Surprise dans les labourés : l’Union Cycliste Internationale (UCI) a annoncé ce lundi que la Néerlandaise Denise Betsema, contrôlée positive pour la présence, dans deux échantillons différents, d’un stéroïde anabolisant en fin de saison dernière, a été suspendue pour six mois et peut donc reprendre la compétition avec effet immédiat. Elle reprendra donc le départ d’un cyclo-cross ce samedi à Zonnebeke sous la tunique de Pauwels Sauzen-Bingoal.
L’annonce a de quoi surprendre : contrôlée positive à un stéroïde anabolisant lors de la dernière manche de la Coupe du monde à Hoogerheide, le 27 janvier 2019, puis lors de la dernière manche du Superprestige à Middelkerke, le 16 février 2019, la cyclo-crosswoman néerlandaise Denise Betsema a finalement bénéficié d’une suspension allégée par le comité antidopage de l’UCI. Suspendue provisoirement depuis le 5 avril 2019, la cycliste de 26 ans a été effectivement suspendue pour six mois et peut donc reprendre la compétition avec effet immédiat, suite à cette annonce de la fédération internationale. Cette sanction peut toutefois faire l’objet d’un appel (non-suspensif) de la part de l’organisation antidopage néerlandaise ou de la part de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA).
La surprise vient surtout de la durée de la sanction. L’habituelle suspension pour un contrôle positif reste de deux ans, mais cette fois, malgré deux contrôles positifs en trois semaines de temps, Denise Betsema a pu bénéficier d’une sanction réduite. Selon le quotidien Het Nieuwsblad, l’avocat de la cycliste néerlandaise, Johnny Maesschalk, et le scientifique néerlandais Douwe de Boer, bien connu pour avoir assisté Alberto Contador dans l’affaire du clenbutérol, ont réussi à prouver scientifiquement la thèse d’une « présence non-intentionnelle » de ces produits dans l’organisme de Denise Betsema. Ce qui explique cette suspension rétroactive de six mois.
« Scandaleux »
Révélation de la dernière saison de cyclo-cross avec 15 victoires, Denise Betsema va donc retrouver les labourés dès ce week-end. L’équipe belge Pauwels Sauzen-Bingoal a en effet décidé de signer un nouveau contrat avec la Néerlandaise et lui a donc proposé de disputer le Kasteelcross de Zonnebeke, dès ce samedi. Sur Instagram, elle a également confié sa joie en publiant une vidéo dans sa nouvelle tenue noire et rouge : « Yes, je peux enfin disputer un nouveau cyclo-cross à nouveau. Extrêmement heureuse et soulagée par cette très bonne nouvelle. Demain, je vous en dirai plus à ce sujet ». Une conférence de presse de Denise Betsema avec son avocat et son équipe est en effet prévue ce mardi après-midi à Waasmunster.
Mais cette nouvelle ne ravit pas forcément les adversaires de la Néerlandaise. Sur Twitter, la championne du Luxembourg de cyclo-cross Christine Majerus a lancé la fronde avec un message discret : « Celui qui n’a pas perdu la foi aujourd’hui, lève la main ! » Avant que la Française Caroline Mani relance : « Humiliant ! C’est iréel ! Et son équipe qui la reprend, c’est scandaleux ! » Sans oublier le tweet renfrogné de la Britannique Nikki Brammeier, ancienne championne de Grande-Bretagne actuellement en congé maternité. « C’est tellement de la connerie. Une cycliste est contrôlée positive DEUX FOIS à des stéroïdes anabolisants et elle reçoit une suspension de six mois ? UCI, laissez encore une fois tomber les athlètes propres », déplore la multiple championne américaine Katie Compton.
Tout juste le Néerlandais Jens Dekker, neveu d’Erik Dekker et actif en catégorie espoirs, a défendu Denise Betsema : « Je refuse de croire qu’il n’y avait pas de bonne raison pour une si courte suspension, donc j’attends vraiment cette conférence de presse aujourd’hui. Mais peut-être suis-je trop crédule. J’admets que toute cette affaire semble mauvaise en termes d’image, mais garder une possible innocente hors des cyclo-cross serait tout aussi mauvais ». Bref, le retour de Betsema ne sera pas sans conséquence dans le monde du cyclo-cross féminin.
« À cause d’une contamination »
Mise à jour, mardi 21 janvier à 15h04 : La conférence de presse de Denise Betsema a eu lieu ce mardi après-midi avec son avocat et le manager de l’équipe Pauwels Sauzen-Bingoal, Jurgen Mettepenningen. La cycliste a pu y exposer sa version des faits et expliquer pourquoi l’UCI a décidé de ne la suspendre que pour six mois. « J’ai fait examiner tous les compléments alimentaires que je prenais après ce double test », explique Betsema. « J’ai toujours été très prudente, notamment en laissant un pharmacien réaliser des compléments alimentaires sur les conseils de mon médecin. Il n’y avait aucune chance de contamination, normalement, et pourtant, il semble qu’il y ait eu une contamination dans l’un des compléments que j’ai ingurgité au moment de ces tests. Selon l’UCI, cette présence de stéroïde anabolisant n’était pas intentionnelle ».
L’avocat de Denise Betsema, Johnny Maesschalk, ajoute que les recherches menées par l’entourage de Denise Betsema ont été montrées à l’UCI, qui a accepté des examens plus approfondis réalisés dans un laboratoire accrédité par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). « Nous avons eu la possibilité de faire examiner les compléments alimentaires sous la supervision de l’UCI. Finalement, nous avons reçu un courrier confirmant qu’il ne s’agit pas d’une erreur de procédure, mais bien d’une contamination établie d’une substance autorisée. Il a été clairement prouvé qu’il n’y avait pas d’intentionnalité dans ce dossier », affirme-t-il. « Nous adressons un message à l’UCI : traitez ces situations avec plus de prudence à l’avenir et ne jugez pas à l’avance. Le 19 décembre 2019, Denise a tout envoyé à l’UCI. Le 17 janvier 2020, elle était informée qu’elle pouvait de nouveau reprendre la compétition… depuis le 6 octobre », ajoute l’avocat.
Photo : archive capture VRT/Sporza
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