Les 10 coureurs à suivre sur le Tour de France 2017

Cette 104e édition du Tour de France n’a jamais semblé offrir une course au maillot jaune aussi ouverte. Alors que dans la course au maillot vert, Peter Sagan partira encore avec les faveurs des pronostics. Et pour le maillot à pois ? La lutte s’annonce aussi plus ouverte. On fait le point avec les dix coureurs qu’il faudra suivre durant ces trois semaines de course, entre Düsseldorf et Paris.
criterium du Dauphine 2017 – 11/06/2017 – Etape 8 – Albertville / Plateau de Solaison (115km) – Christopher FROOME (TEAM SKY)
Cette 104e édition du Tour de France n’a jamais semblé offrir une course au maillot jaune aussi ouverte. Le fait que Chris Froome (Sky), triple vainqueur de l’épreuve, arrive en juillet sans la moindre victoire au palmarès aide certainement à cette impression que le Britannique peut également faillir dans ses objectifs, après s’être montré si dominateur dans les montagnes françaises. Alors que dans la course au maillot vert, le champion du monde Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) partira encore avec les faveurs des pronostics au vu de son retour en verve en Californie et en Suisse. Et pour le maillot à pois ? La lutte s’annonce aussi plus ouverte. On fait le point avec les dix coureurs qu’il faudra suivre durant ces trois semaines de course, entre Düsseldorf et Paris.

Christopher Froome (G-B, Team Sky)

Le plus expérimenté. À 32 ans, le « Kényan blanc » a encore faim de maillot jaune. Au fil des années, son programme se réduit à peau de chagrin, le menant sur une route de plus en plus directe vers le Tour de France. Cette année, Froome a enchaîné moins de cinq courses par étapes avant de prendre la direction de Düsseldorf. Préférant visiblement la moindre présence d’oxygène sur le Teide, à Tenerife, ou la neige éternelle sur les cols français qui pimenteront en juillet les routes du Tour, le Britannique se dévoile seulement quand la victoire représente une opportunité claire. Ou quand la préparation pour la conquête du paletot jaune le préconise. Froome sait que ses meilleures années sont derrière lui et qu’une économie de moyens est nécessaire pour arriver au meilleur de sa condition au début de l’été.

D’où sa performance en dents de scie sur le Critérium du Dauphiné. Plus acéré tactiquement, le calme leader du Team Sky est apparu aussi moins en verve physiquement. Les cannes se faisaient lourdes dans le final, le coup de pédale moins virevoltant. L’inquiétude amenait du doute chez les observateurs aguerris du Britannique. Dans l’entourage de Froome, on se veut toutefois rassurant, arguant qu’il ne sert à rien d’être prêt sur le Dauphiné. « L’objectif est en juillet », assène-t-on à la manière d’une méthode Coué qui ressemble à une nouvelle tactique adoptée par le staff en noir et bleu, contraint de rassurer.

Chris Froome a tout du favori N.1 par son expérience, mais le physique compte. Et sur ces derniers mois, l’homme fort de la Sky a manqué de mordant. Il se devra de rassurer dès la cinquième étape, sur la première arrivée au sommet, sur la Planche des Belles Filles. Car face à ce Tour peu gourmand en contre-la-montre (seulement 14 kilomètres à Düsseldorf et 26 kilomètres à Marseille), la différence se fera dans les cinq massifs montagneux enfin traversés d’une traite par le peloton du Tour. Froome profitera encore d’une équipe totalement dédiée à sa cause pour asséner ce premier coup. S’il se confirme, du moins. Froome est attendu en première ligne. C’est cela aussi le poids de trois précédents maillots jaunes sur les épaules.

Nairo Quintana (Col, Movistar Team)

Le défi. Alberto Contador avait tenté l’expérience l’an dernier, conclu sur un échec cuisant. Pas de maillot rose ni de jaune à porter, juste le poids d’une charge trop lourde. Enchaîner deux Grands Tours aussi exigeants que le Tour d’Italie et le Tour de France et espérer y accrocher une double victoire en moins de trois mois de temps : difficile à croire en ces années post-Festina et post-Puerto. L’acharnement et le courage sont toutefois des qualités requises chez les cyclistes et il n’est donc pas illogique de voir certains habitués des courses par étapes se lancer dans cette folle aventure, espérant au moins glaner un titre.

