Ce n’est qu’une quinzaine de minutes après son arrivée dans les champs de Berg, que Wout van Aert (Jumbo-Visma) a vraiment savouré. Car sur la ligne, le coureur belge était lui-même dans le doute quant à sa victoire. Tom Pidcock (INEOS Grenadiers) l’a remonté de justesse dans les 50 derniers mètres, mais la photo-finish a finalement confirmé la victoire de Van Aert pour quelques millièmes de seconde. La revanche s’est jouée sur un pixel.
Et dire que tout s’est joué dans un lancer de vélos… Cette Amstel Gold Race était pourtant ouverte, du moins dans ses 50 derniers kilomètres, avec des offensives s’enchaînant sur l’ensemble des trois côtes disposées sur le circuit local tournicotant autour de Valkenburg. Le Geulhemmerberg, le Bemelerberg et le Cauberg servaient, tous les trois, de tremplins à des coups d’anticipation, qui n’avaient toutefois pas l’opportunité de se transformer en échappée au long cours. Avec le contrôle avancé des Jumbo-Visma, des Deceuninck-Quick Step et des Astana, les groupes, souvent menés par des coureurs d’INEOS Grenadiers, de Bahrain Victorious ou d’UAE Team Emirates, ne trouvaient pas de bon de sortie.
Les grands favoris attendaient toutefois pas les vingt derniers kilomètres, et l’ultime ascension du Cauberg pour faire la différence. Pendant que Michal Kwiatkowski (INEOS Grenadiers) tentait une sortie en solitaire et que Primoz Roglic (Jumbo-Visma) se retrouvait éliminé par un problème mécanique, Wout van Aert (Jumbo-Visma), Tom Pidcock (INEOS Grenadiers) et Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) semblaient confirmer leur position de force. Avant de voir le champion du monde chavirer dans le Geulhemmerberg, où Pidcock et Van Aert prennent leur envol, avec Maximilian Schachmann (Bora-Hansgrohe) collé à leurs basques. Kwiatkowski était de l’histoire ancienne, le trio désigné plus haut prenait la poudre d’escampette et n’était plus jamais revu. La faute à des équipes trop frileuses pour gérer les relais sur le circuit sinueux qui s’annonçait à l’aube du dernier kilomètre en ligne droite, plus favorable à un peloton compact.
Van Aert : «Un long sprint est à mon avantage»
«Quand on s’est retrouvé à trois, je me suis dit que j’avais une bonne chance», sourit Wout van Aert derrière son masque. Car contrairement à la Flèche Brabançonne, où il avait été battu au sprint par Tom Pidcock, le Belge savait qu’il pouvait mieux maîtriser sa pointe de vitesse dans ce final, avec une légère descente jusqu’à la ligne. «Normalement, un long sprint est à mon avantage. Mais j’étais dans la pire position pour commencer un sprint», à savoir celle de l’homme de tête, avec Pidcock collé à la roue, tel un pistard décidé à lancer son sprint au moment où son adversaire lève le bassin. «J’y suis allé assez tôt, je pense», explique Van Aert.
Une longue attente
À près de 175 mètres de la ligne, le coureur belge partait à toute berzingue, mais Pidcock restait bien calé dans son sillage, jusqu’aux 60 mètres. Le Britannique débordait alors son rival belge sur la droite pour jeter son vélo sur la ligne. La caméra posée sur la ligne, et destinée à mieux suivre le sprint final pour la télévision, semblait montrer un léger avantage pour Pidcock. Mais elle n’était pas la photo-finish. Dans un moment de flottement, le speaker sur la ligne annonçait la victoire de Van Aert, mais le Belge lui-même attendait une officialisation de la part des commissaires, les seuls habilités à confirmer le résultat d’une course. « Est-ce que cela a été officiellement confirmé ? », demandait-il à son équipe en direction du podium.
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Pidcock : «Je suis parti trop tard»
Il fallait attendre un bon quart d’heure, et une photo-finish dévoilée… sur un écran de téléphone, pour que la nouvelle soit confirmée : Wout van Aert est le vainqueur de cette Amstel Gold Race pour quatre millièmes de seconde ! Malgré une photo-finish très difficile à décrypter, le Belge est déclaré vainqueur. «C’était très serré, mais c’était visiblement suffisant», rigole-t-il avant de grimper sur le podium. «Je suis parti trop tard. J’aurais dû y aller en premier, car je pense que j’étais le plus rapide», explique de son côté Tom Pidcock, dans son style sérieux si particulier. «Je pense que j’étais le plus fort de la course. C’est quelque peu frustrant de perdre avec un si petit écart, mais c’est quand même une deuxième place, j’en reste heureux», décrit le Britannique.
Wout van Aert conclut pour sa part une campagne printanière prolongée par une deuxième victoire de prestige après Gand-Wevelgem, et réussit en prime un beau doublé pour son équipe Jumbo-Visma, après le succès de Marianne Vos cinq heures plus tôt. «Gagner l’Amstel Gold Race me permet de conclure le printemps de belle manière. J’en suis très fier, surtout pour l’équipe. Notre directeur sportif Frans Maassen n’est plus le seul de l’équipe à avoir gagné cette classique. Il nous dit toute l’année que c’est la course la plus importante de l’année», sourit Van Aert, qui peut désormais prendre un repos bien mérité à l’aube de sa deuxième partie de saison, qui comptera notamment le championnat de Belgique et le Tour de France, avant le rendez-vous olympique à Tokyo.
Résultats de la 55e édition masculine de l’Amstel Gold Race (Vilt > Vilt, 218.6 km) :
- Wout van Aert (Bel, Team Jumbo-Visma) en 5h03:27
- Tom Pidcock (G-B, INEOS Grenadiers)
- Maximilian Schachmann (All, Bora-Hansgrohe) à 0:02
- Michael Matthews (Aus, Team BikeExchange)
- Alejandro Valverde (Esp, Movistar Team)
- Julian Alaphilippe (Fra, Deceuninck-Quick Step)
- Kristian Sbaragli (Ita, Alpecin-Fenix)
- Matej Mohoric (Slo, Bahrain-Victorious)
- Michal Kwiatkowski (Pol, INEOS Grenadiers)
- Tosh Van der Sande (Bel, Lotto-Soudal)
Photo : capture NOS
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