Malgré la crise sanitaire et ce fichu virus qui a empêché bon nombre de candidats à la victoire de s’y rendre. Malgré les critiques politiques autour du choix d’organiser les championnats du monde dans un État américain où les positions anti-avortement et anti-LGBT+ sont largement affichées. Malgré la distance et les difficultés financières pour certains de s’y rendre. Malgré tout cela, les championnats du monde de cyclo-cross démarrent bien ce vendredi à Fayetteville, en Arkansans, pour trois jours de compétitions au goût particulier. Bon nombre de stars manquent à l’appel, mais les luttes pour le maillot arc-en-ciel n’en seront pas moins disputées.
Le parcours
C’est une première : les championnats du monde de cyclo-cross s’exportent en Arkansas à l’occasion d’une épreuve organisée dans le Centennial Park de Fayetteville. L’épreuve a été imaginée depuis 2018 mais n’a vraiment vu le jour que cet hiver à l’occasion d’une manche de la Coupe du monde, début octobre, remportée par Quinten Hermans. La course avait alors été disputée sous la pluie, offrant un spectacle bien différent qu’attendu ce week-end sur le terrain très roulant du Centennial Park. Les gelées ont eu raison de la prairie, rendant la terre et la pelouse dures comme de la pierre. Ce qui rend le tracé encore plus rapide que prévu. Mais des températures positives s’annoncent durant ce prochain week-end, ce qui pourrait adoucir le terrain.
Les buttes et autres montées ne manquent pourtant pas sur ce circuit d’un peu plus de 3 kilomètres, plus long d’un peu moins de 400 mètres par rapport au tracé prévu en octobre 2021. Les passages vers les escaliers (on y reviendra) et dans la partie boisée du parc ont été allongés, sans grande difficulté supplémentaire toutefois. Dans cette partie boisée, les participants devront tout de même affronter une côte de 250 mètres à 7,4% de moyenne, dont un passage maximal à 15%.
Après un enchaînement de petites collines qui pèseront au fil des répétitions, deux S sur des buttes tout aussi casse-pattes, une nouvelle montée en faux-plat s’annonce pour rejoindre de larges pavés puis le grand événement du circuit : un passage sur une colline non-naturelle sur laquelle trône un escalier de 38 marches ! Cela va faire mal au cœur. La descente qui suit sera plus douce, avant l’arrivée dans le final, sur les virages en dévers de Stonehenge, qui peuvent s’avérer décisifs vu que la ligne d’arrivée se situe juste après. Le placement sera donc primordial à la sortie de ce passage sinueux. Avant une dernière ligne droite de près de 150 mètres.
Les horaires et le programme TV
Vendredi 28 janvier 2022
19h30 : Relais par équipes – Test event
- Italie (Samuele Leone, Silvia Persico, Lucia Bramati et Davide Toneatti) en 31:00
- États-Unis A (Eric Brunner, Katie Clouse, Clara Honsinger et Scott Funston) à 0:07
- BELGIQUE (Daan Soete, Kiona Crabbé, Alicia Franck et Niels Vandeputte) à 0:16
Samedi 29 janvier 2022
18h00 : Juniors femmes
- Zoe Backstedt (G-B)
- Leonie Bentveld (P-B)
- Lauren Molengraaf (P-B)
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20h00 : Espoirs hommes
- Joran Wyseure (BEL)
- Emiel Verstrynge (BEL)
- Thibau Nys (BEL)
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21h30 : Élites femmes
- Marianne Vos (P-B)
- Lucinda Brand (P-B)
- Silvia Persico (Ita)
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Dimanche 30 janvier 2022
18h00 : Juniors hommes
- En direct dès 17h45 sur Canvas et Sporza.be
- En direct dès 17h45 sur Eurosport Player et GCN+
- En direct dès 18h00 sur L’Équipe Live
20h00 : Espoirs femmes
- En direct dès 19h45 sur Canvas et Sporza.be
- En direct dès 19h50 sur Eurosport Player et GCN+
- En direct dès 20h00 sur L’Équipe Live
21h30 : Élites hommes
- En direct dès 21h00 sur Één et Sporza.be
- En direct dès 21h25 sur Tipik et RTBF Auvio
- En direct dès 21h25 sur Eurosport 2, Eurosport Player et GCN+
- En direct dès 21h30 sur L’Équipe Live
Les favori·te·s et les partant·e·s
Juniors femmes
Pas de surprise en vue chez les moins de 19 ans : vainqueure de toutes les manches de la Coupe du monde auxquels elle a pu participer, la Britannique Zoë Backstedt part avec un avantage certain sur la concurrence sur cette course au maillot irisé. La championne du monde sur route dans cette même catégorie a toutefois été testée positif au Covid-19 voici deux semaines, ce qui l’a empêchée de participer à la dernière manche de la Coupe du monde pour les juniores, à Flamanville. Elle est revenue à la compétition samedi dernier avec une 16e place parmi les élites à Hamme, ce qui confirme qu’elle tient encore une certaine forme.
