Le sommaire
Le moment-clé
Attaquer dès le pied du Chemin des Chapelles, voilà qui est osé. Et pourtant, la favorite néerlandaise Demi Vollering (SD Worx) a décidé dès l’arrivée sur les pentes les plus rudes de ce Mur de Huy de faire la différence face à ses adversaires. Kasia Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing) a tenté de suivre le rythme de sa puissante rivale, sans succès. La championne d’Allemagne Liane Lippert (Movistar Team) est revenue dans la roue de Vollering après le virage Claudy Criquielion, sur une pente à plus de 20%, mais après quelques hectomètres, c’en était déjà fini pour la course allemande. Demi Vollering, bien assise sur sa selle, sans changer de cadence, parvenait à maintenir un rythme particulièrement intense qu’aucune adversaire ne parvenait à maintenir.
Bien épaulée par la Suissesse Marlen Reusser dans un dernier tour très tactique, durant lequel elle a bien failli se faire surprendre, Vollering n’a finalement jamais paniqué, et a tout joué sur cette troisième et dernière ascension du Mur de Huy. D’abord en lançant l’offensive sur la côte de Cherave, puis en assurant un tempo dans la vallée de la Meuse qui faisait qu’aucune autre rivale ne se décidait à jouer la carte de l’attaque.
L’instant tactique
L’équipe Trek-Segafredo semblait avoir trouvé la bonne formule pour perturber les plans de la SD Worx, ce mercredi. La formation américaine a mis en lumière tous ses atouts dans le dernier tour du circuit autour du Mur de Huy. Cela a commencé par l’attaque d’Annemiek van Vleuten lors de la deuxième ascension du Mur. Alors que l’Italienne Gaia Realini semblait partie pour suivre la championne du monde, celle-ci a semblé calmer son rythme dans les 300 derniers mètres de l’ascension pour laisser passer son équipière Elisa Longo Borghini, après un bref regard confirmant la stratégie collective. La leader italienne a alors joué son rôle à la perfection sans donner le coup de pédale de trop pour jouer la carte de l’équipe.
Car lors du retour du premier peloton sur le quatuor formé par Van Vleuten, Longo Borghini, Ashleigh Moolman-Pasio (AG Insurance-Soudal Quick Step) et Katarzyna Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing), Trek-Segafredo avait alors trois nouvelles cartes à jouer : Gaia Realini restait prudemment dans les roues, avant que la Néerlandaise Shirin van Anrooij tente une première banderille, suivie par l’Australienne Amanda Spratt qui profitait d’une petite côte non-répertoriée pour partir dans son exercice préféré, en solitaire. Cela permettait à Realini et Longo Borghini de se concentrer sur les dix derniers kilomètres.
Alors que Spratt se faisait reprendre dans la côte de Cherave, Realini et Longo Borghini suivaient directement l’assaut lancé par Demi Vollering, avant de préparer l’ascension du Mur de Huy. Longo Borghini prenait alors la décision d’emmener sa jeune compatriote en tête de groupe, avant de se laisser décrocher face à la violence de l’effort final sur cette terrible montée. Realini ne suivait pas directement l’attaque de Vollering ou les poursuites menées par Liane Lippert (Movistar), Kasia Niewiadoma ou Mavi Garcia (UAE Team ADQ) pour finalement déborder ces deux dernières dans les 200 derniers mètres et prendre une prometteuse troisième place, dès sa première participation.
La statistique
4, comme le nombre de cyclistes féminines qui ont réalisé le doublé Amstel Gold Race-Flèche Wallonne. Après Nicole Cooke (2003), Anna van der Breggen (2017) et Marta Cavalli (2022), la Néerlandaise Demi Vollering devient la quatrième cycliste capable de remporter la classique néerlandaise avant de dompter le Mur de Huy. Et cette saison, la cycliste de 26 ans semble dans la bonne dynamique pour réaliser un triplé historique avec Liège-Bastogne-Liège (qui ne célébrera que sa septième édition, pour rappel).
