Si j’aime le cyclisme depuis tant d’années, j’avoue une fascination certaine pour les championnats. Qu’ils soient de Belgique, d’Europe, du monde, ces épreuves d’un jour déterminant en quelques heures celui ou celle qui va arborer durant un an un maillot distinctif m’offrent une dose d’adrénaline particulière par rapport aux autres courses de la saison. Il y a évidemment l’enjeu du jour, le caractère unique de la course, mais aussi le parcours souvent finalisé par un circuit. Et plus j’y réfléchis, mieux j’apprécie ces courses en circuit.
Repérer les lieux, repasser devant, reconnaître, choisir l’endroit précis où surprendre ses adversaires, relancer sur un tronçon qui révèle une autre difficulté avec le vent… La course en circuit peut sembler redondante, elle offre à mes yeux plus de tactique et un plus large spectacle, surtout quand ce circuit est inédit. Car les plus avertis me rétorqueront que le circuit final de la Flèche Wallonne masculine avec sa triple montée du Mur de Huy n’apporte pas le feu d’artifice attendu chaque année ou que le tour final de la classique de Hambourg ou du GP de Francfort ne bouleverse pas le train des sprinters.
Quand le circuit est une découverte, il offre selon moi bien plus de surprises et avec le peloton contemporain, il est rarement question de déceptions. L’organisation du Tour d’Italie l’a bien compris et en a fait une marque de fabrique sur cette 105e édition. Le samedi 14 mai, le peloton s’est rendu autour de Naples pour une découverte des collines de sa banlieue. Cela a provoqué l’une des étapes les plus haletantes de ce Giro, avec un mano a mano entre les Lotto-Soudal de Thomas De Gendt et Mathieu Van der Poel. Le samedi 21 mai, rebelote autour de Turin avec un circuit vallonné à souhait que les Bora-Hansgrohe ont utilisé à leur avantage pour mettre leur leader Jai Hindley en orbite et les autres candidats au maillot rose dans le rouge. Dans la course au général et même sur le plan offensif, cette 14e étape était d’anthologie.
Pour les organisations, une course cycliste en circuit est bien plus aisée à gérer : moins de distance à couvrir, moins de routes à sécuriser… Cela permet de condenser le public en un endroit et de limiter également le poids logistique de ces organisations. Pour les localités qui accueillent ces circuits, c’est également un pari gagnant : le public est bien plus enclin à s’arrêter en bord de route pour voir passer le peloton deux, trois, quatre fois et peut ainsi prendre sa journée dans ces villes qui profitent de cet attrait touristico-sportif.
Cela ne signifie évidemment pas que le calendrier ne doit être rempli que de courses en circuit, loin de là. Les épreuves en ligne ont leur attrait avec un profil adapté, mais les épreuves en circuit, parfois décriées en raison de leur tracé limité, offrent également une part non-négligeable de spectacle, à moindre frais pour les organisations. Le Giro l’a compris depuis plusieurs années, je reste étonné que le Tour de France ne propose pas plus souvent ce type d’étape. Il y a évidemment des questions de budget et d’accords avec les nombreuses localités désireuses d’accueillir la Grande Boucle. L’idée devrait cependant être explorée, pour favoriser l’attaque, l’audace. Après, c’est un fan de circuit qui le dit…