David Lappartient est un nom important dans le monde du cyclisme contemporain. L’ancien président de la Fédération française de cyclisme, qui a grimpé un échelon après l’autre – il fut notamment président de l’Union européenne de cyclisme puis président du Conseil du cyclisme professionnel -, pour atteindre le poste de président de l’Union Cycliste Internationale, celui de dirigeant de l’ensemble des disciplines cyclistes, de la route à la piste en passant par le cyclo-cross, le cycle-ball ou l’e-cyclisme. Actuellement dans son deuxième mandat à la tête de la fédération internationale, le géomètre de formation devra remettre son titre en 2025. Avec une prolongation en vue ? Le Breton de 50 ans ne s’est toujours pas prononcé sur la question.
Mais David Lappartient est aujourd’hui dans l’actualité française pour sa potentielle élection à la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Il s’est en tout cas porté candidat à ce poste laissé vacant par Brigitte Henriques, après des tensions avec son prédécesseur Denis Masseglia et le conseil d’administration de cet organe qui réunit les fédérations sportives nationales et dirige les délégations françaises sur les différents événements olympiques. À un an des Jeux Olympiques de Paris, le poste est évidemment fragile, car c’est bien le CNOSF qui sera scruté dans la chasse aux médailles. La France s’attend à pléthore de médailles pour ce retour des Jeux sur ses terres. Encore faut-il que cela suive sur le plan sportif. Car sur le plan des équipes managériales, les tensions semblent vives.
Dix mandats
Dans ce contexte particulier, David Lappartient s’est lancé dans le grand bain et a proposé sa candidature, faisant de lui le favori à ce poste. L’élection, face à l’autre candidate Emmanuelle Bonnet Oulaldj, présidente de la Fédération sportive et gymnique du travail, est prévue le 29 juin prochain. Et comme le rapporte Le Monde, le président de l’UCI ajouterait à son palmarès actuel un onzième mandat ! Car il est également membre du Comité International Olympique, membre du conseil d’administration du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, membre du conseil de fondation de l’Agence mondiale antidopage, président du conseil départemental du Morbihan, président de la Compagnie des ports du Morbihan, président de la société d’économie mixte Atout Ports, président du parc naturel régional du golfe du Morbihan et conseiller communautaire de Vannes agglomération.
Un emploi du temps bien rempli. Trop rempli ? David Lappartient se défend de tout problème de gestion, et confirme envisager une démission au Conseil communautaire de Vannes agglomération et au parc naturel régional du golfe du Morbihan s’il est élu au CNOSF. Il a expliqué au quotidien L’Équipe qu’il ne démissionnera pas du conseil départemental et encore moins de l’UCI. Il ajoute qu’il accepte la présidence du CNOSF uniquement « s’il y a une forme du consensus », donc si les fédérations sportives françaises acceptent sa vision. Mais au vu des nombreux articles à son sujet, il semble acquis que sa candidature le mènera au poste de tête.
Ce nouveau cumul signifie-t-il moins de temps de travail pour l’UCI ? Certainement, car les journées ne peuvent s’allonger. On ne peut évidemment pas soupçonner David Lappartient d’abandonner son poste de président de la fédération internationale. Il a initié de nombreux projets, notamment pour le cyclisme féminin, le cyclisme sur piste, le cyclo-cross, les championnats du monde multi-disciplines et les finances d’une fédération qui vivait souvent au-dessus de ses moyens durant ces dernières décennies. Mais de nombreux dossiers restent encore sur le feu, à l’image de la sécurité des cyclistes, remise une nouvelle fois sur le devant de la scène avec la tragique disparition de Gino Mäder. Ou les discussions toujours houleuses entre équipes, organisations et fédérations quant au financement du cyclisme, de plus en plus difficile dans un contexte économique international tout aussi fragile.
Il n’est pas certain que David Lappartient se représente en 2025 pour un troisième mandat à la tête de l’UCI. Cette décision d’aller vers le monde sportif français interroge toutefois quant à son programme pour ces deux prochaines années à la tête de la fédération. Surtout avec les Jeux olympiques 2024 en vue. L’UCI a justement besoin d’un pouvoir qui parvient à rassembler ses troupes autour d’un projet porteur, d’une fédération qui est à l’écoute. Pas d’un président à mi-temps, donc.
Mise à jour, vendredi 30 juin 2023 à 11h15 – David Lappartient a été élu jeudi à la présidence du CNOSF vec 36 voix contre 8 pour Emmanuelle Bonnet-Oulaldj et une abstention. « Le rôle du président n’est pas le rôle du directeur général, a-t-il insisté. Le rôle des élus, c’est de fixer le cap, d’arbitrer« , a-t-il indiqué en conférence de presse, se voulant celui qui « porte la parole de l’institution ». Il a également répondu aux interrogations sur sa disponibilité vu ses multiples mandats qu’il sera « un président présent« . Entre Paris et Aigle, il y aura du pain sur la planche pour l’année qui vient…