Le duel des sables a tourné à l’avantage des Néerlandais, ce samedi, pour la première course des championnats du monde de cyclo-cross. Le titre des espoirs revient à Pim Ronhaar, auteur d’une course propre dans le final, lâchant les chevaux aux moments opportuns sur la plage ostendaise. À seulement 19 ans, il confirme son potentiel pour sa deuxième saison parmi les espoirs, et se révèle, avec Ryan Kamp, comme la nouvelle pépite batave face aux ambitions belges dans les labourés.
Cette course inaugurale des Mondiaux de cyclo-cross revêtait une importance particulière au-delà des coureurs de moins de 23 ans au départ. Il allait ainsi montrer aux futurs concurrents de ces championnats du monde, ainsi qu’aux amateurs de cyclo-cross les difficultés qui s’annonçaient entre l’hippodrome et la plage de la mer du Nord. Comment envisager la descente du pont surplomber l’avenue Reine Astrid ? Quelle trajectoire privilégier dans le sable, avec les changements de la marée ? Comment gérer les chemins boueux et glissants à l’intérieur de l’hippodrome ? Les espoirs masculins allaient essuyer les plâtres, sous un ciel menaçant et face à un vent particulièrement traître sur la digue. Avec les rafales soufflant de face au bord de l’eau, les coureurs devaient affronter une température ressentie de -4°C…
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Mais pas le temps de réfléchir à la météo : le tracé s’annonçait déjà assez technique et usant que pour penser à se réchauffer. Les premiers tours de roue dans le sable confirmaient les difficultés de trajectoire, et de tactique. Certains décidaient de rester sur le vélo le plus longtemps possible, d’autres s’essayaient à la course à pied, et plusieurs essayaient même de traverser les vagues pour affronter un sable plus meuble. Cela entraînait toutefois certains à leur perte comme le tenant du titre Ryan Kamp, victime d’un soleil puis de trajectoires malheureuses sur ce passage piégeux.
« Faire la différence dans le sable »
Le Belge Niels Vandeputte était également victime d’un soleil dans la descente du pont, alors que le Britannique Thomas Mein subissait pour sa part le pouvoir de la pluie sur l’escalier prévu en fin de course. Un endroit où Kamp glissait également lourdement en deuxième partie de course. Plusieurs voix se faisaient d’ailleurs entendre sur les réseaux sociaux et le plateau de Sporza, après-course, pour demander un tapis antidérapant sur ces marches devenues patinoire au fil de l’après-midi.
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Malgré ces divers incidents, personne ne parvenait à se dégager en tête de course, et une vague bleue (les coureurs belges) et orange (les Néerlandais) envahissait la plage ostendaise durant les trois premiers tours. Avant que Pim Ronhaar prenne une meilleure trajectoire dans ce sable très aléatoire. « J’ai pu faire la différence dans le sable, dans les trajectoires à prendre sur cette plage. Pourtant, je n’ai pas l’habitude du sable, mais dès le troisième tour, j’ai commencé à trouver le bon rythme et à le conserver », expliquait-il après l’épreuve. Trois secondes, six, dix, quinze… Le Néerlandais de Pauwels Sauzen-Bingoal ne lâchait rien, et réalisait des trajectoires particulièrement propres pour conserver la tête de la course en solitaire.
Kielich et Verstrynge ne résistent pas à Kamp
Derrière, les Belges Timo Kielich et Emiel Verstrynge (qui était encore 3e des Mondiaux chez les juniors l’an dernier) poussaient tant et plus sur le pont ou sur les chemins de l’hippodrome, mais ils ne parvenaient pas à revenir à moins de dix secondes de Ronhaar. Pire : le tenant du titre Ryan Kamp, pourtant longtemps recalé à l’arrière après ses nombreuses fautes, retrouvait un second souffle et enchaînait les accélérations pour revenir sur les deux locaux, puis les déborder dans le dernier tour. Kamp revenait ainsi à seulement six secondes de Ronhaar !
