Le sommaire
Le moment-clé
Partie en force avec l’Italienne Silvia Persico (UAE Team ADQ) au sommet du Kruisberg, la Belge Lotte Kopecky savait qu’elle devait faire un choix pour la suite de l’épreuve : soit profiter de la supériorité numérique d’une équipe qui comptait encore Demi Vollering et Marlen Reusser dans le groupe de poursuite, permettant ainsi à l’équipe de jouer plusieurs cartes dans les vingt derniers kilomètres, soit faire confiance en sa forme du jour et faire sauter son adversaire italienne sur les pavés du Vieux Quaremont, idéaux pour ses qualités. Alors, à 19 kilomètres du but, Kopecky a décidé de faire comme Pogacar : tout donner sur une longue offensive. Et au bout de quelques secondes, l’ex-championne de Belgique prenait un mètre, deux mètres, trois, cinq… Avant que Persico explose totalement et lâche tout simplement prise face à la puissance de la tenante du titre.
https://twitter.com/RondeVlaanderen/status/1642556073155362816
Kopecky enchaînait ensuite sans se retourner : Persico tentait tant bien que mal d’assurer son tempo sur des pavés qui semblaient lui transpercer les hanches, et derrière, personne ne sortait du groupe bien bloqué par Vollering et Reusser, les équipières de Kopecky. À tel point que la Belge sortait du Vieux Quaremont avec 28 secondes d’avance sur Persico et 54 secondes sur les autres poursuivantes. Même avec le vent de face, la leader savait qu’elle avait des équipières dans son dos pour parfaitement contrôler la situation. Après une bonne gestion du Paterberg, Kopecky devait ensuite éviter la moindre casse dans les dix derniers kilomètres pour aller savourer son deuxième succès consécutif sur le Tour des Flandres.
L’instant tactique
Comme l’an dernier, l’un des moments forts de ce Tour des Flandres se situait à plus de 45 kilomètres de l’arrivée, sur les terribles pentes du Koppenberg. Ce mont, déjà terrible à affronter par temps sec, s’annonçait encore plus rude avec les pluies qui ont rendu le pavé plus glissant. Sur une pente à plus de 20%, il faut s’accrocher pour rêver du sommet… Le positionnement au pied de cette côte étroite était donc clairement la donnée la plus importante pour s’assurer une bonne course par la suite. Avec son statut de favorite, au vu de son printemps heureux, l’équipe SD Worx prenait les commandes comme il le fallait avant d’affronter ce Koppenberg. Surtout, l’équipe le faisait avec les deux coureuses connues comme les plus costaudes sur ce type d’effort en puissance : Lotte Kopecky et Marlen Reusser.
Le pavé glissant donnait toutefois des sueurs froides à l’équipe néerlandaise : Kopecky glissait peu avant le replat de cette terrible ascension et tout le monde devait alors lâcher les pédales… Une personne bloque ce chemin très étroit et c’est la catastrophe à l’arrière. Seules Marlen Reusser et l’Italienne Silvia Persico (UAE Team ADQ), devant Kopecky dans la montée, pouvaient alors conclure le Koppenberg en tête.
Le bon choix stratégique de Kopecky concerne la suite de cette glissade. Malgré ce problème, la Belge ne perdait pas son sang-froid et décidait de courir à pied, à côté de son vélo. Et avec sa coéquipière néerlandaise Lorena Wiebes, elle parvenait ainsi à aller bien plus loin que leurs adversaires. Les deux filles remontaient bien plus rapidement sur leur vélo et pouvaient ainsi rentrer sans difficulté sur Persico et Reusser, qui décidait d’attendre ses deux équipières pour les 45 derniers kilomètres. Persico et Kopecky allaient ensuite s’isoler dans la dernière boucle, pour une future victoire de la championne belge.
