« Enfin fini ! », se réjouit Marion Norbert-Riberolle au moment de mettre sa surveste et un jogging pour éviter de prendre froid au terme d’un cyclo-cross sous de fortes rafales hivernales. « Ce samedi, à Saint-Nicolas, j’étais vraiment fatiguée, ça n’a pas été (NDLR : elle a terminé 15e). J’hésitais même à prendre le départ ce dimanche à Bruxelles », ajoute-t-elle pour expliquer son soulagement au terme de cette épreuve bruxelloise conclue à la sixième place.
Sa signature au sein de la structure des frères Roodhooft (Alpecin-Deceuninck devenue Fenix-Deceuninck sur la route, Crelan-Fristads pour les cyclo-cross) a permis à Marion Norbert-Riberolle, 24 ans, de retrouver la motivation sur cette discipline qui l’a fait découvrir au monde cycliste. L’appel des labourés était toujours là, encore fallait-il retrouver l’envie. « J’avais connu une saison très difficile après mon titre de championne de France », confie-t-elle. « Je finissais toutes les courses en pleurs, je pensais arrêter après chaque course… Les frères Roodhooft m’ont fait signer un contrat et m’ont fait confiance pour me remettre à niveau. J’ai aussi changé d’entraîneur. Je suis contente de revenir à un bon niveau, et je sens qu’il y a encore une belle marge de progression pour être au niveau du Top 5 et des Néerlandaises, tous les week-ends. L’année prochaine, j’espère que cela ira encore mieux. Mais cette saison, je suis déjà contente, j’ai été beaucoup plus régulière. Avant, je pouvais faire un Top 5 puis terminer 30e le lendemain… Je suis contente d’avoir cette régularité désormais. Je finis cinquième du classement général du Superprestige, l’année dernière, j’étais huitième. C’est un bon sentiment ».
« La première fois que j’enchaîne »
La régularité est là, avec une première victoire en Belgique lors du cyclo-cross d’Otegem et trois autres deuxièmes places. Ses cinquièmes places à Baal, Ruddervoorde et Meulebeke ainsi que ses top 10 en Coupe du monde à Hulst et Besançon confirment sa montée en puissance. Mais l’hiver a été long pour la Mouscronnoise de 24 ans. « Je me sens vraiment fatiguée de l’hiver », lâche-t-elle. « C’est la première fois que j’enchaîne aussi vite la saison sur route et celle de cyclo-cross. Je le ressens vraiment… J’ai dû prendre le départ d’une quarantaine de courses (NDLR : 35 plus précisément) cet hiver. La saison dernière, j’en avais déjà disputé 41, mais je n’avais pas fait autant sur la route auparavant. Là, je suis vraiment fatiguée. » Ce qui explique son interrogation pour une participation au traditionnel GP de clôture à Oostmalle, dimanche prochain. « Je ferai peut-être le cyclo-cross d’Oostmalle. Après, j’irai au ski avec la famille, pour deux, trois semaines de repos avant de reprendre l’entraînement. Une pause doit s’installer avant la route, c’est nécessaire. Cela va me faire du bien ».
Marion Norbert-Riberolle souhaite simplement se reposer, sans penser à la suite. Car l’hiver usant a été précédé par de premières expériences tout aussi intenses sur la route. « Je sais les erreurs à ne pas refaire pour la saison prochaine. C’était ma première grosse saison sur route l’an passé, avec des premières courses WorldTour. Cela m’a beaucoup fait progresser. Je sais ce que je dois faire désormais », analyse-t-elle. « Je n’ai pas encore de plan pour la prochaine saison sur route. Ce sera peut-être de mai à août. Je n’ai pas envie d’y penser pour l’instant. Cela va me faire du bien, cette pause, c’est nécessaire ».
Une déception : le National
De cette saison, elle n’a finalement qu’un seul regret : sa deuxième place au championnat de Belgique, principalement due à des problèmes mécaniques à répétition dès le premier tour. « Je pense que ça m’a beaucoup fatiguée mentalement. Je sais que je ne peux pas être championne d’Europe ou du monde vu le niveau, il faut être réaliste. Le seul maillot que je pouvais avoir, c’est celui de Belgique. C’était donc une grosse déception de rater mon seul grand objectif de la saison. J’ai l’impression que j’ai pris un gros coup au moral, que ça m’a épuisée. Je n’étais pas malade, je n’étais pas mauvaise physiquement, j’avais même les meilleures jambes de ma saison, mais cela arrive… »
Au-delà de sa condition, la cycliste de Crelan-Fristads sait qu’elle a d’autres points sur lesquels progresser : « J’aimerais aussi m’améliorer sur le sable et m’entraîner plus spécifiquement sur ce terrain-là. Parce que c’est frustrant d’avoir des bonnes jambes, mais d’être… je ne vais pas dire nulle à chier, mais pas terrible dans le sable. (sourire) Techniquement, par rapport aux Néerlandaises, c’est frustrant. Même face à Sanne (Cant), en stage à Benicassim, je n’arrivais pas à la suivre dans le sable. Elle, elle s’amusait sur le vélo alors que c’était un calvaire pour moi », pointe-t-elle.
« Impressionnant, le niveau actuel »
Et puis, il y a la concurrence, principalement ces jeunes Néerlandaises qui dominent aujourd’hui la discipline. « J’ai lu récemment des articles avec Lucinda (Brand) et Ceylin (del Carmen Alvarado), dans lesquels elles disaient qu’elles n’avaient jamais eu des aussi bonnes données à l’entraînement. Elles sont au meilleur niveau qu’elles n’ont jamais eu, même quand elles sont devenues championne du monde, mais ça ne se remarque même pas, tellement les trois jeunes, Shirin van Anrooij, Fem van Empel et Puck Pieterse, sont à un niveau supérieur », confirme Marion Norbert-Riberolle. « C’est impressionnant comment le cyclo-cross féminin à évoluer. On va dire, les « vieilles », ont vraiment du mal alors que les jeunes, de 17, 18 ans, arrivent et sont déjà super fortes. J’ai eu de la chance d’arriver au bon moment parmi les espoirs pour obtenir ce titre de championne du monde (rires). Ce n’est pas que les autres coureuses ont progressé, c’est juste que le niveau a tellement augmenté qu’il y a encore beaucoup de travail pour suivre. J’ai encore de l’espoir de mon côté, je n’ai que 24 ans, j’espère bien encore poursuivre longtemps ma carrière. Peut-être même comme Ellen Van Loy ! (rires) ». Cela lui ferait encore 18 saisons au plus haut niveau !
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