La surprise était grande sur le visage d’Ellen van Dijk quand la Néerlandaise de 35 ans a franchi la ligne de Wollongong pour la deuxième fois, scellant ainsi le classement final de ce championnat du monde du contre-la-montre. Et pourtant, autour d’elle, personne ne feignait cette surprise, tant la représentante batave semblait en parfaite harmonie avec sa machine.
Van Dijk a tout de même dû s’employer pour réussir, ce dimanche, à décrocher son troisième titre mondial sur l’exercice individuel. Comme l’an dernier, sur un tracé pourtant bien plus vallonné et sinueux que vers Bruges, la tenante du titre a connu une rivale jusqu’au dernier kilomètre. La Suissesse Marlen Reusser lui avait donné du fil à retordre en Belgique, c’est cette fois l’Australienne Grace Brown qui bousculait Van Dijk, prenant même l’avantage dans le final. Mais sur les parties descendantes, idéales pour les puissantes, et dans les virages à enchaîner au plus proche des trottoirs australiens, Van Dijk mettait en avant son expérience. Sur la ligne, cela lui permettait de décrocher son troisième titre mondial pour 13 secondes sur Brown, au grand dam du public australien, qui espérait une première surprise locale pour ouvrir ces championnats du monde sous le soleil.
“Je ne voulais pas connaître mes temps”
“C’était une course si difficile, je ne pensais honnêtement pas la gagner”, explique Van Dijk lors de l’interview post-arrivée. “Je ne pensais pas qu’il s’agissait d’un parcours idéal pour moi. Je pensais juste, ok, j’ai connu une belle année avec le maillot arc-en-ciel et je vais juste donner le meilleur de moi-même. Une place sur le podium serait bien, et sinon, j’aurais déjà connu une grande année. Je pense que c’est ce qui a réellement fait une différence aujourd’hui car honnêtement, je ne pensais jamais gagner aujourd’hui”, rappelle la championne du monde. C’est ce qui avait déjà fait la différence en 2021, confirmait Van Dijk à l’époque : démarrer une telle course plus relâcher, sans envisager la prochaine année comme une lourde tâche à assumer, et profiter de cet exercice, autant qu’on puisse en profiter. Et cette année, la recordwoman de l’heure, seulement battue au championnat d’Europe, semblait tirer avantage de ses maillots de championne d’Europe sur route (jusqu’en août) et de championne du monde du contre-la-montre.
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Sur ce chrono particulier de Wollongong, très technique, Ellen van Dijk avait décidé d’une tactique qui peut surprendre : uniquement courir à la sensation. “Je n’avais aucun temps intermédiaire”, révèle-t-elle. “Je ne voulais pas connaître mes temps, je n’avais donc aucune idée de comment je roulais. Je ne voulais pas savoir, je voulais juste me concentrer sur moi-même. J’ai bien rythmé mon effort, même si je pensais que j’étais un peu plus lente au début du deuxième tour. Mais j’imagine que c’était difficile pour tout le monde”. La Néerlandaise a également profité, dans le final, de voir à l’horizon Marlen Reusser, partie une minute et demie plus tôt : “Je savais alors que je n’avais pas un mauvais jour. Mais je suis restée surprise à l’arrivée”. Elle s’impose finalement avec 13 secondes d’avance, un rien sur 34,2 kilomètres, sur Grace Brown et 42 secondes sur Marlen Reusser, moins à l’aise qu’à Munich, un mois plus tôt. La surprise venait, par contre, de la championne olympique du chrono et récente vainqueure du Ceratizit Challenge by La Vuelta, Annemiek van Vleuten, qui se classe à plus d’une minute et 40 secondes de Van Dijk, en septième place : “J’ai simplement connu une mauvaise journée. Je n’ai pas d’explication”, réagit-elle à l’arrivée.
Guazzini, de l’Europe à l’arc-en-ciel
En quatrième position, l’Italienne Vittoria Guazzini avait également un large sourire : la coureuse de 21 ans devient en effet la toute première championne du monde du chrono chez les espoirs, un maillot attribué seulement depuis cette année pour toutes les coureuses de moins de 23 ans. Vu que l’Union Cycliste Internationale n’a toujours pas pris l’initiative d’organiser des courses spécifiques pour les espoirs féminines, celles-ci disputent leur propre championnat au sein des courses des élites. Guazzini s’offre donc un titre pour l’instant unique, après avoir largement devancé ses premières rivales, la Néerlandaise Shirin van Anrooij pointée à près de deux minutes, et l’Allemande Ricarda Bauernfeind. L’Italienne venue de la piste confirme ainsi ses talents de rouleuse après ses titres de championne d’Europe du contre-la-montre chez les espoirs, en 2021, et de championne d’Italie dans la même discipline, en 2022.
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Kopecky heureuse de sa neuvième place
Le sourire était également de mise pour Lotte Kopecky, première concurrente belge dans le classement à la neuvième place. Celle qui a enchaîné les classiques et le Tour de France féminin avec les championnats d’Europe sur piste arrivait sans références sur ce Mondial du contre-la-montre. Elle s’offre finalement un Top 10, l’objectif annoncé à l’aube de l’épreuve. “Mes temps intermédiaires étaient bons, j’avais de bonnes sensations. C’était une belle journée finalement”, explique-t-elle au micro d’Eurosport. Kopecky sait qu’on l’attend surtout sur la course en ligne, samedi prochain. “Je n’ai pas encore assez d’expérience sur le contre-la-montre. Ce n’est pas évident de savoir si je repousse suffisamment mes limites et savoir où elles se trouvent. Il faut savoir bien gérer son effort, ce n’est pas si simple. Chez moi, mon vélo de chrono resta la plupart du temps dans mon garage”, rigole-t-elle auprès de l’agence Belga. Mais le résultat la satisfait et lui donne confiance pour la suite : “J’essaie de prendre les points positifs des dernières courses que j’ai pu disputer, notamment la Vuelta. Je reste confiante. Et je sens que la fédération ne me met pas non plus trop de pression, je suis heureuse comme ça”.
Vingt-deuxième à plus de trois minutes et quarante secondes de la championne du monde, Julie Van de Velde, deuxième concurrente belge en course, était pour sa part déçue de son effort, elle qui n’avait jamais disputé de chrono aussi long. Elle réalise finalement le même résultat, son meilleur, que l’an dernier vers Bruges.
Résultats du contre-la-montre des élites femmes sur les championnats du monde de cyclisme sur route 2022 à Wollongong :
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