Giro : les 10 coureurs à suivre sur le Tour d’Italie 2019

Retour sur les dix coureurs, grimpeurs, sprinters, rouleurs qui devraient animer la course au maillot rose durant ces trois prochaines semaines.
Foto LaPresse/Marco Alpozzi 31/10/2018 Milano (Italia) Sport Ciclismo Presentazione del Giro d’Italia 2019 Nella foto: Trofeo Senza Fine Photo LaPresse/Marco Alpozzi October 31, 2018 Milan(Italy) Sport Cycling Giro d’Italia 2019 Presentation In the pic: Trofeo Senza Fine

Si le parcours de ce 102e Tour d’Italie laisse plus de place aux contre-la-montre (certes vallonnés), ce sont bien les rouleurs-grimpeurs qui devraient être à l’honneur de cette épreuve, avec notamment parmi les favoris un ancien champion du monde néerlandais déjà vainqueur du maillot rose et un ex-sauteur à skis slovène qui domine toutes les courses par étapes qu’il dispute depuis le début de la saison. Et sur les sprints, un beau gratin mondial s’annonce également. Retour sur les dix coureurs qui devraient animer la course au maillot rose durant ces trois prochaines semaines.

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Partants, abandons, résultats… : notre page spéciale sur la 102e édition du Giro

Tom Dumoulin (P-B, Team Sunweb)

Comme l’an dernier, le vainqueur du Giro 2017 et deuxième de la dernière édition a réduit au maximum son programme avant d’entamer son principal objectif de cette première partie de saison. Depuis le coup d’envoi de cette saison 2019, Tom Dumoulin n’a accumulé que 16 jours de course, avec le seul Liège-Bastogne-Liège pour conclure sa préparation printanière. Et au vu de ses performances, le Néerlandais de 28 ans a connu un printemps bien plus heureux. Sixième de l’UAE Tour et 4e de Tirreno-Adriatico, il n’a cette fois pas connu de mauvaise chute ou d’abandon malheureux. Dumoulin est resté dans sa « bulle », comme il l’avoue lui-même, enchaînant les stages en montagne pour assurer sa préparation en vue de la course au maillot rose. « Mais avoir eu un printemps plus calme que l’an dernier n’est pas une garantie que ma forme pour le Giro sera meilleure », prévient toutefois le leader du Team Sunweb, qui a en outre perdu le soutien de Wilco Kelderman, victime d’une fracture d’une clavicule et d’une vertèbre cervicale sur le Tour de Catalogne.

Tom Dumoulin semble surtout décidé à s’enlever de la pression sur les épaules, pour éviter d’endosser le rôle de grand favori au vu de ses récentes performances sur le Giro. « Il y a vraiment un beau peloton de favoris », estime le Néerlandais sur le site de Cyclingnews. « Je pourrais nommer cinq coureurs qui pourraient gagner ce Tour d’Italie, ceux qui ont une grande chance de le gagner. Je suis l’un d’entre eux, j’espère. Mais ce n’est pas comme si j’étais le grand favori. Ce ne sera pas comme ça », affirme-t-il. Il veut également mettre fin à toute supposition sur ses qualités de rouleur : ce n’est pas sur les contre-la-montre qu’il risque de gagner un avantage certain au classement général. « Je ne pense pas du tout que je peux prendre beaucoup de temps sur ces trois chronos. Ils me conviendront, j’aime beaucoup les profils, mais je ne prendrai pas grand-chose sur ces contre-la-montre », lance-t-il. Une manière de laisser toute cette pression à ses adversaires ? Car sur le papier, le tracé semble bien convenir à merveille au Néerlandais.

Primoz Roglic (Slo, Jumbo-Visma)

Depuis le début de la saison, il n’a rien manqué : UAE Tour, Tirreno-Adriatico et Tour de Romandie, il les a toutes remportées. Primoz Roglic (Jumbo-Visma) a pris une nouvelle dimension en cette année 2019, à l’occasion de sa quatrième saison dans le WorldTour. Le Slovène arrive donc sur le Tour d’Italie avec une grande pancarte dans le dos, lui qui avait déjà réussi l’exploit de terminer quatrième du Tour de France 2018, sans crier gare. Cette fois, Roglic arrive en leader de sa formation et en favori annoncé. S’il n’a participé qu’une fois au Giro (en 2016), il a tout de même eu le délicieux souvenir d’une victoire d’étape sur un contre-la-montre vallonné autour de Chianti, sans toutefois briller en haute montagne. Mais depuis lors, l’ex-sauteur à skis a pris du gallon et enchaîne les performances de haut vol sur les courses par étapes. Il lui faut désormais se construire un profil de coureur de trois semaines, et découvrir s’il pourra se placer comme candidat au classement général avec 21 étapes dans les pattes.

