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Remco Evenepoel (BEL, Soudal-Quick Step)
Sa victoire sur la Vuelta en 2022 a réveillé tout un pays. Le premier Belge à remporter un Grand Tour en 44 ans, cela marque les esprits. Surtout quand le maillot rouge est accompagné de l’arc-en-ciel deux semaines plus tard, à des milliers de kilomètres de là. Remco Evenepoel a connu l’an dernier une fin de saison de rêve, marquée par des victoires sur ses deux plus grands objectifs. C’est principalement sa maîtrise sur trois semaines sur les routes espagnoles qui avait frappé. Certes, le Brabançon a dû batailler tant et plus face à Primoz Roglic, triple vainqueur de l’épreuve, qui s’est finalement retrouvé hors du peloton sur une chute encore sujette à discussion. Mais tout au long de ce Tour d’Espagne, Evenepoel a semblé comprendre les atouts nécessaires à la victoire sur une course de trois semaines, les attaques à mener, l’énergie à conserver, l’équipe à gérer. Malgré une formation décimée par le Covid-19 ou les chutes, le coureur belge a tout de même pu soulever le trophée à Madrid. La preuve d’une nouvelle maturité sur ces épreuves d’un autre temps.
Remco Evenepoel semblait préparé à réitérer l’exploit sur le Tour d’Italie, son deuxième objectif de 2023 après son doublé sur Liège-Bastogne-Liège. Lancé à toute berzingue sur le contre-la-montre inaugural, le leader de la Soudal-Quick Step avait marqué un grand coup face à Roglic, encore lui, avant de perdre légèrement pied lors du deuxième week-end de compétition. Sa victoire pour… une seconde sur le deuxième chrono de l’épreuve finissait d’anéantir ses espoirs : le Covid-19 a eu raison de ses ambitions, Evenepoel a dû rentrer la tête basse, maillot rose sur les épaules. Le Giro lui est décidément maudit. Après plusieurs semaines de réflexion pour se remettre de cette déception, le Belge s’est relancé sur les montagnes italiennes puis espagnoles pour viser une deuxième victoire finale sur le Tour d’Espagne.
S’il n’a repris la compétition qu’à quelques reprises, pour engranger une victoire d’étape sur le Tour de Suisse, le maillot de champion de Belgique sur route, une troisième victoire sur la Clasica San Sebastian et la tunique arc-en-ciel de champion du monde du contre-la-montre, le talent de Schepdaal préfère jouer la carte de l’efficacité et multiplier les stages, entraînements et reconnaissances pour être au pic de sa forme sur ces trois prochaines semaines espagnoles. Vu ce qu’il a montré à Glasgow, lors des Mondiaux voici deux semaines, Evenepoel est bien prêt à faire parler sa puissance tant sur les deux contre-la-montre au programme (un individuel et un par équipes) que sur les sommets les plus pentus du parcours. Mais devra-t-il défendre ses chances avec une équipe solide ou composer quasiment en solitaire ?
Contrairement au Giro, le leader du Wolfpack ne dispose pas des meilleures forces du groupe, même si l’effectif présenté reste intéressant. Ses fidèles lieutenants Louis Vervaeke et Pieter Serry — ce dernier avait quitté meurtri la dernière Vuelta après moins de deux semaines en raison d’un cas positif au Covid-19 — seront bien de la partie, tout comme les grimpeurs-rouleurs Jan Hirt et Mattia Cattaneo, le format de poche James Knox et les puncheurs-rouleurs Casper Pedersen et Andrea Bagioli. Un bon collectif pour soutenir Evenepoel pour un bon moment, mais sur trois semaines ? Là est la principale est interrogation autour du leader belge. Une première réponse pourra déjà être apportée par ce groupe dès le chrono inaugural de Barcelone. Avant de répondre présent, ou non, dans les cols ibères.
