La dixième manche de la Coupe du monde de cyclo-cross organisée ce dimanche dans la station de ski italienne de Val di Sole a réveillé les appétits olympiques des organisateurs de ce sport hivernal : et si on ajoute de la neige dans l’équation, le cyclo-cross peut-il enfin devenir un sport olympique ? Ce n’est pas aussi simple…
L’appel du pied est clair : sur la dernière semaine, les réseaux sociaux de la Coupe du monde de cyclo-cross ont martelé le caractère exceptionnel de la dixième manche organisée dimanche dernier à Val di Sole. Pour une fois, pas de boue ou de forêt. Juste un terrain totalement blanc, une neige à dompter et des chemins gelés. À plus de 1 300 mètres d’altitude, le tracé italien proposait un circuit inédit qui marquait le caractère hivernal d’une discipline très belgo-néerlandaise, qui ne connaît que rarement des conditions neigeuses.
« Ambitions olympiques »
L’UCI et Flanders Classics, en charge de cette Coupe du monde de cyclo-cross, ont donc accueilli avec joie la proposition de Val di Sole, qui a déjà organisé les récents championnats d’Europe de VTT, d’accueillir une manche dès cette saison. Les promoteurs italiens de l’événement sont venus à plusieurs rendez-vous de cette Coupe du monde, comme Overijse fin octobre, afin de découvrir les subtilités de cette discipline très centrée autour de la tradition flamande. Et ont visiblement réussi leur pari au vu des épreuves proposées ce week-end, remportées par la Néerlandaise Fem van Empel et le champion de Belgique Wout van Aert.
Et l’objectif de cette organisation était clair dans l’esprit de Tomas Van den Spiegel, CEO de Flanders Classics : « Ce cyclo-cross est un test. Cela fait plusieurs années qu’on évoque l’idée de faire du cyclo-cross un sport olympique. Mais cela n’a jamais été concret. Il doit y avoir une première preuve que c’est possible, avec un cyclo-cross dans une station de ski. Cela devrait renforcer les ambitions olympiques de ce sport », annonce-t-il dans le quotidien flamand Het Nieuwsblad.
L’idée est évidemment intéressante, à l’heure où le cyclo-cross tente de s’internationaliser et de se professionnaliser, à l’image de cette nouvelle mouture de la Coupe du monde de cyclo-cross. Mais une épreuve dans la neige ne suffira pas forcément à convaincre le Comité International Olympique (CIO). Au mieux, le cyclo-cross pourrait être inscrit comme sport de démonstration lors des Jeux d’hiver de 2026 à Milan-Cortina, avant d’envisager une inscription officielle parmi les disciplines olympiques en 2030. Et cela se ferait au détriment d’une autre discipline cycliste, sur la piste, le VTT ou la route…
« Une affaire néerlando-flamande »
Mais on est encore loin d’un tel objectif. Car l’internationalisation du cyclo-cross est encore très limitée, comme cela se confirme cette saison malgré les manches développées aux États-Unis. « On a déjà organisé par le passé un cyclo-cross dans la neige à Poprad, en Slovaquie. Cela ne va pas changer grand-chose. Il est beaucoup plus important que ce sport soit plus international. Pour l’instant, c’est encore une affaire trop néerlando-flamande. Nous devons d’abord faire quelque chose à ce sujet », rappelle le président de la fédération belge de cyclisme, Tom Van Damme, dans Het Nieuwsblad.
Le cyclo-cross peut être ambitieux et proposer des innovations, comme cette épreuve à Val di Sole, c’est évidemment pour le mieux. Cela apporte une belle couverture médiatique, un bel intérêt sportif… Mais l’ambition doit être réaliste et le cyclo-cross reste jusqu’ici une discipline encore très confidentielle. La médiatisation s’améliore au-delà de la Belgique, mais elle reste encore limitée. Exemple en France : les prochaines manches de la Coupe du monde de cyclo-cross sont diffusées uniquement sur Internet, que ce soit sur le site de L’Équipe ou d’Eurosport Player. Donc pour un public averti et peu nombreux. C’est ce sur quoi l’UCI et Flanders Classics doivent travailler en priorité avant d’imaginer une inscription au programme du CIO.
Photo : Alain Vandepontseele/Alain VDP Photography