« Même avant le Giro, j’ai déjà obtenu de très beaux résultats, il faut continuer à rouler fort », confirme Roglic quand il préfigure ce Tour d’Italie pour Procycling. Le Slovène se sait en forme, mais il devra encore tenir jusqu’à début juin, alors que l’ensemble des étapes de montagne décisives sont concentrées sur les huit derniers jours de course. Il a en tout cas une équipe solide à ses côtés, avec notamment son acolyte belge Laurens De Plus pour l’accompagner au mieux dans les cols. « Le plus grand challenge pour moi sera de mener mes équipiers et ce que nous pourrons réaliser sur ces quelques semaines. C’est mon quatrième Grand Tour, et mon deuxième Giro, mais mon premier en tant que leader. Le cyclisme, ce n’est pas juste ce que vous pouvez faire seul, et le plus grand défi est d’avoir une équipe forte autour de vous pour la mener », confie encore Roglic à Cyclingnews. Se placer en tant que leader et favori, voici une double position que le Slovène de 29 ans doit découvrir en trois semaines. Avec l’espoir d’accrocher le maillot rose à Vérone.

Simon Yates (G-B, Mitchelton-Scott)

Impressionnant de facilité dans la montagne l’an dernier avant de céder son maillot rose après un terrible jour sans sur la 19e étape du Giro, Simon Yates a aujourd’hui grandi. Le Britannique a longtemps réfléchi avec son équipe sur les raisons de cette défaillance et sur ce qui pouvait être mis en place pour éviter une nouvelle dégringolade du type sur un Grand Tour. Quatre mois plus tard, Yates revenait plus fort encore et profitait de l’aide de son frère Adam pour conquérir le Tour d’Espagne, sa première course de trois semaines. Il revient donc en terres italiennes avec l’ambition de retrouver le maillot rose, pour le récupérer au bout des 21 étapes, sans craquer. Il aura en tout cas fort à faire sur un parcours très montagneux dans le final, et trois contre-la-montre vallonnés à enchaîner sur trois semaines.

Yates a toutefois montré que ses qualités de contre-la-montre s’améliorent au fil des saisons, s’offrant même le chrono (tout aussi usant) de Paris-Nice en mars dernier. Il s’est également permis un solo d’une trentaine de kilomètres sur la 4e étape du Tour d’Andalousie. En-dehors de ces performances, Yates est resté discret dans les classements généraux mais s’est souvent essayé à l’offensive, notamment pour aider son frère Adam sur le Tour de Catalogne, sa dernière course du printemps. Simon Yates a depuis lors enchaîné les stages en montagne. Alors que son équipe apparaît comme l’une des plus intéressantes sur le papier avec notamment l’énigme colombienne Esteban Chaves, qui se remet peu à peu d’un virus qui l’a justement touché sur le Giro 2018, ou encore Mikel Nieve, toujours capable d’épauler en montagne.

Vincenzo Nibali (Ita, Bahrain-Merida)

Le Requin de Messine est de retour. S’il n’a plus trouvé la victoire depuis son solo sur Milan-Sanremo en 2018, Vincenzo Nibali reste un attaquant né qui enchaîne les courses avec toujours la même envie. On l’a déjà vu tenter sa chance sur Milan-Sanremo ou sur Liège-Bastogne-Liège, ou encore essayer de faire exploser la tactique des omniprésents Sky sur le Tour des Alpes. Cela n’a toutefois pas mené au moindre succès depuis le début de la saison mais l’Italien a pu montrer sa condition grandissante au fil des semaines, à l’approche de ce 102e Giro. À 34 ans, le grimpeur sicilien va participer à son 21e Grand Tour mais ne semble pas touché par les affres du temps. « Je vais essayer de gagner un troisième Tour d’Italie, mais ce ne sera pas simple. Ça ne l’est jamais. Le Giro sera une vraie bataille cette année mais c’est ce pourquoi j’adore cette course », confie Nibali à Procycling. « Je ne me sens pas vieux et je suis toujours prêt pour une bataille de trois semaines ».

