Depuis 2004, la Brussels Cycling Classic (anciennement Paris-Bruxelles) n’a jamais échappé à un sprint. Il est difficile d’imaginer un petit groupe d’échappés voire un coureur isolé prendre les devants et tenir la dragée haute au peloton sur les larges boulevards bruxellois et sur les quelques vallons proposés, bien trop légers pour rebuter les quelques coureurs puissants annoncés dans le final. Certes, Marcel Kittel (Quick Step) et Nacer Bouhanni (Cofidis) ont rapidement cédé du terrain sur les bosses brabançonnes, à moins de 75 kilomètres de l’arrivée, mais dans le peloton, la motivation était toujours bien présente pour assurer un sprint massif au terme de cette Brussels Cycling Classic. Et ce n’est pas la longue échappée du local Dimitri Peyskens (WB Veranclassic Aqua Protect) – qui est resté plus de 190 kilomètres en tête – ou le solo de Mathias Brändle (Trek-Segafredo) jusqu’à la flamme rouge qui empêchaient les équipes de sprinters de faire le boulot pour assurer un emballage massif devant le Stade Roi Baudouin.
“Je tournais autour depuis trois ans”
Au turbin depuis l’entrée dans la capitale, l’équipe FDJ emmenait ainsi parfaitement le champion de France Arnaud Démare dans le faux-plat final menant sur la ligne. Le coureur picard prenait donc l’initiative de lancer de loin, aux 250 mètres, comme le tenant du titre Tom Boonen lors de l’édition précédente, et lâchait les chevaux pour ne jamais quitter sa position de tête. Une véritable démonstration, qui rappelle les meilleurs jours du Français, à l’image de sa victoire sur la 4e étape du Tour de France. C’était son dernier succès jusque là, voici deux mois. “Je tournais autour depuis trois ans. Troisième il y a deux ans, deuxième l’an dernier… En plus, j’avais déjà terminé deuxième à Hambourg avant d’abandonner à Plouay. Clairement, cette victoire fait du bien au moral”, souriait Arnaud Démare à l’arrivée, après avoir offert les fleurs du vainqueur à sa maman, et donné un baiser à sa compagne, venues du nord de la France pour assister au sacre de leur champion.
“Je n’étais pas à mon aise”
Pourtant, malgré ce succès, Arnaud Démare avoue que la saison se veut aujourd’hui longue et que ces dernières courses pèsent aujourd’hui sur ses jambes. “Plouay, je ne me sentais pas au mieux. Mais aujourd’hui encore, je ne suis pas forcément au top. À l’entraînement, les sensations ne sont pas extraordinaires. Sur cette course (la Brussels Cycling Classic), je me disais qu’en cas de sprint, je pouvais m’en sortir. Mais avant, durant toute la course, je n’étais pas à mon aise pour suivre les attaques, relancer. Alors qu’en début de saison, sur les classiques, j’aime quand ça bouge. Aujourd’hui, je voulais que ça bouge le moins possible. J’ai fait le moins d’efforts possibles jusqu’à l’arrivée”, confirme Démare, qui connaît bien l’épreuve pour y avoir déjà participé depuis 2011, à l’époque en tant que stagiaire sous le maillot de la FDJ.
“J’ai été à bloc depuis février”
Depuis son abandon forcé sur le Tour de France, après une journée de galère dans les premières étapes de montagne de l’épreuve, Arnaud Démare n’a jamais retrouvé ses meilleures sensations malgré une deuxième place encourageante derrière Elia Viviani (Sky) sur la Hambourg Cyclassics et cette victoire sur la Brussels Cycling Classic. “C’était difficile de remettre en route après cet abandon”, continue le champion de France. “J’ai fait une belle saison depuis l’Étoile de Bessèges. J’ai été à bloc depuis lors avec Paris-Nice, les classiques printanières, le Dauphiné, le championnat de France, le Tour de France… Il y a eu beaucoup de travail derrière. C’était dur de retrouver la motivation. Et ma condition était comme ma forme, en dents de scie. J’ai au moins réussi à m’en sortir sur ces quelques courses.”