Enchaîner les Grands Tours n’est pas forcément le plus compliqué. Demandez à Adam Hansen (Lotto-Soudal) qui entamera ce samedi sa dix-huitième course de trois semaines consécutive. Jouer la victoire sur deux épreuves de ce type, en moins de trois mois, demande toutefois une préparation bien plus acharnée. Nairo Quintana s’y essaie toutefois à une période charnière de sa carrière. S’il n’a toujours pu tâter du maillot jaune, le frêle Colombien a osé s’attaquer à une tâche réservée aux champions. Il lui a toutefois manqué sur le Giro ce panache nécessaire pour triompher. Laissant la victoire à Tom Dumoulin (Sunweb) dans un contre-la-montre impossible à gagner, Quintana est rapidement rentré en Colombie pour reprendre l’entraînement en altitude.

Le physique ne suffira toutefois pas pour combler le vide dans son palmarès déjà garni de maillots blancs et à pois. Quintana doit également modifier sa façon de rouler et jouer la carte du grimpeur, comme lors de ses plus jeunes années, durant lesquelles il était parvenu à faire douter Chris Froome sur les pentes françaises. Dans son statut de leader, le coureur colombien hésite, suce les roues, attend sagement et manque les occasions. Cette attitude lui a fait perdre le Giro, il lui faudra corriger cela pour éviter que le Tour de France se transforme en énième déception. Car c’est bien un contre-la-montre qui clôturera la course au classement général en juillet.

Romain Bardet (Fra, Ag2r-La Mondiale)

L’espoir. Depuis trois ans, les supporters français rêvent éveillés derrière leur écran de télévision ou sur le bord des routes. Un grand coureur en blanc et bleu, un autre en blanc et brun, aux côtés des Froome, Quintana et autres. Thibaut Pinot (FDJ) et Romain Bardet (Ag2r-La Mondiale) représentent cette jeunesse bleu-blanc-rouge qui convoite les sommets du cyclisme mondial. Ils connaissent la montagne, ils connaissent l’offensive, ils connaissent la pression des leaders et en prime, les résultats suivent. Pinot l’a prouvé sur le dernier Tour d’Italie en claquant une étape et une quatrième place au général avant de se présenter sur le Tour de France avec l’envie d’y jouer l’électron libre, destiné à électriser une course parfois morne. Romain Bardet, lui, a préféré la pression du mois de juillet, avec une équipe toujours plus soudée et encore mieux façonnée pour le pousser vers les sommets, au sens propre comme au figuré.

À 26 ans, le Savoyard semble prêt à endosser ce statut, après les inquiétudes et les frustrations encaissées voici deux ans. Le « gamin » de Vincent Lavenu n’a plus besoin d’être infantilisé. Bardet sait que ces quelques erreurs sont avant tout des étapes. Sa deuxième place en 2016 en est l’illustration. Et s’il apparaît toujours un ton en-dessous de certains favoris sur les massifs les plus rudes, sa capacité d’anticiper et d’exploser en pur grimpeur ne peut que l’aider dans sa quête pour le maillot jaune. Il lui manque tout de même cette qualité dans les contre-la-montre pour espérer tâter de la plus haute marche du podium sur les Champs-Élysées.

Richie Porte (Aus, BMC Racing Team)

L’outsider. Depuis son départ du Team Sky, l’Australien est attendu comme l’adversaire ultime de Chris Froome, celui qui connaît tous ses secrets et toutes ses tactiques pour le déborder dans la montagne et sur les contre-la-montre. Et cette année semble la saison ou jamais pour Richie Porte au vu de ses résultats depuis le début de l’année. Contrairement à son rival Britannique qui n’a signé aucun succès probant avant son arrivée à Düsseldorf, le grimpeur de Tanzanie a enchaîné les résultats. À la manière de Froome.