Nibali sera le leader d’une formation totalement concentrée sur son succès, avec notamment Domenico Pozzovivo et Damiano Caruso pour l’accompagner en montagne. Les discussions vont toutefois bon train autour de son statut, alors qu’il est annoncé en partance en fin de saison chez Trek-Segafredo. Mais ces bruits de couloir n’intéressent pas le Sicilien, qui a remporté son deuxième Tour d’Italie en 2016 alors qu’il était en fin de contrat chez Astana, et déjà annoncé à l’époque vers Bahrain-Merida. Vincenzo Nibali n’est donc pas un coureur qui connaît la pression extra-sportive : sur ce Giro, il aura le maillot rose en vue, rien d’autre. « Je n’ai pas participé au Tour d’Italie l’an dernier et l’affection et le soutien des tifosi m’a manqué. Je suis content de revenir dans la course pour le maillot rose », conclut-il sur le site de Cyclingnews.

Miguel Angel Lopez (Col, Astana Pro Team)

Vainqueur du Tour de Catalogne au terme d’une belle bataille offensive face à Adam Yates et Egan Bernal, Miguel Angel Lopez est également attendu à l’attaque sur les routes italiennes qui l’ont révélé au grand public en 2018 (3e). Le grimpeur colombien de 25 ans n’est pas du type à attendre sagement dans le peloton pour accumuler les places d’honneur. Lopez sait où puiser sa force, et profitera de toutes les pentes possibles pour faire la différence, alors que ses qualités de rouleur sont encore éloignées de celles des grands favoris de ce Giro. Mais le leader d’Astana peut compter sur une équipe capable de jouer en même temps le classement par équipes. Ion Izagirre, Pello Bilbao et Dario Cataldo seront en effet des soutiens de taille dès que les pentes se feront plus abruptes.

S’il était encore fort dissipé lors de ses premières années dans le peloton, attaquant à chaque instant, Lopez a mûri au fil des mois et montré plus de régularité depuis la saison dernière. Après sa troisième place sur le Giro, le Colombien a enchaîné avec une troisième place sur le Tour d’Espagne, et a remporté le Tour de Colombie et le Tour de Catalogne au terme de belles batailles avec ses compatriotes et rivaux. Le leader d’Astana semble donc avoir une meilleure carte en main que l’an dernier, et pourrait donc mener la vie dure aux rouleurs-grimpeurs de ce Giro.

Mikel Landa (Esp, Movistar Team)

Enfin une place de leader unique pour Mikel Landa ? L’Espagnol de 29 ans, 3e du Giro 2015, se retrouve en tout cas en position de force au sein de l’équipe Movistar suite au forfait du champion du monde Alejandro Valverde. Il sera cette fois attendu au tournant au vu de ses récentes performances et de son envie de prouver ses qualités en tant que coureur de Grand Tour. Souvent bloqué par un autre leader, Landa est désormais seul face à ses responsabilités, avec l’Équatorien Richard Carapaz pour l’accompagner au mieux vers les sommets. Pour les contre-la-montre, il lui faudra montrer de meilleures jambes que ces dernières années, au risque de se retrouver rapidement largué au classement général. Mais même en retrait, Landa reste dangereux et peut clairement tenter un retour en jouant la carte de l’offensive de longue haleine en montagne.

Landa, annoncé en partance chez Bahrain-Merida la saison prochaine, souhaite également répondre à ses détracteurs après une dernière année difficile, minée par les blessures. Victime d’une fracture d’une vertèbre cervicale et des côtes après une chute sur la Clasica San Sebastian, il a également connu une fracture de la clavicule dès son retour aux affaires au Challenge de Majorque, en février dernier. Il a depuis remporté une étape de la Semaine Coppi et Bartali et emmené son équipier Richard Carapaz à la victoire sur la 2e étape du Tour des Asturies après un numéro en duo sur le juge de paix de l’épreuve espagnole, voici une semaine. Landa semble donc avoir retrouvé la forme, il devra désormais confirmer qu’il peut être un patron.