Derrière, qui pourra surprendre la talentueuse galloise de 17 ans ? La Néerlandaise Leonie Bentveld, vainqueure à Flamanville en l’absence de Backstedt, apparaît comme une concurrente pour un podium. La Tchèque Katerina Hladiková a également montré une certaine régularité durant l’hiver qui peut lui permettre de croire en une médaille à Fayetteville. De même que sa coéquipière Eliska Hanáková ou la Néerlandaise Lauren Molengraaf, plutôt habituées aux Top 5 ces dernières semaines.
La meilleure chance belge sur ce tracé, Xaydee Van Sinaey, a malheureusement été interdite de départ en raison d’un test positif au Covid-19 avant son voyage vers les États-Unis. Fleur Moors sera donc la seule Belge au départ et devra réaliser une grande performance pour accrocher une place parmi les dix premières.
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Juniors hommes
Si cette catégorie des moins de 19 ans permettait souvent à la Belgique de confirmer ses futurs talents ces dernières années, la domination noire-jaune-rouge a perdu de sa superbe au fil de l’hiver. Après une saison blanche en raison de la crise du Covid-19, les juniors ont enfin pu reprendre les labourés durant cette saison 2021-2022. Ce qui a permis au Néerlandais David Haverdings de se placer comme l’un des futurs talents de la discipline. Vainqueur des quatre manches et du général de la Coupe du monde, le garçon de 17 ans s’annonce comme le favori de ce championnat du monde.
Il devra notamment faire face à une armada belge de coureurs qui se sont déjà affichés aux avant-postes, sans parvenir à la victoire. Le champion de Belgique Yordi Corsus, le champion d’Europe Aaron Dockx, qui n’a toutefois plus gagné depuis son titre continental, mais aussi Viktor Vandenberghe ou encore Kenay De Moyer constituent autant de chances de podium voire de victoire pour la sélection belge, très costaude dans cette catégorie.
Ils ne seront évidemment pas seuls à y croire. Côté britannique, Nathan Smith a confirmé à Tabor et Termonde sa capacité à suivre les meilleurs et à titiller Haverdings dès que le tracé est roulant. Il sera toutefois seul, comme Haverdings, sur ce circuit. Le Français Louka Lesueur peut également tirer son épingle du jeu vu ses qualités, tout comme l’Américain Jack Spranger ou encore l’Italien Luca Paletti.
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Espoirs femmes
Si elles n’ont pas droit à leur propre catégorie durant le reste de la saison, les femmes de moins de 23 ans ont au moins l’occasion de se faire la guerre lors des championnats et lors des manches de Coupe du monde, durant lesquelles, mélangées aux élites, elles bénéficient au moins d’un classement spécifique. Et cette saison a confirmé une belle lutte entre Néerlandaises, celles qui dominaient déjà la catégorie des juniors voici deux ans.
