La question dans les journaux belges étaient la suivante, ce samedi matin : qui donc pouvait battre le collectif de Deceuninck-Quick Step sur cette classique d’ouverture de la saison belge ? La question se transformait en confirmation au fil des kilomètres sur ce Circuit Het Nieuwsblad. À tous les niveaux, les coureurs du Wolfpack étaient présents, parfaitement placés. Même dans un sprint massif surprenant, facilement dominé par l’Italien Davide Ballerini.
« J’avais le sentiment ce matin que la course allait se terminer au sprint », commentait Philippe Gilbert (Lotto-Soudal) après plus de 200 kilomètres couverts à plus de 44 km/h sur les routes flandriennes. Une course rapide et surprenante de bout en bout, mais pas forcément dans le même sens que l’an dernier. Pas de grand feu d’artifice ou d’attaque anticipative dans les Ardennes flamandes : les favoris restaient bien tranquilles dans le peloton et suivaient le rythme effréné, imprimé par la Deceuninck-Quick Step en tête de meute. « Tim Declercq a mené un très gros tempo, c’était difficile donc d’essayer d’accélérer, en plus avec le vent de face dans les 70 derniers kilomètres », ajoute Philippe Gilbert, confirmant le travail du « Tracteur » belge, décidé à éviter la moindre offensive d’un candidat à la victoire sur ces routes vallonnées. « Tim a fait un super travail pour contrôler », relance le champion du monde Julian Alaphilippe.
Un groupe de rêve
En parlant de favori, le champion du monde s’est bien montré sur ces routes. Mais encore une fois pour contrôler. Le champion du Danemark Kasper Asgreen faisait le job en tête de peloton à près de 70 kilomètres de l’arrivée, et ses équipiers Yves Lampaert et Julian Alaphilippe prenaient le relais dans les 50 derniers kilomètres. Une glissade de Lampaert dans un virage pavé de la Holleweg bousculait toutefois les certitudes du Wolfpack : Alaphilippe se retrouvait donc à mener ce contrôle du peloton dans le Molenberg, à l’occasion d’une attaque menée par Matteo Trentin (UAE Team Emirates) et Zdenek Stybar (Deceuninck-Quick Step), avec les jeunes Arjen Livyns (Bingoal-Wallonie Bruxelles), Olav Kooij (Jumbo-Visma), Davide Ballerini (Deceuninck-Quick Step) dans la roue, mais également les expérimentés Greg Van Avermaet (Ag2r Citroën Team), Michael Gogl (Qhubeka ASSOS) et Christophe Laporte (Cofidis) juste derrière. Tom Pidcock (INEOS Grenadiers) et Kevin Geniets (Groupama-FDJ) revenaient également pour agrémenter ce groupe d’attaquants qui semblait être le bon pour jouer la victoire à Ninove.
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Dans le Berendries, un arc-en-ciel s’envolait et cassait l’équilibre de ce groupe. Alaphilippe s’isolait en tête et prenait jusqu’à vingt secondes d’avance sur une poursuite que Ballerini et Stybar (avant une mauvaise chute « sans que je sache pourquoi », selon l’intéressé) tentaient de casser. « Avec l’attaque d’Alaphilippe que je ne pouvais pas suivre, c’était difficile de trouver une bonne collaboration entre tous les poursuivants. Il y avait beaucoup de coureurs qui préféraient contrer », rapporte Greg Van Avermaet, souvent contraint de relancer derrière le champion du monde.
Alaphilippe : « Difficile d’aller au bout »
La victoire était-elle déjà jouée alors que la poursuite semblait en difficulté ? « Je ne pense pas que j’aurais pu gagner en solo. Cela aurait été difficile pour moi d’aller jusqu’au bout. L’objectif, c’était d’avoir toujours quelqu’un de l’équipe devant, afin de laisser Davide (Ballerini) tranquille pour le sprint », clame Alaphilippe à l’arrivée. « On en avait parlé juste avant le Berendries : j’avais dit à Alaphilippe qu’il devait essayer s’il le sentait. Je voyais qu’il avait les jambes. Ce n’était pas top par contre qu’il parte toute seul. J’ai essayé de casser la poursuite, mais ce n’était pas simple », confirme Davide Ballerini de son côté.
