On attendait beaucoup de ce championnat du Monde des élites, après une saison dominée de la tête aux pieds par le local Mathieu Van Der Poel. Chez lui, dans son jardin, le batave ne pouvait pas se louper à Valkenburg, et pourtant. Le Belge, Wout Van Aert fit de ce cross une réelle démonstration, en s’imposant de plus de 2′ sur son compatriote Michael Vanthourenhout, et le pauvre Mathieu Van Der Poel.
Personne n’avait en tête un scénario comme celui produit sur les pentes du Cauberg, en cet après-midi hivernal. Les deux favoris voulaient une bataille rangée, que la victoire se gagne à la force du jarret. Et ce fut le cas, même si le maillot irisé ne devait pas aboutir sur les épaules que tout un peuple attendait. Une envolée sous la conduite de Tim Merlier et Lars van der Haar -que l’on reverra nettement moins par la suite-, et déjà Van Aert prend quelques mètres à Van Der Poel. Pas pour bien longtemps, car le TGV néerlandais se mettait en route, et en moins de 3’30″ de cross, il se retrouvait seul en tête.
Pas possible de le laisser aller seul, se disait Wout, et en compagnie de Vanthourenhout, la jonction était faite deux minutes plus tard. Michael a du mal à suivre les deux cadors, et au terme du premier circuit (couvert en 9’46″), il possédait 6″ de retard sur la paire Van Der Poel – Van Aert. C’est alors que se produisait un fait de course, comme il en fut bien d’autres sur ces championnats, Mathieu se prenait un poteau de pub, et le temps de se remettre en selle, et reprendre le rythme, Wout s’était envolé.
Cinq, dix, quatorze, vingt-cinq secondes d’écart entre les deux hommes, en un tour, si bien que Michael parvient à revenir dans les échappements de Mathieu. Le coup au moral était bien là, Van Der Poel se faisait quelque peu lâcher par Vanthourenhout, et ne revenait jamais dans le coup pour la gagne. A l’arrière, Toon Aerts limite les dégâts, tout comme Tim Merlier. Par contre pour Laurens Sweeck, les crevaisons se multiplieront, pour l’empêcher de revenir devant.
Un peu plus loin encore, car les écarts à l’arrivée seront impressionnants, on retrouve Michael Boros et Steve Chainel, auteur d’un très beau championnat. Dans le quatrième tour, Michael Vanthourenhout semblait souffrir de crampes à la cuisse droite, Mathieu en profitant pour le distancer. Cela fut de très courte durée, le Belge comble le trou, et place une accélération. Les deux premières places sont connues, on suivait alors le retour de Toon Aerts sur Van Der Poel. Alors que ces derniers roulaient ensemble, mais à près de 3′ de Van Aert. Sursaut d’orgueil, le batave plaçait déferlante pour aller chercher la médaille de bronze, très peu consolatrice.
Les sept belges au départ se classent dans le Top-11.
Wout Van Aert: ″J’espérais une bataille avec Mathieu, mais au second tour j’ai eu un peu ma chance, et j’ai directement accéléré. Je ne peux pas croire à cette facilité sur un tel circuit. D’autant que c’est un Mondial, et qu’on ne peu pas prendre le moindre risque sans tout compromettre. C’est incroyable pour le Team Belgique, avec ces trois victoires, et surtout pour Sven Vanthourenhout, qui a fait les bons choix.″
Wout Van Aert est champion de monde pour la troisième fois de rang: 2016 – Zolder, 2017 – Bieles et 2018 – Valkenburg, chez les élites. En U23, il était sacré en 2014 à Hoogerheide, soulignons que ce résultat est identique à celui de ce jour, avec Wout Van Aert devant Michael Vanthourenhout et Mathieu Van Der Poel.
Pour Adrie Van Der Poel, le père de Mathieu et David, la suprématie de Wout Van Aert n’est pas claire. A deux tours de la fin, il déclarait: ″Wout a le visage qu’il avait à Bredene. Ce n’est pas normal qu’il creuse aussi facilement les écarts sur un tel circuit. Si cela continue, il va mettre 4′ au second.″
Le Top-10:
- Wout Van Aert en 1h09’00″
- Michael Vanthourenhout à 2’13″
- Mathieu Van Der Poel à 2’30″
- Toon Aerts à 3’16″
- Lars van der Haar à 4’29″
- Gioele Bertolini à 4’42″
- Tim Merlier à 4’56″
- Laurens Sweeck à 5’21″
- Daan Soete à 5’30″
- Steve Chainel à 5’51″