée franchie. « Je suis arrivé sans stress et sans grande attente sur ce championnat d’Europe. Cela venait du fait que ma saison n’était jusqu’ici pas bonne. Mais après le Koppenberg, je me sentais à nouveau fort. Aujourd’hui, c’était mon jour. J’ai pu aller à fond du départ jusqu’à l’arrivée. Dommage que je ne pourrai pas montrer mon maillot de champion de Belgique mais je vais profiter de ce maillot », a-t-il ajouté, après avoir exulté comme rarement sur la ligne de Pont-Château. Ce succès confirme tout le talent de Vanthourenhout, capable de se remobiliser et de se surpasser même quand les éléments sont contre lui. Ce deuxième titre européen sur un circuit difficile devrait encore le rassurer quant à ses qualités. Et cela donnera encore plus de piment à la suite de cette saison, bien plus haletante que prévu.