Mais l’homme de tête tenait bon et filait sur l’ultime ligne droite en imitant l’oiseau s’envolant vers l’arc-en-ciel : « Je n’y ai pas vraiment cru jusqu’au dernier tour. Quand j’ai vu la ligne et que j’ai vu derrière moi Ryan (Kamp) en deuxième position, j’ai su que c’était bon. C’était une très belle course », souriait Pim Ronhaar, tout en détente après son premier titre mondial, lui qui avait déjà conquis un maillot de champion d’Europe chez les juniors voici deux hivers. Il s’impose ce samedi face à Kamp, alors que Timo Kielich complète le podium, en tant que meilleur représentant belge devant le tout jeune Verstrynge.
Pim Ronhaar a failli raccrocher
Ronhaar revient pourtant de loin. Durant cette saison passée parmi les pros (comme le reste des espoirs, en raison de la crise du Covid-19 qui a mené à l’annulation de quasiment toutes les courses pour jeunes), le coureur de 19 ans, originaire d’Overijssel, a justement mal vécu les semaines qui ont suivi son titre européen. Anxieux, déprimé, et victime de crises d’épilepsie à répétition, le Néerlandais a connu de nombreux problèmes après ce succès de prestige. Le protégé de Jurgen Mettepenningen a même songé à raccrocher le vélo face à cet épisode difficile sur le plan mental. Pim Ronhaar a demandé de l’aide auprès de l’ancien cycliste Rob Harmeling et d’un ami de la famille, Joey van Rhee, pour gérer psychologiquement ces phases compliquées. Ce soutien lui a permis de grandir au fil de la saison, et de retrouver la passion de la compétition.
Cette saison, Pim Ronhaar s’est rassuré à Termonde avec une prometteuse huitième place sur une manche de Coupe du monde boueuse à souhait, il a également confirmé au fil de la saison qu’il était parmi les cinq meilleurs espoirs de la saison, enchaînant les places sur le Top 20. Une grande journée lui a permis ce samedi de conquérir la plus belle victoire de sa carrière, deux ans après avoir failli tout raccrocher. Le phénix néerlandais renaît de ses cendres.
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Résultats de la course des espoirs hommes aux championnats du monde de cyclo-cross 2021 à Ostende :
- Pim Ronhaar (Pays-Bas), les 6 tours de 3 km en 49:47
- Ryan Kamp (Pays-Bas) à 0:08
- Timo Kielich (Belgique) à 0:14
- Emiel Verstrynge (Belgique) à 0:19
- Toon Vandebosch (Belgique) à 0:31
- Mees Hendrikx (Pays-Bas) à 0:33
- Anton Ferdinande (Belgique) à 0:55
- Niels Vandeputte (Belgique) à 1:01
- Ben Turner (Royaume-Uni) à 1:20
- Tim van Dijke (Pays-Bas) à 1:21
- Filippo Fontana (Italie) à 1:50
- Joran Wyseure (Belgique) à 1:55
- Thomas Mein (Royaume-Uni) à 1:58
- Loris Rouiller (Suisse) à 1:59
- Dario Lillo (Suisse) à 2:16
- Hugo Jot (France) à 2:24
- Kyle Agterberg (Pays-Bas) à 2:49
- Théo Thomas (France) à 2:54
- Joris Delbove (France) à 2:59
- Luke Verburg (Pays-Bas) à 3:05
- Toby Barnes (Royaume-Uni) à 3:21
- Tom Maingenaud (France)
- Jofre Cullell Estape (Espagne) à 3:49
- Lars Sommer (Suisse) à 3:58
- Rémi Lelandais (France) à 4:09
- Felix Stehli (Suisse) à 4:23
- Rory McGuire (Royaume-Uni) à 4:42
- Ugo Ananie (France) à 4:56
- Robert Hula (République tchèque) à 5:04
- Daniel Barnes (Royaume-Uni) à 5:15
- Oliver Vedersø Sølvhøj (Danemark) à 5:18
- Oliver Stockwell (Royaume-Uni) à 5:32
- Gustav Frederik Dahl (Danemark) à 5:44
- Antoine Huby (France) à 6:16
- Loïc Bettendorff (Luxembourg) à 6:21
- Cédric Pries (Luxembourg) à 6:24
- Jakub Riman (République tchèque) à 6:36
- Simon Bak (Danemark) à 6:37
- Marco Pavan (Italie) à 7:31
- Ian Millennium (Danemark) à 8:13
- Samuele Leone (Italie) à 1 tour
- Jakub Musialik (Pologne)
- Krzysztof Domin (Pologne)
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