Primoz Roglic (Slo, Jumbo-Visma)
Voici Monsieur 100%. Le Slovène de 33 ans n’a participé qu’à quatre courses par étapes cette saison et s’est imposé au classement général de chacune d’entre elles. Tirreno-Adriatico, le Tour de Catalogne, le Tour d’Italie, le Tour de Burgos : il n’a fait qu’une bouchée de ses adversaires tout au long de l’année. Cela a parfois été plus éreintant, à l’image de ce final haletant sur le Giro, durant lequel il a bataillé jusqu’au dernier contre-la-montre sur le Monte Lussari pour s’imposer face au vétéran britannique Geraint Thomas. Mais au fil des saisons, le Slovène semble surtout capable de mieux gérer ses émotions, de bien maîtriser les éléments et de planifier sa condition à la perfection pour atteindre les sommets sur ces courses par étapes qui garnissent désormais son palmarès bien élargi.
Primoz Roglic avait annoncé dès le début de l’été son intention de viser le Tour d’Espagne pour une quatrième victoire, après avoir obtenu un premier sacre en Italie. Et vu l’étalage de sa force sur le Tour de Burgos, sur lequel il a remporté deux étapes de montagne en individuel en plus du chrono par équipes à Poza de la Sal, le leader de la Jumbo-Visma semble au point pour cette Vuelta qu’il apprécie pour ses murs raides et ses finales explosives. Et vu le profil très montagneux de cette 78e édition, l’ancien sauteur à skis sera ravi.
Une interrogation persiste cependant autour de cette équipe Jumbo-Visma qui paraît invincible par son effectif : comment le groupe va-t-il gérer le double rôle de leader annoncé entre Roglic et Jonas Vingegaard ? Ces dernières années, les deux hommes ont été associés sur deux Tours de France, mais le Danois avait à chaque fois pris le dessus grâce à des incidents de course qui ont poussé le coureur slovène à l’abandon. Cette fois, la donne n’est toujours pas claire : tout pour Roglic ? Vingegaard en soutien ? L’équipe affirme encore jouer la carte de deux leaders. Ce qui est certains, c’est que l’un et l’autre pourront compter sur de sacrés grimpeurs comme Sepp Kuss, Wilco Kelderman, Attila Valter et Robert Gesink, et des coureurs puissants tout aussi talentueux comme Dylan van Baarle ou Jan Tratnik. Bref, du costaud pour viser le maillot “rojo”.
Jonas Vingegaard (Dan, Jumbo-Visma)
L’équipe néerlandaise aura donc deux stars au départ de Barcelone. Et visiblement, elle ne souhaite pas choisir. À moins que la tactique soit de déstabiliser les adversaires en tenant les roues le plus longtemps possible jusqu’à ce que l’un des deux craque. Ou attaque. Vainqueur autoritaire du Tour de France face à un Tadej Pogacar a minima diminué par son manque de compétition entre fin avril et début juillet, Jonas Vingegaard va pour la première fois doubler en tant que capitaine deux Grands Tours. Le Danois a même évité toute course depuis sa victoire à Paris pour se consacrer au mieux à cette Vuelta.
Sa formation affirme que sa préparation “ciblée” doit lui permettre d’atteindre “le même niveau” sur le Tour d’Espagne que sur le Tour de France. “Le fait d’être un leader est devenu une seconde nature pour lui”, affirme le manager de la performance de la Jumbo-Visma, Mathieu Heijboer, à Wieler Revue. Accorder une autre place de leader de l’équipe pourra-t-il créer une synergie entre les deux hommes ou la compétition l’emportera-t-elle à terme ? Sur le papier, Vingegaard paraît en tout cas comme un favori clair pour le classement général, tant il a impressionné sur les plus forts pourcentages du Tour de France et lors du seul contre-la-montre de l’épreuve. La succession des efforts pourrait toutefois être un frein, tant sa condition sur deux fois trois semaines reste un mystère.