“Ce n’est pas un secret que j’arrêterai à la mi-septembre”
Arnaud Démare se sent donc usé et ne veut pas forcément se mettre la pression sur ce final, surtout qu’il n’a pas d’yeux à Bergen, où les championnats du monde sur route se dérouleront fin septembre. “Ce n’est pas un secret que j’arrêterai ma saison à la mi-septembre. J’irai encore à Québec et Montréal car j’aime bien ces courses même si elles sont certainement trop dures pour moi. Mais je ne veux pas user de l’énergie pour les courses de cette fin de saison. L’an dernier, j’ai disputé les Mondiaux, j’ai arrêté seulement le 20 octobre et repris l’entraînement aussi vite après. Cela a aussi pesé. Cette fois, je veux prendre le temps de me reposer et de reprendre ensuite la préparation en vue des classiques”, confirme-t-il.
“Aucune déception cette année”
Le champion de France ne veut toutefois pas se mettre une pression dingue sur les épaules surtout après sa saison pleine : “Je n’ai eu aucune déception cette année. J’ai réussi tous mes objectifs : une étape sur Paris-Nice, une bonne campagne de classiques, une étape sur le Dauphiné, le titre de champion de France, une étape sur le Tour de France… La prochaine étape ? Un podium sur une grande classique, comme le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, ce serait énorme l’an prochain. Mais je n’ai que 26 ans. On n’est pas tous des Peter Sagan à gagner très jeune et à enchaîner. Je prends de la caisse et de l’expérience, je sais que ça va m’aider pour ces prochaines années. J’ai en outre une très bonne équipe autour de moi, qui me soutient. Et elle est aussi fatiguée après cette saison. On va préparer au mieux 2018”. Arnaud Démare veut passer un cap, après son succès sur le Tour et ses Top 10 sur Milan-Sanremo et Paris-Roubaix. Ce succès à Bruxelles confirme ses ambitions.
Résultats de la 5e édition Brussels Cycling Classic (Etterbeek > Bruxelles, 201 km) :
1. Arnaud Démare (Fra, FDJ) en 4h39’47”
2. Marko Kump (Slo, UAE Team Emirates)
3. André Greipel (All, Lotto-Soudal)
4. Kenny Dehaes (BEL, Wanty-Groupe Gobert)
5. Jasper Stuyven (BEL, Trek-Segafredo)
6. Jasper De Buyst (BEL, Lotto-Soudal)
7. Riccardo Minali (Ita, Astana Pro Team)
8. Marco Canola (Ita, Nippo-Vini Fantini)
9. Manuel Belletti (Ita, Wilier Triestina-Selle Italia)
10. Davide Martinelli (Ita, Quick Step Floors)
11. Joeri Stallaert (BEL, Cibel-Cebon)
12. Timothy Dupont (BEL, Vérandas Willems-Crelan)
13. Edward Planckaert (BEL, Sport Vlaanderen-Baloise)
14. Ramon Sinkeldam (P-B, Team Sunweb)
15. Mike Teunissen (P-B, Team Sunweb)
16. Bert De Backer (BEL, Team Sunweb)
17. Simone Consonni (Ita, UAE Team Emirates)
18. Pieter Serry (BEL, Quick Step Floors)
19. Jonas Rickaert (BEL, Sport Vlaanderen-Baloise)
20. Berden de Vries (P-B, Roompot-Nederlandse Loterij)
21. Maxime Vantomme (BEL, WB Veranclassic Aqua Protect)
22. Gediminas Bagdonas (Lit, Ag2r-La Mondiale)
23. Iuri Filosi (Ita, Nippo-Vini Fantini)
24. Emils Liepins (Let, Delko Marseille Provence KTM)
25. Mateusz Taciak (Pol, CCC Sprandi Polkowice)
Grégory Ienco, à Bruxelles – Photo : Grégory Ienco