Son seul faux-pas réside en cette dernière étape manquée sur le Critérium du Dauphiné qui l’a empêché de célébrer une ultime victoire de prestige avant le Tour. Physiquement, Porte a pourtant montré qu’il était proche de son meilleur niveau, écrasant ses rivaux sur le contre-la-montre avant de tenir tête aux meilleurs grimpeurs dans la montagne. Mais à l’instar de son équipe BMC, c’est au niveau tactique que l’Australien a pioché. Certes, il sera cette année le leader de la formation américaine, il devra toutefois se montrer plus attentif et éviter de perdre le maillot jaune sur une erreur de timing. En outre, Porte est le spécialiste des jours sans, capable de briller sur les cols pyrénéens avant de peiner dans les Alpes. La constance doit être de mise pour remporter un Tour de France. Porte à travaillé ce point en allant reconnaître toutes les étapes de cette 104e édition de la Grande Boucle. Reste à mettre cela en pratique sur trois semaines.

Esteban Chaves (Col, Orica-Scott)

Le joker. C’est la première fois que le jeune Esteban Chaves découvrira les routes du Tour de France. Et l’attaquant colombien est attendu avec impatience. Lui et son large sourire ont déjà conquis les publics du Giro et de la Vuelta par ses offensives incessantes et ses talents de pur grimpeur, similaires à celles d’un Nairo Quintana qui se découvrirait offensif. Chaves n’a pas forcément la caisse de son illustre compatriote et ses qualités sur le contre-la-montre restent problématiques pour un candidat au maillot jaune. Il a toutefois cette insouciance et cette explosivité qui pourraient lui permettre de surprendre le peloton sur un parcours aussi complet que celui proposé lors de cette 104e édition.

On ne gagne pas le Tour de l’Avenir et le Tour de Lombardie sans avoir une once de talent. Chaves ne s’arrête jamais de surprendre au fil des saisons et arrive, à 27 ans, dans ses plus belles années. Le Colombien risque donc d’être l’un des animateurs de l’épreuve, notamment aux côtés d’un Simon Yates également attendu à l’offensive, un an après son frère jumeau Adam. Malheureusement, le soutien de Chaves s’arrête quasiment là pour le Colombien : Orica-Scott ne dispose pas d’une équipe de grimpeurs qui pourra l’aider jusqu’au dernier col de chaque étape de montagne. Il faudra donc anticiper.

Peter Sagan (Svq, Bora-Hansgrohe)

L’arc-en-ciel. Certains argueront que les meilleurs sprinters n’étaient pas forcément sur le Tour de Suisse, d’autres que les sprints massifs ne se jouaient pas forcément sur des terrains qu’on retrouvera durant ce mois de juillet dans l’Hexagone. Pourtant, le champion du monde a clairement marqué tout le peloton par ses envolées solitaires dans les deux cents derniers mètres menant vers ses deux victoires sur l’épreuve helvète. Impressionnant de puissance, habile dans ses trajectoires, calme dans sa préparation : Peter Sagan a toutes les qualités du futur sprinter dominateur du Tour de France. Déjà vainqueur à cinq reprises du maillot vert, le Slovaque est désormais en bonne position pour égaler Erik Zabel avant même son 28e anniversaire.

Le double maillot arc-en-ciel a certes failli dans ses objectifs du printemps. Le sursaut d’orgueil est toutefois rapidement arrivé, à peine l’été pressenti. Sur le Tour de Californie et le Tour de Suisse, Peter Sagan est monté en puissance, arrivant sur les routes françaises avec le statut de favori tant pour la course aux points que sur les futurs sprints annoncés, faute de concurrence aussi dominatrice. Cet été, Sagan semble en effet en bonne posture pour se défaire des Kittel, Greipel, Cavendish et autre Démare s’il démontre la même habilité que ces dernières semaines.

Arnaud Démare (Fra, FDJ)

La confirmation. Cela fait plus de dix ans que la France attend un sprinter capable de remporter une étape du Tour de France. La dernière génération semble capable de combler ce manque avec notamment Nacer Bouhanni (Cofidis) mais surtout Arnaud Démare, récemment couronné champion de France au terme d’une âpre bataille et une vague légalisée devant Bouhanni. Le coureur de la FDJ a surtout démontré sur le Critérium du Dauphiné qu’il avait désormais la capacité de faire front devant les meilleurs sprinters du peloton, même quand l’été approche. Et même quand le peloton se fait plus dangereux et chargé sur de telles arrivées massives. Tous les ingrédients que les sprinters retrouveront lors du prochain Tour.