Tout au long de l’hiver, Puck Pieterse, Fem van Empel et Shirin van Anrooij se sont livrés une bataille intense, tout en menant la vie dure à certaines coureuses de l’élite. La championne du monde en titre Van Empel s’est même permise de remporter deux manches de Coupe du monde, à Val di Sole et à Flamanville. Alors que Puck Pieterse, plus régulière, a enchaîné les deuxièmes places comme à Tabor, Hulst ou Flamanville. Ces deux-là partent avec une large pancarte de favorites. Van Anrooij, pour sa part, a connu moins de réussite mais a tout de même brillé à Iowa City et Gullegem, sur des cyclo-cross sans classement. Elle a tout de même montré une condition ascendante, avec une 2e place à Hamme derrière la championne du monde élite Lucidna Brand. Elle restera donc une prétendante à l’arc-en-ciel.
Qui pourra défaire le trio néerlandais ? L’exercice sera délicat. La paire française composée de Line Burquier, sacrée récente championne de France chez les élites, et d’Amandine Fouquenet, sa prédécesseur, a une carte à jouer sur un tracé aussi rapide. De même que les Américaines Madigan Munro et Katie Clouse, en retrait durant l’hiver mais toujours placées. La Belge Kiona Crabbé aura pour sa part fort à faire pour espérer une place d’honneur en Arkansas.
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Espoirs hommes
Dominateurs sur la plage d’Ostende, les Néerlandais auront à cœur de réitérer l’exploit du côté de Fayetteville, ce week-end. Car comme l’an dernier, ce sont bien les hommes en orange qui ont mené la saison, du moins une majeure partie de celle-ci. Si Ryan Kamp n’a pas affiché la même rentabilité que la saison dernière, le coureur de Pauwels Sauzen-Bingoal a confirmé avec sa deuxième place à Flamanville, voici deux semaines, qu’il est toujours un candidat pour un nouveau titre mondial. Il ne sera toutefois pas le grand favori néerlandais. Ce titre reviendra plutôt à Mees Hendrikx, vainqueur à 21 ans de la Coupe du monde des espoirs. Le coureur d’IKO-Crelan a terminé sixième parmi les élites, à Hoogerheide, ce qui confirme son ambition pour le tricot irisé. Il affrontera notamment le tenant du titre, Pim Ronhaar, moins en verve en ce mois de janvier mais toujours inscrit aux places d’honneur.
Le groupe «oranje» sera certainement aux prises avec l’armada noire-jaune-rouge. Car les concurrents belges n’ont pas démérité durant cet hiver. Le champion de Belgique Emiel Verstrynge a montré avec sa victoire à Flamanville sa montée en puissance en cette fin de saison, le plaçant comme leader naturel de cette sélection. Surtout vu la lourde chute du champion d’Europe sur route espoir, Thibau Nys, lors du championnat de Belgique de cyclo-cross : revenu à la compétition voici seulement une semaine, il s’est rassuré avec une 5e place à Hamme après trois victoires d’affilée dans la semaine précédent sa blessure à l’épaule. Sera-t-il remis à Fayetteville ? Le fils de Sven Nys l’affirme en tout cas.
Le Belge Niels Vandeputte, souvent aux prises avec les élites cet hiver, sera également un candidat au podium sur ces routes rapides. Ce qui confirme l’intérêt pour la Belgique de la jouer collectif. Car derrière, d’autres candidats s’annoncent comme le Britannique Cameron Mason, vainqueur à Termonde et auteur d’une saison pleine sur divers terrains, que ce soit rapide, vallonné ou technique. Le Britannique de 21 ans sera parmi les favoris. Alors que le Suisse Loris Rouiller, l’Italien Davide Toneatti ou le Français Théo Thomas viseront surtout le Top 5.
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Élites femmes
L’affiche présentée à Hoogerheide confirme ce qui s’était passé en octobre aux États-Unis : la lutte pour le maillot de championne du monde risque d’être un duel entre deux grandes dames du cyclo-cross, Lucinda Brand, tenante du titre, et Marianne Vos, septuple championne du monde de la discipline. Les deux Néerlandaises ont montré voici une semaine qu’elles étaient les plus puissantes du peloton, en plus d’une maîtrise technique qui leur permet de naviguer aux avant-postes sans difficulté. Et sur ce circuit où le braquet sera important, Vos et Brand auront l’avantage.