Alaphilippe était finalement repris juste avant le Mur de Grammont, tout comme les autres attaquants du Molenberg. Et malgré une dernière tentative solitaire de Gianni Moscon (INEOS Grenadiers), c’est bien un peloton d’une trentaine de coureurs qui allait se présenter à l’arrivée pour se jouer une victoire qui ne s’était plus jouer entre autant d’hommes depuis 2018. « L’objectif était de rouler pour lui. On savait qu’il serait présent en cas de sprint. C’était un scénario parfait pour nous », réplique Alaphilippe, qui s’est transformé après le Bosberg, dernière ascension du jour, en équipier modèle avec Kasper Asgreen, Yves Lampaert et Florian Sénéchal. Et dans les derniers virages, le train Deceuninck-Quick Step menait Davide Ballerini à bon port, sans autre concurrence.
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Ballerini : « C’est seulement un début pour moi »
« Je suis heureux d’être dans une telle équipe, avec Julian, qui est un super gars. Il m’a répété plusieurs fois que je pouvais gagner, que j’avais les jambes pour le faire. Mais je savais que lui aussi pouvait le faire », confie Ballerini, qui s’offre ainsi sa plus belle victoire dès sa première classique WorldTour sous le maillot de la Deceuninck-Quick Step.« C’est seulement un début pour moi. C’est ma première classique belge avec cette équipe, c’est donc déjà un rêve qui devient réalité. Je prends toutefois cela comme une étape dans ma carrière », ajoute l’Italien de 26 ans. Ballerini veut surtout mettre en avant le collectif : « Je garde les pieds sur terre pour la suite : évidemment, j’ai montré ce que je pouvais faire aujourd’hui, et l’équipe connaît mes qualités. Je vais faire de mon mieux pour les prochaines classiques, nous montrons que nous avons beaucoup de cartes pour gagner. Rien qu’aujourd’hui, nous étions sept et nous pouvions gagner cette course tous les sept. ».
« Je pense qu’on a fait une course d’équipe magnifique aujourd’hui. (…) On a toujours pris nos responsabilités », ajoute encore Julian Alaphilippe, pour conclure cette superbe journée pour une équipe belge qui n’a jamais semblé en difficulté sur ces routes. Cela pourrait être différent sur les prochaines classiques printanières : la concurrence connaît désormais les armes du Wolfpack. Il reste désormais à suivre la recette : toujours être devant, toujours prendre un coup d’avance, toujours croire en différentes cartes. Cela a fait mouche à Ninove, au grand dam de Jake Stewart (Groupama-FDJ), Sep Vanmarcke (Israel Start-up Nation) et les autres.
-> Lire aussi : Circuit Het Nieuwsblad – Femmes : Van der Breggen, la force collective en plus
Résultats de la 76e édition du Circuit Het Nieuwsblad masculin (Gand > Ninove, 200.5 km) :
- Davide Ballerini (Ita, Deceuninck-Quick Step) en 4h43:03
- Jake Stewart (G-B, Groupama-FDJ)
- Sep Vanmarcke (Bel, Israel Start-up Nation)
- Heinrich Haussler (Aus, Bahrain Victorious)
- Philippe Gilbert (Bel, Lotto-Soudal)
- Alex Aranburu (Esp, Astana-Premier Tech)
- Florian Sénéchal (Fra, Deceuninck-Quick Step)
- Matteo Trentin (Ita, UAE Team Emirates)
- Kevin Geniets (Lux, Groupama-FDJ)
- Nils Politt (All, Bora-Hansgrohe)
-> Les résultats complets du Circuit Het Nieuwsblad masculin
Photo : capture VRT
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