La statistique
2, comme le nombre de victoires consécutives de Lotte Kopecky sur le Tour des Flandres. La Belge est ainsi la deuxième à réaliser un tel exploit depuis la Néerlandaise Mirjam Melchers (en 2005 et 2006). Depuis lors, plus aucune vainqueure du Tour des Flandres n’avait réussi à se succéder l’année suivante. Bien épaulée par son équipe, Kopecky devient en prime la première double vainqueure belge du Ronde.
Les déclarations
Lotte Kopecky 🇧🇪 (SD Worx), vainqueure : « Je n’aurais jamais imaginé que je réussirais cela d’une telle manière. C’est une victoire spéciale. C’était évidemment très usant. Le Koppenberg était super glissant et j’ai même dû mettre pied à terre. Ensuite, j’ai eu des doutes quand on fait que j’allais pouvoir continuer aux avant-postes. Marlen Reusser ne se sentait pas si bien, donc je me suis retrouvé rapidement seule avec Silvia Persico. Mais je ne voulais pas atteindre l’arrivée avec elle, donc je devais vite m’en débarrasser. On peut parler d’une journée parfaite pour notre équipe. Faire un et deux, c’est parfait« .
Demi Vollering 🇳🇱 (SD Worx), 2e à 0:36 de la vainqueure : « Nous sommes très fortes les unes, les autres. Chacune se sacrifie toujours pour la plus forte. Aujourd’hui, c’était Lotte (Kopecky). (…) Si nous n’avions pas été à l’avant dans le Koppenberg, nous aurions été bloquées à l’arrière. Quand je suis revenue moi-même à l’avant de la course, j’ai vu que nous étions encore trois de l’équipe en tête. J’en suis très heureuse« .
Shirin van Anrooij 🇳🇱 (Trek-Segafredo), 8e à 0:44 de la vainqueure : « Lotte (Kopecky) était vraiment très forte aujourd’hui, mais je n’étais pas si loin sur le Koppenberg. Cela me donne des regrets. Nous sommes passés tout près, mais Lotte était toujours bien devant à la fin. J’espère revenir un jour pour gagner. C’est une course super cool, elle me convient bien. Mais j’ai encore besoin d’acquérir plus d’expérience. L’important est de devenir plus forte et de me battre encore plus pour une bonne position. J’étais bien dans toutes les côtes aujourd’hui, sauf le Koppenberg. Je le regrette. (…) Mais c’est un bon point à apprendre pour l’année prochaine« .
Annemiek van Vleuten 🇳🇱 (Movistar), 27e à 3:45 de la vainqueure : « J’étais bien positionnée dans le train de la Trek. Puis quelqu’un a essayé de venir sur le côté et je suis tombée. Ensuite, tu te doutes que ça va devenir difficile. Dans le Koppenberg, j’ai vu tout le monde chuter et courir, je me suis alors dit que c’était fini. Heureusement, les dégâts ne sont pas trop importants : je pense être prête à temps pour l’Amstel Gold Race. Il y avait beaucoup de gens qui m’encourageaient sur le bord de la route, j’ai pu en profiter. J’ai réalisé la meilleure de course de ma carrière, mais cela ne sert à rien si vous ne roulez pas à l’avant. C’est dommage pour mon dernier Ronde« .
La déçue du jour
La championne du monde Annemiek van Vleuten (Movistar) peut avoir des regrets ce dimanche. La Néerlandaise semblait en bonne position jusqu’à une erreur dans la bagarre vers le Koppenberg. Une rigole mal nettoyée et voici la N°1 mondiale au sol avec sa compatriote Marianne Vos (Jumbo-Visma). Malgré un redémarrage rapide après un problème de chaine, Van Vleuten n’a jamais pu rentrer sur les favorites vu son retard de plus de deux minutes au sommet du Koppenberg. Même si elle affirme avoir réalisé la meilleure heure de course de sa carrière, cela n’a pas suffi pour lui permettre de jouer la victoire. Elle termine dans un peloton à près de quatre minutes de Kopecky.
https://twitter.com/Eurosport_NL/status/1642535082970759169
Le résumé en vidéo
Les résultats
Results powered by FirstCycling.com