Bob Jungels (Lux, Deceuninck-Quick Step)

S’il n’aura pas la même pression qu’à ses premières participations, le champion du Luxembourg Bob Jungels sera clairement à suivre sur ces routes italiennes. Sixième du Giro 2016 et huitième du Giro 2017, également deux fois meilleur jeune de l’épreuve, le coureur tout-terrain fait un retour discret sur ce Grand Tour qui l’a révélé au grand public. Surtout, Jungels a adopté une toute autre approche durant ce printemps. Après avoir visé les classiques ardennaises (avec succès, vu sa victoire sur Liège-Bastogne-Liège 2018), le Luxembourgeois s’est cette saison concentré sur les classiques flandriennes (de nouveau avec succès, sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne). Jungels n’a finalement que vingt jours de course au compteur avant d’entamer ce Tour d’Italie, et a visé quelques classiques, avec parcimonie, sans se mettre dans le rouge.

Le Luxembourgeois de 26 ans a ainsi fait une pause après le Tour des Flandres et arrive sur le Giro avec un stage en montagne dans les jambes. Parviendra-t-il à faire aussi bien que lors de ses premières participations à la course au maillot rose ? Les trois contre-la-montre peuvent en tout cas favoriser un rouleur costaud tel que Jungels, mais il devra certainement se montrer à l’offensive s’il veut faire la différence face à certains grimpeurs, réputés meilleurs en haute altitude. L’an dernier, sur le Tour de France, il avait surtout lâché prise sur les sommets les plus abrupts, il faudra désormais voir s’il a corrigé ce petit manque par rapport aux autres candidats au général.

Elia Viviani (Ita, Deceuninck-Quick Step)

Voici tout simplement le meilleur sprinter du moment. Vainqueur à trois reprises depuis le début de la saison, Elia Viviani n’a pas connu la même réussite que par le passé mais sa pointe de vitesse confirme qu’il est certainement le coureur le plus rapide du peloton actuel. L’ancien pistard italien arrive en prime sur le Giro avec le plus beau paletot possible pour un Italien, après le maillot rose : celui de champion d’Italie. Ces trois couleurs vont faire vibrer les tifosi et les quelques étapes en ligne proposées pour les sprinters seront du pain béni pour ce sprinter capable de s’engouffrer dans la brèche pour surprendre, ou de suivre le train infernal du « Wolfpack » pour s’imposer. Et avec son habituel poisson-pilote Fabio Sabatini pour l’accompagner, Viviani peut espérer jouer la victoire très souvent.

Fernando Gaviria (Col, UAE Team Emirates)

Avec trois victoires également au compteur, Fernando Gaviria est également l’un des favoris des sprints massifs attendus sur ce 102e Giro. Le Colombien de 24 ans a rapidement trouvé ses marques au sein de sa nouvelle équipe, même s’il a souvent dû partager son leadership avec Alexander Kristoff notamment. Cette fois, Gaviria sera bien seul pour jouer la victoire en cas d’arrivée groupée. Quadruple vainqueur d’étape sur le Giro en 2017 puis double vainqueur d’étape sur le Tour de France en 2018, le Colombien est typiquement le coureur capable d’enchaîner les victoires sur une course de trois semaines, où la confiance est primordiale. Même s’il devra faire face à une rude concurrence, parmi laquelle Viviani évidemment mais aussi Caleb Ewan (Lotto-Soudal), Arnaud Démare (Groupama-FDJ) ou encore Pascal Ackermann (Bora-Hansgrohe).

Thomas De Gendt (Bel, Lotto-Soudal)

Thomas De Gendt s’est lancé cette année le défi de participer aux trois Grands Tours, avec l’espoir d’y emporter au moins une nouvelle victoire d’étape, lui qui a déjà triomphé sur le Giro, le Tour de France et la Vuelta par le passé. Ce baroudeur infatigable sait que c’est d’ailleurs sur le Giro qu’il peut déjà trouver son bonheur, là où les échappées peuvent parfois prendre leurs latitudes, et où les pourcentages satisfont ses qualités. Le Gantois de 32 ans est en tout cas en bonne condition, en attestent son maillot de meilleur grimpeur glané à Paris-Nice et sa victoire au terme d’un solo de près de trente kilomètres sur la première étape du Tour de Catalogne.

Sur ce Tour d’Italie, plusieurs étapes, tant en montagne que dans les vallons, peuvent permettre à De Gendt de cocher rapidement l’un de ses objectifs de l’année. Soit « gagner une étape d’un Grand Tour ». Son autre but ? Obtenir un titre national. Et quand le coureur belge tente, il manque rarement sa cible.

Photos : RCS Sport/La Presse/Marco Alpozzi et Fabio Ferrari

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