Juan Ayuso (Esp, UAE Team Emirates)
Dans l’ombre des phénomènes que sont Remco Evenepoel et Tadej Pogacar, l’Espagnol Juan Ayuso, à peine âgé de 20 ans, reste l’un des plus grands espoirs du cyclisme moderne, un diamant qu’il reste à polir pour l’envoyer au sommet des podiums. Troisième de la dernière édition de la Vuelta à seulement 19 ans, le Catalan a confirmé sur le récent Tour de Suisse que ce podium (en plus de ses 4e place sur le Tour de Romandie et 5e place sur le Tour de Catalogne, en 2022) n’avait rien d’un acte isolé. Le garçon de Javea avait déjà le talent pour lui, il a rapidement confirmé que la pression ne l’atteignait pas, pas plus que la fatigue cumulée en altitude.
Ayuso devait démarrer 2023 sous les meilleurs auspices au vu du palmarès affiché dès sa première saison professionnelle complète. Une blessure au genou persistante a finalement ralenti sa progression éclair. Mais ce n’était que pour mieux rebondir avec une victoire d’étape sur le contre-la-montre du Tour de Romandie, fin avril, une victoire sur le chrono final et une deuxième place au classement général du Tour de Suisse, une deuxième place au championnat d’Espagne sur route… Seule sa onzième place sur la Clasica San Sebastian, quelques jours après une chute alors qu’il était en tête dans le dernier kilomètre de la Prueba Villafranca, semble ternir ce bilan excellent, mais Ayuso, spécialiste du programme précis et de la nutrition au gramme près, n’a certainement pas manqué ces dernières semaines de préparation en vue de la Vuelta, sur laquelle il visera mieux encore que sa troisième place de l’an dernier.
L’équipe UAE Team Emirates apparaît à nouveau impressionnante pour accompagner ce jeune talent espagnol. Le Portugais João Almeida, troisième du dernier Giro et deuxième du récent Tour de Pologne, sera le co-leader du groupe, malgré ses 25 ans qui en font toujours l’un des plus jeunes favoris du peloton annoncé. Les grimpeurs Jay Vine, Marc Soler et Finn Fisher-Black seront chargés d’accompagner au mieux ses deux spécialistes des courses par étapes, au côté des soutiens Domen Novak, Rui Oliveira et du sprinter Juan Sebastián Molano, toujours prêt pour donner un coup de main dans la plaine. Là encore, la formation de Mauro Gianetti risque de faire des étincelles.
Geraint Thomas (G-B, INEOS Grenadiers)
Malgré ses 37 ans qui le décrivent comme un “papy” face aux jeunots qui bousculent le peloton, le Gallois Geraint Thomas confirme tout son professionnalisme sur les Grands Tours. Une expérience salvatrice, à voir sa deuxième place sur le Tour d’Italie, seulement devancé par Roglic au prix d’un contre-la-montre en montagne à suspense. Le Britannique a confirmé sur ce Giro qu’il avait toujours la bonne patte en altitude et qu’il faut faire parler sa fine connaissance des Grands Tours pour enchaîner les efforts à haute intensité sans exploser. S’il ne s’est plus imposé depuis le Tour de Suisse 2022, il n’en reste pas moins un candidat en tête de liste sur cette Vuelta.
Certes, les pourcentages ne lui seront pas des plus favorables, lui qui apprécie plutôt les cols plus longs. Mais dans les Pyrénées, Thomas pourrait être l’un des grimpeurs les plus solides pour jouer le maillot rouge. Et surtout, il bénéficie de l’appui d’une équipe taillée comme toujours pour ces courses de trois semaines. Il bénéficiera du soutien du Belge Laurens De Plus et du Néerlandais Thymen Arensman, tous deux indispensables en troisième semaine du Giro. Le Colombien Egan Bernal, s’il retrouve ses jambes d’antan, sera également d’une grande importance sur ces chemins espagnols qu’il connaît parfaitement. Avec les expérimentés Omar Fraile et Jonathan Castroviejo, le rouleur et vice-champion du monde du chrono Filippo Ganna et le jeune Kim Heiduk, talent tout-terrain, les INEOS Grenadiers seront encore en position de force dès que la pente s’élèvera.
