La fête était belle, ce dimanche, dans le centre de Madrid. Tout de rouge vêtu, devant des drapeaux belges dressés par dizaines, Remco Evenepoel (Quick-Step Alpha Vinyl) a célébré sa première victoire sur le Tour d’Espagne, une première pour un Belge sur un Grand Tour depuis 44 ans. Et ce à un âge plus jeune qu’Eddy Merckx… Des comparaisons largement évoquées, largement remises dans leur contexte de leur époque. Le public aime ressasser le passé. Mais l’avenir s’annonce encore plus beau avec un tel coureur, capable à 22 ans de gagner Liège-Bastogne-Liège et la Vuelta, après avoir déjà enchaîné plus de 35 succès dont un titre de champion de Belgique et d’Europe du contre-la-montre et une deuxième place au championnat du monde du chrono. Rien que cela…
Et pourtant, les travaux de Remco Evenepoel ne s’arrête pas là, cette saison. Si la Vuelta était son grand objectif de la saison après les classiques ardennaises, le Brabançon de Schepdaal s’est également mis en tête de viser les prochains championnats du monde, prévus dans moins d’une semaine à Wollongong, en Australie. Avec le contre-la-montre dans un coin de la tête et la course en ligne dans un autre. Il ne sera toutefois pas leader unique d’une équipe belge qui annonce la couleur avec un deuxième patron, Wout van Aert.
Pour ce dernier, le week-end a offert moins de réjouissances. Présent au Canada pour disputer les GP de Québec et de Montréal comme dernières préparations aux Mondiaux, Wout van Aert a fait travailler son équipe au mieux, a répondu aux attaques des autres favoris mais a, à chaque fois, été dans le rouge. Et dans le final de telles courses en circuit, cela pèse… À Québec, il n’a pu répondre, comme le reste du peloton, à l’attaque tranchante de Benoit Cosnefroy dans les deux derniers kilomètres avant de terminer troisième du sprint du peloton. Et à Montréal, il a dû suffoquer jusqu’au sommet de la côte de l’Université derrière Adam Yates, Tadej Pogacar, David Gaudu et Andrea Bagioli, avant un sprint final dans lequel il n’a jamais pu remonter Pogacar. Une statistique démontre d’ailleurs que depuis 2019, Wout van Aert ne s’est jamais imposé dans un groupe de cinq coureurs et a toujours terminé deuxième.
Alors, faut-il s’en inquiéter ? Après le GP de Montréal, Wout van Aert relativise, indiquant qu’il n’y a pas de honte à terminer deuxième derrière Pogacar. Il se dit également heureux de ses sensations et se sent donc en bonne condition pour l’Australie. Où, pour rappel, il ne disputera que la course en ligne pour éviter la fatigue du voyage et d’une deuxième course en moins d’une semaine. Il sera alors co-leader de l’équipe avec Remco Evenepoel, avec l’espoir d’enfin obtenir le maillot arc-en-ciel après l’échec de Louvain. Et cette fois, avec deux hommes en parfaite condition, il ne s’agira plus de se cramer dans des poursuites interminables.
Les deux leaders belges arrivent donc confiants en Australie. Ils auront surtout un autre statut qu’à Louvain, une pression bien moindre. Certes, l’équipe belge sera encore attendue aux avant-postes, mais elle pourra compter sur une autre tactique et devra certainement plus se cacher. L’occasion sera belle de mettre plutôt la responsabilité de la course sur d’autres nations, comme la Slovénie de Tadej Pogacar ou la France de David Gaudu et Benoit Cosnefroy, par exemple. Sven Vanthourenhout, le sélectionneur belge, sera attendu au tournant. Wout et Remco également.