Les déclarations
Demi Vollering 🇳🇱 (SD Worx), vainqueure, via la RTBF : « Je ne me sentais pas très bien aujourd’hui. J’étais très nerveuse, car j’avais déjà terminé à deux reprises troisième de la Flèche Wallonne. À chaque fois, j’ai échoué sur le Mur de Huy. Je craignais que cela se reproduise aujourd’hui, mais mes équipières ont cru en moi. C’était un soutien très important. Elles m’ont aidé à me concentrer, à croire en mes chances et à garder la tête froide. Je peux vraiment parler d’une performance d’équipe. (…) Marlen (Reusser) est une grande spécialiste du contre-la-montre et elle a réussi à maintenir un écart suffisant pour rentrer par la suite. C’était difficile pendant un instant, mais j’ai quand même réussi à me replacer grâce à mes équipières. Lorsque vous vous retrouvez en poursuite sur la Flèche Wallonne, c’est difficile de reprendre le contrôle de la course. Mais nous y sommes parvenues, et dans la côte de Cherave, j’ai décidé d’accélérer pour réduire le groupe. Et dans le Mur de Huy, j’ai roulé à mon rythme. J’ai été surprise de voir une telle avance quand j’ai regardé derrière moi. J’ai dû puiser très loin, mais grâce à mes équipières, j’ai pu faire cet effort. Je suis vraiment heureuse ».
Liane Lippert 🇩🇪 (Movistar Team), deuxième à 0:05 de la vainqueure, via l’organisation : « J’attends une victoire depuis longtemps, et j’en suis proche. J’étais un peu loin au pied du Mur. Je n’ai pas voulu suivre Demi (Vollering) tout de suite, sinon j’aurais pu exploser. Je suis fière de ma montée et Demi était juste trop forte dans les derniers mètres. J’ai hâte de revenir. C’est une course que je veux gagner dans le futur. Ce résultat est très important pour moi. Je suis dans une grande condition depuis le début de la saison mais ça ne voyait pas sur les résultats. Je suis un peu soulagée de montrer que je peux monter sur le podium. (…) Nous avons mis une grosse pression sur SD Worx aujourd’hui. (…) Je pense qu’on représente, avec Annemiek van Vleuten, une combinaison vraiment dangereuse pour les autres. Elle peut faire 100 km en solo et gagner alors que moi, je suis très explosive. C’était le plan qu’elle attaque de loin. Car à quoi bon attendre à deux l’ascension finale ? »
Gaia Realini 🇮🇹 (Trek-Segafredo), troisième à 0:07 de la vainqueure, via l’organisation : « C’est ma première année dans l’équipe, ma première année dans le Word Tour et ma première participation à la Flèche Wallonne. Ce résultat est donc très, très important pour moi ! La stratégie de l’équipe était de me protéger. Quand Annemiek (van Vleuten) a attaqué dans la deuxième ascension du Mur, Elisa (Longo Borghini) est restée dans sa roue. On m’a dit d’attendre la dernière montée. J’ai commencé le Mur final en bonne position. Je ne suis pas allée à fond tout de suite puis j’ai réussi à remonter jusqu’à la 3e place. Je suis très heureuse. Le Mur est dur, mais il me va bien. »
Les déçues du jour
La championne du monde Annemiek van Vleuten (Movistar) a tenté d’ouvrir une course souvent connue comme cadenassée, ce mercredi. Dès la deuxième des trois montées du Mur de Huy, à près de 40 kilomètres de l’arrivée, la Néerlandaise a décidé de mettre le feu au peloton. L’entreprise semblait idéale, avec Ashleigh Moolman-Pasio (AG Insurance-Soudal Quick Step), Katarzyna Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing) et Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo), soit trois sacrées leaders pour l’accompagner. Mais les SD Worx ont travaillé pour rentrer, l’initiative était donc rapidement annihilée. Van Vleuten a ensuite montré qu’elle n’était finalement pas la plus forte du peloton, jouant plutôt la carte de son équipière allemande Liane Lippert. Elle a toutefois manqué cette chance d’attaquer Vollering dans la vallée de la Meuse, avant de finalement rester en retrait dans le Mur de Huy. Une confirmation de son printemps en dents de scie, loin de ses meilleures prestations ces dernières saisons. Et ce même si le plan était visiblement de placer Lippert comme leader du jour.
La Danoise Cecilie Uttrup Ludwig (FDJ-Suez) a connu une nouvelle journée de galère, ce mercredi. Victime d’une chute avant le Mur de Huy dans l’avant-dernière boucle, elle espérait pouvoir jouer un rôle dans la finale après le regroupement du peloton à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, avant la côte d’Ereffe. Mais dans la vallée du Hoyoux, menant aux dix dernières bornes, la voici de nouveau au sol en raison d’une chute devant elle, dans le peloton. Même si elle a pu rapidement relancer, un dérailleur brisé l’a empêché de rentrer de suite parmi les favorites. Sa course était déjà terminée…
Le résumé en vidéo
Les résultats
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