Wiggle-High5, l’une des équipes les plus reconnues du peloton cycliste féminin, ne prolongera pas une saison de plus, a confirmé la manager de l’équipe sous licence britannique Rochelle Gilmore dans une vidéo.
La rumeur était déjà sur les réseaux sociaux, elle a finalement été confirmée par une vidéo publiée sur le compte YouTube de l’équipe : Wiggle-High5 ne prolongera son aventure dans le peloton féminin la saison prochaine. Rochelle Gilmore, manager de l’équipe et ancienne cycliste professionnelle, a confirmé l’information elle-même. Et la décision ne semble pas seulement être économique, il s’agit également d’une réflexion personnelle de l’Australienne, décidée à quitter ce poste qui demande beaucoup d’investissement.
« En tant qu’athlète professionnelle, que je gagne ou que je perde une course, je pense que dans les cinq minutes qui suivaient, je pensais déjà à la prochaine course et misais tout là-dessus. Je planifiais, je m’entraînais, je coachais », explique Rochelle Gilmore. « Je suis directement devenue manager/propriétaire d’une équipe cycliste féminine ensuite. Durant les six dernières années, je n’avais pas un soir ou un jour où je ne devais pas répondre à des coups de téléphone ou des e-mails, donc j’attends avec impatience un ou deux mois après cette saison pour ne plus avoir la responsabilité ou la nécessité de répondre à un appel 24 heures/24, 7 jours/7. (…) Cela va être un nouveau sentiment pour moi, peut-être passer du temps avec ma famille et mes amis, faire des choses que je n’avais faites auparavant, je n’ai jamais été à un mariage, jamais été dans une relation, je suis sur la route tout le temps, donc dans le futur immédiat, je ne sais pas ce qui m’attend mais il y a de grands projets en vue ».
Rochelle Gilmore avait lancé Wiggle-High5 fin 2012 sous le nom de Wiggle-Honda, et avec l’objectif de développer le cyclisme féminin, mieux payer les cyclistes et améliorer le niveau professionnel des dames. Professionnelle jusqu’en 2014, Gilmore a ainsi participé au développement de cette équipe de l’intérieur avant de devenir manager à plein temps. Depuis lors, l’équipe a bien changé, et le peloton féminin également, avec des équipes qui dépassent aujourd’hui les standards proposés par la formation britannique, qui compte encore 17 cyclistes dont la sprinteuse néerlandaise Kirsten Wild, la spécialiste du contre-la-montre Lisa Brennauer ou la chasseuse des classiques Elisa Longo Borghini. Cette dernière a d’ailleurs été citée par le passé pour rejoindre la future formation menée par les cycles Trek. Pour les autres, il s’agira de retrouver un nouvel employeur dans un paysage qui semble changer au fil des saisons. Audrey Cordon-Ragot, Annette Edmondson ou encore Emilia Fahlin font également partie de cette équipe hétéroclite qui a ramené 18 victoires cette saison, confirmant son talent. 11 membres du staff technique sont également à la recherche d’un emploi d’ici 2019.
Des raisons d’être pessimiste ?
Cela fait plusieurs semaines que des rumeurs indiquaient des problèmes structurels au sein de l’équipe, qui menaient plusieurs cyclistes à chercher un nouvel emploi pour la saison prochaine. Mais cette nouvelle annonce de disparition est en tout cas inquiétante pour le peloton féminin, après l’annonce du crowdfunding de l’équipe Hitec Products pour survivre en 2019 et qui n’a pas rencontré un succès fou, et celle de UnitedHealthcare sur son incertitude à poursuivre le partenariat des deux équipes qu’il sponsorise depuis 2006. Seule l’arrivée de Trek pour le lancement d’une nouvelle équipe pro ambitieuse autour de l’ancienne championne du monde Lizzie Deignan redonne un peu de baume au cœur. Encore faut-il que le budget et l’investissement sur le long terme se confirment.
Rochelle Gilmore, elle, pense toutefois continuer à travailler pour le cyclisme féminin, en participant notamment aux réunions avec l’Union Cycliste Internationale autour du circuit WorldTour et de l’égalité entre les hommes et les femmes dans les pelotons. « Depuis la création de l’équipe, les autres équipes ont atteint voire surpasser notre niveau de professionnalisme chez Wiggle-High5. Pour moi, c’est une chose satisfaisante d’avoir démarré avec ce niveau », explique encore la future ex-manager. « Je ne quitte pas le monde du cyclisme féminin parce que je ne pense pas pouvoir vivre sans ».
Photo : Wiggle-High5