En outre, Démare dispose cette année d’une équipe destinée à le pousser sur la première marche du podium. Suite à la décision de Thibaut Pinot de se concentrer sur le Giro, le grimpeur n’aura pas besoin d’équipier comme par le passé. Toute la pression de la FDJ reposera donc sur Démare à l’occasion de cette édition 2017. Et au vu de la condition affichée par d’autres sprinters ces dernières semaines, le double champion de France pleut clairement affirmer ses prétentions.

Mark Cavendish (G-B, Dimension Data)

Le mystère. Quand on aligne 30 victoires d’étape sur le seul Tour de France, les attentes sont logiquement grandes lorsqu’une nouvelle édition de la Grande Boucle s’annonce. Le printemps de Mark Cavendish a pourtant été un véritable cauchemar et il semble difficile de voir le Britannique enchaîner les sprints victorieux comme il avait pu le faire par le passé ces dernières années. Victime d’une mononucléose depuis le début de la saison, le sprinter de l’île de Man n’a repris la compétition qu’au mois de juin à l’occasion du Tour de Slovénie. Sans vraiment jouer la victoire, le Britannique souhaitait avant tout se rassurer sur sa condition de cycliste. Chose faite : Dimension Data a estimé qu’il était prêt pour le Tour de France, malgré un manque certain d’entraînement pour une épreuve aussi éprouvante pour les sprinters que la Grande Boucle.

Cavendish reste donc une énigme pour ce Tour. Le trentenaire a l’expérience nécessaire concernant la gestion d’une course durant laquelle les premières heures se veulent intenses et stressantes. L’arrivée à Liège pourrait ainsi lui permettre de se mettre en jambes. Mais au vu de ses soucis de santé, il faudra plutôt attendre « Man-X » en deuxième et troisième semaines, lorsque le rythme reviendra dans les gambettes. L’essentiel pour Cavendish est de reprendre confiance. Et préparer 2018 en toute quiétude. Et sans pépin de santé.

Rafal Majka (Pol, Bora-Hansgrohe)

Le grimpeur. Avec deux maillots à pois dans la besace, l’ancien footballeur polonais a tout du coureur idéal pour ce classement du meilleur grimpeur. Endurant et offensif, Majka a bien compris qu’il ne fallait pas forcément tenir les meilleurs escaladeurs de la meute pour grappiller des points pour le maillot blanc à pois rouges. Il suffit de quelques attaques bien dosées sur des étapes destinées aux échappées et aux nombreux grands prix de la montagne à franchir pour accumuler les points et tâter du podium au terme de chaque étape plus pentue. Cela a déjà fonctionné à deux reprises pour le Polonais, qui a en outre rapporté trois étapes dans son palmarès.

Trop court pour jouer le classement général sur des courses de trois semaines malgré de solides dispositions en montagne, Majka montre que son endurance est un atout pour ce type de classement et pour amasser les victoires d’étape. On ne demande pas lieux chez Bora-Hansgrohe, qui devrait déjà être bien nourri par Peter Sagan, attendu sur les sprints et dans la poursuite du maillot vert.

Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal)

Le baroudeur. Sa victoire sur le Critérium du Dauphiné ont permis au coureur gantois de confirmer son aisance sur les longues épreuves par étapes, surtout quand la difficulté s’affirme au fil des kilomètres. Depuis son podium sur le Tour d’Italie 2012, Thomas De Gendt a enchaîné les actes de bravoure, confortant son palmarès de succès au panache. Pendant que le monde s’affolait autour de la course à pied de Chris Froome dans le Mont Ventoux, l’attaquant de Lotto-Soudal déposait Serge Pauwels pour triompher du Mont Ventoux, cinq ans après avoir réalisé le même coup sur e Stelvio, autre col mythique aux yeux des fans de la Petite reine.

Thomas De Gendt est de ces baroudeurs courageux, l’homme dont tous les coureurs rêvent pour une bonne échappée. Et au vu des profils dévoilés pour cette 104e édition du Tour de France, le Gantois peut clairement jouer sa carte pour une victoire d’étape voire même le maillot à pois. Dans une équipe belge qui ne peut vraiment jouer le général, il aura certainement toutes les libertés pour s’affranchir du peloton et s’essayer à son exercice préféré : l’offensive au long cours.

> Cliquez ici pour découvrir les cartes et profils des 21 étapes du Tour de France.

Photos : ASO/Tour de France-Critérium du Dauphiné, Photo News/Cor Vos et RCS Sport/Giro d’Italia/La Presse

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