À force de couvrir des courses professionnelles au fil des saisons, on en oublierait presque que le vélo est un outil du quotidien. Qu’elle soit un loisir ou un moyen de locomotion, la bicyclette est incontournable dans notre vie moderne. Elle reste toutefois encore inaccessible à une partie de la population. Car accéder à un vélo demande déjà un investissement important. Apprendre à rouler à deux roues demande par ailleurs du temps, que certaines familles comptent parfois. Et si ces jeunes rêvent d’un jour briller dans les pelotons, il faut encore plus de temps, plus d’argent, plus de motivation pour accompagner ces filles et garçons rempli(e)s d’espoir aux quatre coins de la Belgique, de la France ou d’autres pays fervents supporters du vélo.
Face à cette accessibilité encore difficile à la compétition cycliste, Remco Evenepoel a inauguré dès juillet et présenté mercredi dernier, à son retour de la Vuelta, son projet d’académie cycliste, la R.EV Brussels Cycling Academy. Certains s’interrogeaient sur l’idée de ce club : un nouveau groupe sportif pour former les jeunes vers le noyau professionnel ? Pas seulement. L’objectif du projet porté par le champion de Belgique, en collaboration avec la Ville de Bruxelles et le Team Wilink Brussels de Gérard Bulens, est avant tout social. L’académie pourra accueillir une cinquantaine de jeunes pour trois étapes : d’abord pour une initiation et la découverte du cyclisme, ensuite une initiation à la compétition et un apprentissage plus approfondi du vélo, avant le développement des cyclistes en athlètes.
“Aider les jeunes qui n’ont pas les moyens”
Comme l’explique Remco Evenepoel, « j’ai vu de nombreux jeunes qui ne pouvaient pas s’acheter des chaussures de football ou qui n’avaient pas d’argent pour s’équiper. Nous devons aider et soutenir les jeunes qui n’ont pas les moyens d’acheter un vélo et un casque ». Le coureur de Schepdaal, aux abords de Bruxelles, espère ainsi profiter de sa notoriété pour mener celles et ceux qui arpentent les maisons de jeunes et de quartier vers le vélo. Que ce soit d’abord pour le plaisir, ensuite pour le sport si la passion m’emporte. Des stages seront notamment proposés et des collaborations avec l’université néerlandophone de Bruxelles, la VUB, et l’EnergyLab utilisé par de nombreux sportifs professionnels, ont été annoncés. L’ambition est même de voir une Bruxelloise ou un Bruxellois participer aux championnats du monde de 2030, probablement organisés dans la capitale belge. À l’heure où les Bruxellois se comptent sur les doigts d’une main dans le peloton actuel, Remco Evenepoel et ses partenaires veulent voir grand.
L’objectif est louable et rappelle que le cyclisme est un sport qui ne peut être universel que s’il est accessible au plus grand nombre. Alors que les équipes de l’élite se battent pour des budgets toujours plus affolants, les clubs de jeunes sont nombreux à se plaindre d’un financement de plus en plus difficile et d’un recrutement parfois complexe, en raison de la difficulté de convaincre les parents de mettre les jeunes sur des routes ouvertes souvent dangereuses. Ces projets, comme celui d’Evenepoel, sont donc importants pour rassurer et montrer aux enfants ce que le cyclisme peut leur apporter, notamment en termes de confiance et d’agilité. On peut également citer les initiatives d’ASO, organisateur du Tour de France, sur les villes-étapes de son épreuve-phare, à destination des plus jeunes. Ou les organisations wallonnes de cyclo-cross, qui se multiplient pour proposer aux filles et garçons des courses d’initiation dans les labourés. Ce sont ces projets qui permettront de faire émerger les cyclistes de demain. Pour permettre à ce sport de rester vivant.