En ce samedi nuageux, le public de Hoogherheide n’attendait que les soleils oranges pour embellir leur journée de championnat du monde. Car sur cette course des élites femmes, la sélection batave était bien l’unique favorite après la démonstration de ses membres tout au long de l’hiver. C’est simple : aucune représentante non-néerlandaise n’a pu s’imposer sur un cyclo-cross de classement (Superprestige, Trophée X2O Badkamers, Coupe du monde) depuis octobre 2021… Alors, sur ce championnat du monde, c’est « Oranje boven » et rien d’autre. Mais que Lauren Molengraaf, le matin même, en soit témoin, il suffit d’un pépin mécanique pour gâcher une course. Les favorites néerlandaises se voulaient donc prudentes et concentrées à l’aube de ce rendez-vous national… et mondial.
Pieterse chute, Van Empel pousse
Même avec toutes ces précautions d’usage, Fem van Empel et Puck Pieterse, celles qui ont déjà dominé toute la saison, se tiraient à nouveau la bourre dès le premier tour, avec la seule Lucinda Brand à distance raisonnable pour tenter d’apporter du suspense à ce podium. La course allait cependant changer de forme des suites d’une chute de Pieterse dans le quatrième des sept tours à couvrir. « Quand Puck est tombée, je suis allée à fond », confirme Van Empel, consciente qu’une telle opportunité n’allait pas se présenter aussi souvent. Pieterse repartait à une quinzaine de secondes de sa rivale, mais ne parvenait pas à refaire son retard vu la puissance déployée par la leader sur les passages en montées de ce circuit bosselé. « Je savais que j’étais forte aujourd’hui. Je voulais donc passer devant, mais Fem gardait un bon tempo. J’ai juste glissé dans une partie plus technique, Fem en a profité. C’est dommage mais je ne pouvais rien faire », analyse sobrement Pieterse.
Fem van Empel enchaînait sans faute, et récupérait rapidement près d’une demi-minute d’avance sur sa première dauphine. Pendant que Lucinda Brand assurait sa troisième place. Un podium 100% néerlandais, encore une fois : « Il n’y avait pas de plan spécifique. On a parlé au sein de l’équipe nationale hier soir, et on s’est dit : c’est du chacun pour soi. Il n’y avait pas de communication particulière entre nous », confie Puck Pieterse. La course collective des Néerlandaises était donc une addition de talents individuels ! « On devait aussi garder un bon tempo car (l’Italienne) Silvia Persico n’était jamais loin. Il ne fallait pas se relâcher pour assurer le podium », ajoute Fem van Empel. Mais aucun stress pour les représentantes bataves : Persico restait en quatrième position, bien loin du numéro de Van Empel, jamais inquiétée dans le final.
Van Empel : « Le plus grand honneur »
La nouvelle star de la Jumbo-Visma s’offre ainsi son premier titre de championne du monde parmi les professionnelles, à seulement 20 ans. « Je ne réalise pas vraiment que je suis devenue championne du monde. Mais c’est un honneur d’être championne dans mon propre pays, devant le public. C’est le plus grand honneur qu’on peut obtenir en cyclisme », avoue-t-elle, après avoir essuyé quelques larmes auprès de sa maman et de Puck Pieterse, directement à ses côtés après avoir amusé le public grâce à une roue arrière. « Les émotions de ces dernières semaines sont ressorties après la ligne d’arrivée », confie Van Empel. « Beaucoup de personnes sont derrière moi toute la saison, elles travaillent certainement encore plus que moi, j’étais donc heureuse de leur rendre cela avec une victoire. Cela a été très difficile de revenir après ma chute à Val di Sole, j’ai travaillé pour tenter de devenir encore plus forte qu’avant. Cela a finalement fonctionné ».
Troisième du jour, l’ex-championne du monde Lucinda Brand ne révélait aucun regret quant à sa prestation du jour. « Durant la course, on se concentre toujours sur la plus haute place possible. Mais il faut aussi rester réaliste. Quand Pieterse a fait une erreur, j’ai essayé de pousser à fond. Mais je voyais bien que mon niveau physique était en-dessous de ces deux autres coureuses. Je suis quand même contente de ma condition, et cette troisième place est une belle manière de terminer la saison, après tout ce que j’ai traversé », ajoute la Néerlandaise, qui veut encore croire en ses chances malgré la domination de ses cadettes. « Je ne me sens pas sans espoir derrière ces filles. Cela me titille pour que je devienne encore plus forte. Et quand on devient plus vieille, on cherche toujours à s’améliorer », conclut Brand, prête à enchaîner un prochain hiver dans les labourés pour tenter de bousculer ces jeunes talents néerlandais. Des talents qu’on reverra tout au long de la prochaine année : Puck Pieterse en VTT, Fem van Empel sur la route. Vivement !
Norbert Riberolle : « J’étais juste morte… »
Longtemps à la lutte pour le Top 10, la Belge Marion Norbert Riberolle a craqué dans le dernier tour pour conclure l’épreuve à la treizième place. Mais elle l’avoue elle-même, elle n’aurait pu faire mieux : « Je me sentais fatiguée, je n’avais plus d’énergie dans la finale. Quand j’ai vu qu’il restait quatre tours, j’avais déjà pris un coup au moral… Et les deux derniers tours, c’était vraiment difficile. C’est dommage d’avoir perdu le Top 10 dans le dernier tour. Mais je ne peux pas être déçue : j’ai tout donné, j’étais juste morte… ». La sociétaire de Crelan-Fristads explique qu’elle a même perdu de l’énergie dès le départ, coincée derrière Puck Pieterse qui a manqué sa pédale au lancement : « Cela m’a usé ».
Marion Norbert Riberolle confirme que le circuit de Hoogerheide est bien plus piégeux qu’on voudrait le croire. « Tout le monde pense que c’est facile. Mais c’est un parcours usant et très difficile », confirme-t-elle. « Je voulais vraiment un Top 10. Je suis un peu déçue, car je fais treizième comme à Namur. Mais il y a un gros niveau. Et puis, on était sur un championnat, il y a souvent des filles qu’on ne voit pas forcément le reste de la saison, mais qui brille quand il faut en championnat. C’est toujours dur, un championnat ». Ce résultat ne noircit pas le tableau de son hiver, qu’elle considère jusqu’à présent réussi : « Cela n’a pas été facile de revenir à un bon niveau après mon titre de championne du monde chez les espoirs », se remémore-t-elle. « Cette saison, je suis bien revenue, j’ai retrouvé une belle régularité. J’ai même obtenu ma première victoire professionnelle, en Belgique. Donc, je suis contente de cette saison. C’est vrai que les Néerlandaises sont au-dessus du lot, mais voilà, je vais continuer jusqu’au bout, jusque fin février à Oostmalle. C’est une longue saison depuis septembre, mais il reste encore de belles opportunités », conclut la n°1 belge du moment.
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Les résultats de la course des élites femmes sur les championnats du monde de cyclo-cross à Hoogerheide :