Enric Mas (Esp, Movistar Team)
La guigne va-t-elle quitter Enric Mas sur cette Vuelta ? L’épreuve espagnole sourit en tout cas souvent au grimpeur de 28 ans qui s’est déjà classé deuxième à trois reprises au classement général, en 2018, 2021 et 2022. Mais le leader de la Movistar avait un autre objectif en tête en cette saison 2023. Pointé comme leader sur le Tour de France, le coureur de Majorque espérait retrouver de grandes jambes après des encourageantes cinquième et sixième places, respectivement sur le Tour du Pays basque et Tirreno-Adriatico. Une chute dans une descente basque de la première étape du Tour a finalement anéanti son objectif de podium. Pas question de repartir, la clavicule était touchée.
Mas s’est rapidement remis dans les conditions pour rattraper cet été maudit lors d’une nouvelle édition d’un Grand Tour qui semble mieux lui convenir. Grimpeur mais loin d’être un attaquant-né, le coureur espagnol aura surtout en tête de rejoindre les avant-postes des principales étapes de montagne de cette Vuelta et de faire la différence en troisième semaine, l’un de ses points forts. Il sait comment bien terminer et gérer ses efforts pour remonter au classement général au cours des dernières étapes. Cela pourra-t-il encore être le cas cette année, sans référence depuis sa chute sur le Tour de France, à peine de retour à la compétition ? L’Espagnol de 28 ans dit voir au jour le jour et se concentrer sur la force de son groupe, avec la révélation Oier Lazkano, le grimpeur Einer Rubio, les costauds Nelson Oliveira ou Ruben Guerreiro, notamment. L’équipe paraît sur le papier en-deçà des armadas citées plus haut, mais elle est homogène et peut faire valoir cette force collective dans les étapes favorables aux attaquants.
Aleksandr Vlasov (Rus, Bora-Hansgrohe)
Bloqué comme Remco Evenepoel par le Covid-19 sur le Tour d’Italie, en mai dernier, le Russe Aleksandr Vlasov arrive avec un esprit de revanche sur le Tour d’Espagne. Considéré comme l’un des plus grands talents de ces dernières saisons sur les courses par étapes, le coureur de 27 ans n’a quasiment jamais réussi à confirmer ce statut sur les Grands Tours, malmené par la malchance ou les blessures. Une quatrième place sur le Giro 2021 et une cinquième place sur le Tour de France en 2022 montrent pourtant le potentiel du leader de la Bora-Hansgrohe. Après avoir manqué le dernier Giro, Vlasov compte bien profiter de cette Vuelta montagneuse à souhait pour faire parler son explosivité.
Le Russe a affiché sa condition ascendante avec sa troisième place sur la Clasica San Sebastian, notamment devancé par Evenepoel, et sa deuxième place finale sur le Tour de Burgos, miné par un impressionnant Roglic. Sur trois semaines, Vlasov paraît capable de faire fléchir les meilleurs grimpeurs sur les hauts pourcentages. Encore faut-il tenir ensuite la distance. Il semble pour cela voir une équipe robuste avec notamment Emanuel Buchmann, Sergio Higuita, Ben Zwiehoff ou Lennard Kämna. Mais aussi un jeune Belge qui va disputer son premier Grand Tour à 20 ans : Cian Uijtdebroeks. Le Hesbignon, vainqueur du Tour de l’Avenir l’an dernier et trois fois dans le Top 10 de ses premières courses WorldTour cette saison (9e du Tour de Catalogne, 7e du Tour de Suisse et 6e du Tour de Romandie), va découvrir une course de trois semaines, sans pression. Une position idéale pour grandir… et pourquoi pas créer la surprise. S’il a encore des difficultés sur le contre-la-montre, Uijtdebroeks a déjà confirmé sa force en altitude et sur les hauts pourcentages. Le vingtenaire sera suivi par les supporters belges, tant il peut se loger discrètement sur une place d’honneur sur cette Vuelta. À l’image de Lennert Van Eetvelt (Lotto-Dstny), 22 ans et quinzième du Tour de Catalogne et du Tour de Pologne.
La liste des partants
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