Vendredi dernier, au parc d’attractions Plopsaland installé à La Panne, la foule des grands jours était présente malgré le vent piquant et la pluie hivernale qui fouettait les visages. L’inauguration d’un nouveau manège ? Une nouvelle parade à découvrir ? Un personnage inédit à rencontrer ? Loin de là. Le public était présent en nombre pour suivre la présentation de l’équipe Soudal-Quick Step, la formation de Patrick Lefevere qui avait décidé de sortir le grand jeu pour cette première présentation post-mesures sanitaires restrictives contre le Covid-19. Le public peut à nouveau se réunir en masse, alors l’équipe belge avait décidé de faire plaisir à ce public en lui proposant une journée de rencontres avec ceux qui ont marqué la dernière saison. Et plus particulièrement celui qui a frappé les esprits : le champion du monde Remco Evenepoel, tout d’arc-en-ciel vêtu.
Cette présentation de l’équipe s’est faite en deux temps : d’abord pour la presse, dans une salle de spectacle du parc, spécialement réaménagée pour l’occasion. Ensuite pour le public, à l’extérieur. On pouvait clairement compter en centaines voire milliers les supporters présents pour cet événement rare, entre autographes et rencontres avec ceux qui les font rêver tout au long de la saison.
De telles animations pour présenter une équipe en début d’année se font de plus en plus rare malheureusement. Lors de mes débuts comme journaliste, je me souviens des présentations d’équipe au salon Velofolies de Courtrai, à la Lotto Arena d’Anvers (à côté du Sportpaleis)… Un souvenir me marque plus particulièrement : pour le lancement de l’équipe Leopard Pro Cycling, autour des frères Schleck et de Fabian Cancellara, le groupe n’avait pas hésité à sortir le chéquier pour réserver la Rockhal, l’une des plus grandes salles de concert du Luxembourg. Avec une présentation pour la presse, une présentation pour le public et comme bouquet final, un concert du groupe allemand de musique électro Kraftwerk, célèbre pour son album « Tour de France ».
Des présentations… en stage
Aujourd’hui, on compte sur les doigts d’une main les équipes qui réservent encore du budget à ce type de présentation. Pas aussi grandiloquente que l’équipe Leopard à l’époque, mais une simple animation à destination des supporters qui soutiennent ces cyclistes au quotidien. Les rencontres avec le public sont désormais proposées sous d’autres formats : journée cycliste avec l’effectif, comme Intermarché-Wanty-Circus ou Arkéa-Samsic, balades virtuelles, comme INEOS Grenadiers ou le Team Jayco-AlUla,… Les présentations en elles-mêmes sont de moins en moins ouvertes au public. Et elles sont même de moins en moins organisées comme lors de la décennie précédente. De nombreuses conférences de presse se font désormais en virtuel ou lors des stages majoritairement organisés en Espagne. Les journalistes doivent alors partir pour 2 à 3 jours sur la péninsule ibérique, l’enregistreur prêt à démarrer pour enchaîner les interviews au fil des rendez-vous planifiés. Finie l’époque des conférences de presse avec la possibilité d’interviews individuelles par la suite, l’heure est aux rendez-vous préparés. Une autre manière de révéler la saison à venir. Alors que les sponsors ont droit, de leur côté, à des rencontres privilégiées avec les coureurs lors de ces stages ou, le plus souvent, plus tard dans la saison.
Je reste néanmoins nostalgique de cette époque des présentations plus accessibles au grand nombre. Cela représente évidemment un coût pour des équipes qui cherchent logiquement à rentabiliser le moindre centime budgeté. Ces animations permettent toutefois de replacer le supporter au milieu des coureurs, dans un sport qui a tendance ces dernières années à installer de plus en plus de barrières vis-à-vis du public. Soudal-Quick Step a ainsi décidé de jouer sur deux fronts : une présentation devant les fans d’une part, et un accès aux coulisses via une série documentaire à voir prochainement sur la plateforme Amazon Prime. L’approche est cohérente avec l’envie de l’équipe de conserver un contact avec le public. Et elle n’est pas la seule, heureusement pour l’avenir du cyclisme, longtemps considéré comme l’un des rares sports ouverts et au plus proche du public.