Les deux représentes bataves ne sont évidemment pas à l’abri d’adversaires prêtes à tout pour enfin les devancer. La Hongroise Blanka Kata Vas, qui est passée chez les élites au début de l’hiver, espère bien y parvenir malgré ses 20 ans et sa première saison avec les pros. Elle est rapide sur ce type de terrain, mais manque d’endurance au fil des 50 minutes prévues pour les élites femmes. Elle devra donc donner tant et plus pour croire en la victoire. Alors qu’en l’absence de Denise Betsema, touchée par le Covid-19, les Pays-Bas auront d’autres cartes en poche avec Annemarie Worst, toujours régulière, Ceylin del Carmen Alvarado, si elle retrouve sa meilleure condition après une saison blanche, ou encore Inge van der Heijden.
Côté belge, Sanne Cant a montré ces dernières semaines une forme ascendante qui peut lui permettre d’espérer un jour parfait, elle qui est toujours prête pour les jours de championnats. Elle n’est toutefois pas la seule sur ce créneau. La Canadienne Maghalie Rochette sera également candidate au podium à Fayetteville, tout comme l’Américaine Clara Honsinger, qui a toutefois perdu en puissance au fil de l’hiver. L’Italienne Silvia Persico sera aussi à surveiller, de même que les sœurs Hélène et Perrine Clauzel.
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Élites hommes
Les Mondiaux se termineront ce dimanche soir par l’épreuve des élites hommes, certainement celle qui a connu le plus discussions durant l’hiver. Malheureusement, les stars qui ont marqué le dernier championnat du monde, Mathieu Van der Poel (blessé au dos) et Wout van Aert (repos avant sa reprise sur route), ne seront pas de la partie en Arkansas. Cela ouvrira certainement la course à un spectacle plus intéressant encore. Car les candidats au titre mondial se multiplient avec ces absences notées.
Vainqueur de la Coupe du monde, Eli Iserbyt est apparu comme le plus régulier de l’hiver… quand Van Aert n’était pas au départ. À part un mois de décembre en rase-mottes, le coureur de poche de Pauwels Sauzen-Bingoal a tout raflé en début et fin de saison. Bien plus régulier que par le passé, il a confirmé au fil du mois de janvier qu’il arrivait à son pic de forme pour Fayetteville, en attestent ses victoires à Flamanville et Hoogerheide. Et au sein de l’équipe belge, il sera l’un des leaders désignés avec Toon Aerts qui est capable également de trôner sur la première marche du podium sur ce type de circuit et dans un bon jour.
L’équipe belge manquera toutefois celui qui s’était imposé à Fayetteville en octobre, Quinten Hermans, positif au Covid-19 avant son départ pour les États-Unis. La sélection comptera certainement sur Michael Vanthourenhout et Laurens Sweeck, équipiers d’Iserbyt durant le reste de la saison, pour jouer les jokers et les équipiers de luxe.
Face à cette sélection favorite, les Pays-Bas ne seront qu’à deux. Mais avec le champion d’Europe Lars van der Haar comme leader, l’équipe «oranje» peut croire à l’arc-en-ciel. Le coureur néerlandais a les mêmes caractéristiques qu’Iserbyt. Il a affiché ses ambitions à Hoogerheide et reste un homme de championnat. De même que le Britannique Tom Pidcock. Véritable phénomène sur tous les terrains, le champion olympique de VTT a confirmé son envie d’obtenir les titres de champion du monde en cyclo-cross, en VTT et sur route, si possible sur la même saison. Sans Van der Poel, ni Van Aert, Pidcock sait qu’il a une occasion en or à Fayetteville. Mais il a également vu la concurrence de Van der Haar et Iserbyt à Hoogerheide… Et derrière ? Il ne reste pas grand-monde pour empêcher ceux-là de briller.
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Photo de couverture : Alain Vandepontseele/Alain VDP Photography – Carte : CyclocrossFayettevilleAR2022/UCI