Pendant que les Néerlandaises continuent d’enchaîner les victoires de prestige sur les cyclo-cross féminins (la dernière victoire d’une non-Néerlandaise sur un cyclo-cross belge de classement date du… 1er novembre 2021, soit Clara Honsinger sur le Koppenbergcross), les autres représentantes des labourés tentent de se faire une place sur ces courses intenses et particulièrement usantes. Des individualités se dégagent telle la championne hongroise Blanka Kata Vas, l’espoir britannique Zoe Backstedt ou l’Italienne Silvia Persico. Côté belge, la championne nationale Sanne Cant connaît une saison difficile, alors que Marion Norbert-Riberolle se maintient dans le Top 15.
Et du côté français ? Le cyclo-cross a souvent été le parent pauvre du cyclisme tricolore, mais les représentantes de la discipline retrouvent des couleurs ces dernières saisons. Grâce à une professionnalisation plus marquée et des carrières désormais consacrées en partie à ce sport hivernal. Line Burquier est ainsi l’un de ces nouveaux visages français qui s’affiche régulièrement parmi les places d’honneur des cyclo-cross cette année. Toujours dans le Top 15 des Coupes du monde disputées depuis le début de l’hiver, vice-championne d’Europe chez les espoirs derrière l’intouchable Puck Pieterse, la vététiste de 19 ans a démarré sa deuxième partie de saison sur de bonnes bases avec une onzième place à Gavere et une douzième place à Diegem, sur des parcours physiques qui auraient pu la désavantager, selon ses propres termes.
Line Burquier : « Je ne veux pas que cela devienne une contrainte »
« Je reprends mes marques, doucement. C’est sûr que je préférerais un peu mieux, on espère toujours un peu mieux. Mais les résultats actuels sont satisfaisants. J’ai juste encore quelques réglages à faire, des cases à cocher. Je vais prendre le temps désormais », explique la jeune Savoyarde, douzième et première Française à Diegem. D’ailleurs, la pression n’est clairement pas dans son esprit. L’objectif reste de prendre du plaisir, même s’il s’agit d’épreuves intenses : « Toutes les courses actuelles, c’est du niveau de la Coupe du monde. Il n’y a pas de petite course d’entraînement. On y va, et on sait qu’il y aura du niveau… Une petite erreur et ça ne pardonne pas, quelqu’un peut directement revenir de l’arrière pour dépasser. Il faut toujours être concentrée et vigilante ».
Line Burquier vise évidemment le prochain championnat de France, mais sans se brusquer : « Je ne suis pas là pour me prendre la tête, je prépare tranquillement le championnat de France. Le cyclo-cross, c’est fait pour préparer ma saison de VTT. Ces cyclo-cross, je les fais vraiment pour le plaisir, et je ne veux pas que cela devienne une contrainte à un moment donné. Si je sens que je suis trop fatiguée ou que ce n’est pas du plaisir, ce n’est pas la peine de continuer pour moi », conclut-elle.
Perrine Clauzel : « Je suis surprise »
Affichant également un large sourire malgré un sprint haletant pour la quinzième place avec la championne américaine Clara Honsinger, Perrine Clauzel (AS Bike) se disait pour sa part surprise de sa performance du soir. « C’est déjà la troisième course que j’enchaîne en trois jours. Je me sens super bien, je suis montée en puissance depuis Gavere. Je sens que cela me fait du bien de courir », note l’Alsacienne de 28 ans. « Et aujourd’hui, j’ai aimé l’ambiance, j’ai aimé le fait de courir de nuit. Même si c’est comme si on courait en plein jour, tellement c’est bien éclairé. Il faudrait qu’il y en ait un peu plus ! »
Les résultats plaident en tout cas en la faveur de celle qui fut vice-championne de France de cyclo-cross en 2021 : « Je suis surprise : 23e à Gavere, 17e à Zolder et top 15 à Diegem, c’est bien ! Surtout que le niveau était encore similaire à une Coupe du monde aujourd’hui. La forme va crescendo. Désormais, je rentre chez moi, je disputerai encore le cyclo-cross de Meilen, en Suisse, avant de revenir pour Zonhoven et les dernières manches de Coupe du monde jusqu’aux Mondiaux. Je vise aussi la gagne au championnat de France, la seule victoire qui me manque ».
Ce qui a surtout changé cet hiver, c’est la location d’un logement en Belgique pour l’ensemble de l’équipe AS Bike. Ce qui change beaucoup de choses, et lui permet de réaliser cette saison des résultats probants, comme une 9e place à Ruddervoorde ou Niel ou encore une 13e place à Hulst : « On avait déjà loué un logement en 2020, durant la crise du Covid-19, mais je bossais en même temps à côté, donc c’était compliqué à gérer. Cette année, avec ce logement, on a pu rester en Belgique entre deux courses. Cela nous permet de limiter les voyages et la fatigue. C’est vraiment plaisant. Et on peut faire aussi de bons entraînements comme ça. Même si on ne connaît pas encore tous les bons endroits, on découvre chaque semaine les coins. Cela permet aussi de bien souder le collectif, on reste tous ensemble, c’est très convivial. On apprend aussi des autres, sur leurs méthodes d’entraînement, leur alimentation. C’est bien plus motivant que de rester chez soi. »
Pauline Ferrand-Prévot : « Cela va un peu mieux »
Championne du monde de cyclo-cross en 2015, la Française Pauline Ferrand-Prévot a connu une histoire mouvementée avec les labourés. La multiple championne du monde multi-disciplines espérait ainsi poursuivre sa belle série de titres (après le VTT cross-country, short track, marathon et le gravel), mais son retour en cyclo-cross pour la première fois depuis deux ans n’a pas été aussi heureux. Depuis son passage chez INEOS Grenadiers, la Champenoise de 32 ans a du mal à trouver le bon rythme, malgré quelques résultats encourageants comme sa 7e place au championnat d’Europe ou à Dublin. Ce mercredi, à Diegem, elle a terminé 19e après un premier tour marqué par un problème de dérailleur puis un changement de vélo qui l’a fait chuter.
PFP espère surtout se débarrasser rapidement d’un problème à la hanche : « J’ai encore un petit problème avec mon artère qui me fait mal au niveau de la hanche et de la jambe. On a essayé ces derniers jours de changer ma position sur le vélo, pour que je sois plus allongée, un peu comme sur le VTT, pour libérer cette artère. Cela va un peu mieux, maintenant, il faut le temps de reprendre le rythme. Je ne pouvais pas forcer comme je voulais jusqu’ici. Et aujourd’hui, j’ai pris un bon départ, puis j’ai connu ces problèmes mécaniques », dit-elle au milieu d’un public pour lequel elle se montre toujours disponible pour une photo ou une dédicace.
Cela remet-il en cause l’objectif de Pauline Ferrand-Prévot en cette fin d’hiver, à savoir un nouveau titre mondial ? « Maintenant, il faut prendre les courses comme elles viennent, les prendre comme des entraînements. Je pense que les prochaines courses ne seront pas des objectifs. Là, j’ai beaucoup de retard sur le plan prévu, je ne peux pas me permettre de prendre plus de retard », conclut celle qui est encore annoncée à Zonhoven, avant le championnat de France à Bagnoles-de-l’Orne, en Normandie.