Après avoir perdu Paris-Nice, l’an dernier, en raison de multiples chutes lors de la dernière étape, le Slovène Primoz Roglic (Jumbo-Visma) a cette fois évité la malchance. Mais sa nervosité et sa gestion des efforts ont bien failli le mener à un nouveau revers. Aidé par un Wout van Aert au top de sa condition depuis le premier jour de la Course au Soleil, Roglic peut cette fois savourer son premier succès niçois.
« Je crois que pour le classement général, j’étais trop loin. Il y avait trop de temps à reprendre » : ces paroles du Britannique Simon Yates (BikeExchange-Jayco), vainqueur de la huitième et dernière étape de Paris-Nice, dantesque comme à l’accoutumée, auraient pu rassurer Primoz Roglic (Jumbo-Visma) dans le final du col d’Éze. Lâché par le solide grimpeur de Bury dans les pentes les plus rudes de l’habituelle ascension niçoise, le leader slovène a pu conserver son maillot jaune grâce au travail intense du champion de Belgique Wout van Aert, le dernier allié de sa formation dans les 50 derniers kilomètres de cette ultime étape. « Wout est capable de tout faire. Je n’étais pas assez fort pour y arriver tout seul, j’ai vraiment souffert pour batailler dans la dernière ascension. Heureusement, je savais que Wout était dans une grande journée », confie Roglic, qui n’a même pas pu savourer sa victoire finale sur la ligne d’arrivée, rincé par trois heures intenses dans les averses et le froid.
Rien ne laissait pourtant présager un tel suspense au vu de la domination de l’équipe Jumbo-Visma tout au long de cette semaine. Dès la première étape, les « abeilles » ont frappé les esprits sur un triplé inédit, mené par Christophe Laporte devant Van Aert et Roglic. Une leçon collective, qui se répétait trois jours plus tard, sur l’unique contre-la-montre de Paris-Nice : Van Aert s’offrait le maillot jaune de Laporte grâce à un effort individuel sensationnel devant Roglic et Rohan Dennis, cette fois.
Le lendemain, alors que Van Aert se laissait doucement glisser dans le gruppetto pour récupérer de ses quatre podiums consécutifs en quatre étapes disputées, Roglic récupérait le maillot jaune sans trembler. De même sur l’étape-reine vers le col de Turini : sur le sommet enneigé, le Slovène menait les attaques puis suivait ses plus solides rivaux pour les déposer dans son style explosif habituel dans les 200 derniers mètres. Avec plus de 45 secondes d’avance sur son plus proche adversaire, le Slovène semblait jouer sur du velours.
« C’était à moi de ramener Primoz »
La météo a finalement bouleversé les certitudes de la Jumbo-Visma, attaquée dès les premières minutes de cette ultime étape. À tel point que lors d’une accélération des INEOS Grenadiers dans la côte de Peille, même les grimpeurs Steven Kruijswijk et Rohan Dennis lâchaient prise, laissant le seul Van Aert comme équipier du maillot jaune. Un Wout van Aert épargné sur les deux précédentes étapes de montagne pour un dernier coup de jarret sur les côtes de l’arrière-pays niçois. Et quels efforts… « C’était plus dur que ce que j’attendais, très difficile à contrôler », avoue quand même le champion de Belgique, vainqueur du classement par points de Paris-Nice après avoir porté un jour le maillot jaune. « J’ai bien fait de terminer tranquillement hier, de façon à me concentrer pour être bien présent aujourd’hui. Primoz n’avait peut-être pas les meilleures jambes, alors c’était à moi de le ramener jusqu’à l’arrivée », ajoute-t-il.
Cette dernière performance confirme que Wout van Aert gère son printemps et choisit clairement ses objectifs. Le début de Paris-Nice était dans ses cordes, il y a confirmé sa condition affichée lors de sa victoire en solitaire sur le Circuit Het Nieuwsblad. Mais par la suite, il n’a pas persévéré dans la poursuite du maillot jaune. Pas question de s’efforcer à tenir le rythme des grimpeurs dans les cols comme il a pu le faire l’an dernier sur Tirreno-Adriatico. Avec Roglic dans son équipe, Van Aert savait qu’il pouvait laisser son leader slovène récupérer ce maillot jaune et éviter des efforts trop conséquents tout au long de la semaine. Deux étapes en dedans, c’est autant d’énergie conservée pour la suite du printemps, avec Milan-Sanremo et le Tour des Flandres dans le viseur. Le seul point négatif de cette semaine reste finalement sa chute lors de la 2e étape, dans les bordures, mais au vu de ses performances en fin de semaine, il se confirme que Van Aert n’a rien perdu de sa condition en vue des prochaines courses d’un jour.
Stuyven et Philipsen sont présents
De même pour d’autres coureurs belges présents sur cette Course au Soleil. Poisson-pilote idéal de Mads Pedersen, le vainqueur sortant de Milan-Sanremo Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) est souvent apparu aux avant-postes durant cette semaine, terminant même dans le deuxième peloton sur cette ultime étape vers Nice. Et s’il n’a pu trouver la victoire cette semaine (9e de la 1re étape et 4e de la 3e étape), le sprinter Jasper Philipsen (Alpecin-Fenix) a également affirmé s’être rassuré en vue de la Classicissima sur laquelle il sera coleader avec Tim Merlier, vainqueur d’étape sur Tirreno-Adriatico. « Avec la condition que je tiens actuellement, je ne serai pas lâché dans le Poggio », lance-t-il dans le quotidien Het Nieuwsblad. Les Belges arriveront donc en Italie avec ambition. Et ce malgré un Paris-Nice difficile, durant lequel 95 coureurs ont abandonné…
Les résultats de la 80e édition de Paris-Nice :