Alors que l’Union Cycliste Internationale, sous la direction de Brian Cookson, annonce depuis deux ans une prochaine réforme de son circuit WorldTour, rassemblant les plus prestigieuses épreuves cyclistes du calendrier, la fédération semble faire un nouveau virage à 180 degrés : les 18 équipes engagées ne seront pas obligées de participer à toutes les courses du WorldTour et seront quasiment assurées de rester au sein de cette D1 jusqu’en 2018. Le système de relégation/promotion entre les niveaux WT et continental professionnel ne sera pas non plus mis en place aussi rapidement que prévu… Bref, ce nouveau circuit semble perdre toute sa substance.
Mardi dernier, une longue réunion du Conseil du cyclisme professionnel de l’Union Cycliste Internationale (UCI) a laissé des traces pour l’avenir du cyclisme sur route. Depuis deux ans, l’UCI semblait en effet promouvoir une réforme destinée à mieux mettre en valeur le circuit WorldTour, développer un calendrier plus mesuré, et enfin récompenser les équipes selon leurs résultats sportifs. L’idée était ainsi d’obtenir un nouveau circuit dès 2017 avec un système de promotion/relégation entre le WT et le niveau continental pro, et seulement 16 formations engagées au plus haut niveau du cyclisme professionnel. Cela, c’était la théorie. Car depuis la présentation de ce projet, les dossiers semblent de plus en plus volumineux au fil des négociations avec les dirigeants d’équipes et organisateurs de courses. Au grand dam de l’UCI qui semble faire machine arrière à chaque nouvelle réunion.
Ce fut encore le cas mardi dernier suite à cette réunion du Conseil du Cyclisme professionnel, réunissant organisateurs, dirigeants d’équipes et coureurs, et agissant sur l’organisation administrative de l’UCI WorldTour. Et l’avenir de ce circuit semble être quelque peu compromis au vu des décisions prises pour 2017 et 2018.
Première décision : il y aura toujours 18 équipes au sein du peloton WorldTour jusqu’en 2017 voire 2018. Alors que la réforme de l’UCI annonçait une réduction du peloton à 16 formations d’ici 2017, un accord a finalement été trouvé entre… Amaury Sports Organisation (ASO), organisateur du Tour de France, et l’UCI. En effet, l’avenir de l’équipe Dimension Data était en jeu suite à cette annonce d’une réduction du nombre de formations acceptées en Division 1 cycliste. Or, un accord de deux millions d’euros existe entre Dimension Data et ASO concernant les données informatiques des différentes épreuves de l’organisateur. ASO a donc accepté de conserver le nombre d’équipes du circuit WorldTour à 18 pour la saison 2017, une décision officialisée mercredi matin par l’UCI par voie de communiqué. On ne sait toutefois pas encore quelles seront ces 18 équipes sélectionnées.
Deuxième décision : vu le nouveau calendrier proposé qui passe de 27 à 37 courses, l’UCI a décidé que les 18 équipes du WorldTour ne seront plus contraintes de participer à toutes les épreuves de la saison. Cette décision sert avant tout à rassurer les organisateurs des plus petites courses, hors du WorldTour, notamment en France, où la gronde se fait entendre. La Ligue française, présidée par le manager de la FDJ Marc Madiot, a même annoncé une possible action légale à l’encontre de l’UCI afin de protéger les courses françaises face aux décisions de la fédération internationale.
Troisième décision : le système de relégation/promotion entre le circuit WorldTour et le niveau continental pro ne devrait finalement pas être mis en place d’ici 2018. Aucune équipe ne sera donc reléguée selon ses résultats sportifs d’ici les deux prochaines saisons. Le système actuel de licences (maximum deux ans) serait donc toujours en place pour ces prochaines années. En outre, l’UCI a confirmé dans un récent communiqué de presse que le nouveau classement mondial mis en place en 2016 sera désormais utilisé comme classement pour le WorldTour également. Il n’y aura donc plus deux classements en parallèle.
Les détails sur ces nouvelles réformes seront révélés après la prochaine réunion annuelle de l’UCI WorldTour, prévue les 6 et 7 décembre prochains à Majorque. En attendant, les équipes et organisateurs peuvent se rassurer : leur bras de fer avec l’UCI semble enfin porter ses fruits, au grand dam de la fédération internationale.
Photo : Union Cycliste Internationale/Getty Images