Un sondage réalisé par le syndicat The Cyclists’ Alliance montre encore de grandes disparités dans le peloton féminin, notamment au niveau des salaires et du matériel.
The Cyclists’ Alliance, syndicat cycliste créé en 2017 pour les cyclistes féminines, a dévoilé le 5 novembre dernier les résultats de son sondage annuel, destiné à prendre le pouls économique et social du peloton féminin. Plus de 100 femmes (dont près de 10% évoluant dans le monde du VTT) ont ainsi répondu à ce sondage réalisé entre mai et juin 2020. Logiquement, la crise sanitaire du Covid-19 a touché les coureuses, et plusieurs questions concernant cette pandémie ont également été ajoutées dans cette enquête. Celle-ci dévoile à nouveau de grandes disparités entre les stars du peloton et les cyclistes qui évoluent à un niveau continental ou espoir. Même si The Cyclists’ Alliance souligne des améliorations par rapport à ces dernières années.
Qu’est-ce qui évolue dans le bon sens ? Le syndicat évoque d’abord la part de cyclistes qui demandent des conseils juridiques avant de signer un contrat (de 16% des personnes interrogées en 2019 à 23% en 2020). Car si les agents sont désormais la norme dans le peloton masculin, et négocient les contrats à la hausse pour leurs coureurs, les agents sont bien moins nombreux dans le peloton féminin, et les sportives se retrouvent souvent isolées face au contrat qui peut leur être proposé. Un conseil juridique apparaît donc comme une bouée nécessaire pour éviter des contrats sous-évalués.
Remboursements et second job
Le sondage montre que près de 43% des cyclistes sont contraintes de rembourser leur équipe pour leur équipement, les services des mécaniciens, les coûts médicaux ou les voyages. Même si ce chiffre paraît élevé, il diminue de 8% par rapport à 2019, ce qui démontre au moins une légère amélioration de cette problématique. 33% des femmes expliquent également devoir mener un second travail en plus de leur carrière sportive.
Concernant les salaires, The Cyclists’ Alliance souligne que la part de cyclistes féminines gagnant plus de 30 000 euros l’année évolue dans le bon sens, et passe désormais à 25,5%. Toutefois, il existe une disparité toujours plus grande entre ces grands salaires et le reste du peloton. La part de cyclistes professionnelles gagnant un salaire de… zéro euro, a en effet augmenté pour passer de 17% des personnes interrogées en 2019, à 25% en 2020. Une augmentation qui peut s’expliquer par la crise sanitaire et la difficulté des équipes à poursuivre leurs activités normalement, en l’absence de courses durant de longs mois. Cela n’est d’ailleurs pas un problème propre au cyclisme féminin : plusieurs équipes masculines (CCC, Astana…) ont également diminué radicalement les salaires durant le confinement, au printemps dernier.
Moins de 15 000 euros par an
Le sondage montre enfin que 32% des femmes interrogées gagnent moins de 15 000 euros par an. Cette part importante est notamment due à la crise sanitaire, mais également au fait qu’un salaire minimal a seulement été introduit pour les équipes du WorldTour féminin (actuellement au nombre de huit). La plupart des formations continentales, enregistrées à l’Union Cycliste Internationale, ne sont pas contraintes d’introduire un salaire minimal, contrairement au peloton masculin. Ce qui mène à ces chiffres inquiétants. En outre, suite au Covid-19, 29% des cyclistes interrogées ont vu leur salaire réduit (jusqu’à entièrement) durant cette période difficile.
The Cyclists’ Alliance a également interrogé les cyclistes sur les raisons qui pourraient les mener à quitter ce sport. Pour 72% d’entre elles, il s’agit de raisons financières, alors que 56% évoquent la possibilité de “construire une famille”. 87% des cyclistes affirment encore qu’un meilleur apport financier dans le peloton féminin pourrait les pousser à prolonger leur carrière sportive professionnelle.
Il existe donc des avancées positives dans le peloton féminin, notamment suite aux mesures prises ces dernières années par l’Union Cycliste Internationale. La médiatisation plus importante des courses féminines est également un point à souligner, qui peut améliorer les finances d’un sport rendu encore plus fragile par la crise sanitaire du Covid-19. The Cyclists’ Alliance pointe en tout cas des améliorations, mais rapporte également la nécessité de porter plus d’attention à la base du peloton féminin, au risque de voir des disparités plus importantes s’établir dans les prochaines années, avec la poursuite du WorldTour féminin.
► Découvrez le sondage complet de The Cyclists’ Alliance sur leur site
Photo : Unipublic/ASO/Baixauli Studio/Antonio Baixauli López
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