Comment le cyclisme peut faire du bien à l’environnement

L’UCI a dévoilé un premier bilan de ses objectifs pour un cyclisme plus durable. L’ambition doit toutefois être plus grande, au-delà des frontières du cyclisme professionnel, afin de mettre le vélo au centre des enjeux environnementaux.
Une caravane de voitures derrière le peloton sur la 4e étape du Tour de France 2023 - Photo : ASO/Charly Lopez
Une caravane de voitures derrière le peloton sur la 4e étape du Tour de France 2023 – Photo : ASO/Charly Lopez

Le 25 octobre dernier, l’Union Cycliste Internationale a publié son premier « Rapport de durabilité », destiné à faire un premier bilan des objectifs annoncés en 2021, pour les trois années suivantes. La fédération souhaite par ce biais s’engager à promouvoir un développement durable au niveau mondial afin de s’aligner avec les objectifs des COP autour de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’impact environnemental que peut avoir le cyclisme professionnel. Dans son communiqué, l’UCI se félicite ainsi d’avoir atteint deux tiers de ses objectifs proposés en 2021, grâce à l’amélioration de l’efficience énergétique du siège de la fédération à Aigle, en Suisse (- 20 % avec un objectif de – 50 % d’ici à 2030), la mise en œuvre d’une formation sur l’action climatique au sein de ses équipes ou encore le lancement d’un outil de suivi de l’impact sur la durabilité, à destination de l’UCI, mais pas seulement.

L’objectif est évidemment louable et la fédération présidée par le Français David Lappartient veut par ces actions jouer le rôle de leader montrant le chemin à suivre à tous les autres acteurs du monde du cyclisme. L’homme a rappelé à de multiples reprises ses importantes ambitions pour faire du cyclisme le sport vert par excellence, comme le moyen de locomotion qu’il représente. Car le cyclisme professionnel est souvent critiqué pour son empreinte carbone qui serait trop élevée en raison des transferts en avions, des véhicules de la caravane, des équipes, de l’organisation, des nombreuses infrastructures déplacées aux départs et arrivées… Pourtant, aucune étude précise n’a été menée pour calculer ces conséquences sur le plan écologique. Certaines initiatives ont été mises en place, notamment pour les championnats du monde sur route en Flandre en 2021, mais dont les résultats étaient largement sous-estimés, notamment concernant les déplacements du public. L’organisation du Tour du Luxembourg s’est ainsi faite plus critique sur son impact environnemental grâce à une étude présentée par le directeur de course Andy Schleck comme une première étape vers des mesures concrètes pour aider la course à aller vers un modèle plus vert.

Cet impact du monde sportif professionnel sur les émissions de gaz à effet de serre reste cependant limité, selon l’organisation Play The Game. Celle-ci a calculé que les événements sportifs internationaux, en tenant compte des méga-événements comme la Coupe du monde de football ou les Jeux Olympiques, représentent environ 0,3 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre. Le cyclisme ne représenterait encore qu’une petite partie de ces 0,3 %. Les initiatives prises par ce sport seraient négligeables sur le plan purement comptable, mais le cyclisme a pourtant un pouvoir bien plus grand dont il doit se servir.

Une ambition politique à développer au-delà des pelotons

On entre alors dans le politique et l’image. Pourtant, c’est bien en se montrant vertueux, en réfléchissant à des mesures qui peuvent être appliquées à d’autres secteurs, en montrant ce qu’il est possible de faire avec des structures pesant plusieurs millions d’euros, que le cyclisme pourra devenir un modèle écologique à suivre. L’UCI a lancé ce mouvement. Cela se réduit jusqu’ici à des potentielles mesures et de nombreuses demandes envers les autres acteurs du cyclisme. Mais c’est une première étape. La plus grande mesure concerne la réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 pour toutes les équipes qui souhaiteront accéder au WorldTour à cette date : une condition supplémentaire qui mènera à une réflexion importante sur la manière de faire fonctionner ces entreprises comptant entre 100 et 300 personnes. La fédération souhaite également mettre autour de la table les principales organisations de courses pour réfléchir à des calendriers qui rassembleraient plus de blocs de courses dans une même zone géographique, comme les classiques flandriennes au printemps ou les italiennes à l’automne. David Lappartient a confirmé à Cycling Weekly qu’il souhaitait également la fin des transferts en avion sur les courses par étapes et la possibilité de refuser les transferts trop long, prenant l’exemple du Giro qui avait évoqué en 2016 un départ au Japon ou aux États-Unis. Il envisage aussi une réduction du nombre de véhicules sur les courses, entre autres.

Ce sont des premiers efforts à faire, mais l’important dans cette lutte contre le réchauffement climatique est avant tout l’image. L’image d’un cyclisme qui fait des efforts, qui montre que le vélo est un outil nécessaire à une alternative au modèle actuel. Les initiatives pour une plus grande accessibilité aux cycles sont également nécessaires, au-delà des courses professionnelles. Les organisations jouent déjà le jeu, comme ASO, Flanders Classics ou Golazo, l’UCI mène par ailleurs de plus en plus d’initiatives en ce sens. Ce sont ces outils de « soft power » qui pourront permettre au cyclisme de jouer son rôle pour un meilleur environnement.


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