Trois victoires d’étape et le succès final au classement général : le terme “réussi” pour qualifier le Tour de Norvège de Remco Evenepoel semble quelque peu galvaudé, tant le coureur brabançon de 22 ans a malmené ses adversaires sur tous les terrains pour ajouter une nouvelle course par étapes à son palmarès déjà riche de… 30 succès. Et dire qu’il s’agissait d’une reprise pour le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège, désormais en préparation pour une deuxième partie de saison qui doit le mener à un pic au prochain Tour de Suisse, son prochain grand objectif avant les championnats de Belgique sur route (il participera tant au contre-la-montre qu’à la course en ligne).
Evenepoel a cette fois surpris par la palette de talents qu’il semble améliorer au fil des saisons. Après une année destinée à sa reconstruction après sa terrible chute au Tour de Lombardie 2020, le natif de Schepdaal a profité de l’hiver dernier pour parfaire ses points faibles, notamment l’explosivité et le sprint. Et cela se révèle fructueux : c’est sur ces qualités qu’il a su mettre ses rivaux dans le rouge au sommet de La Redoute, sur Liège-Bastogne-Liège, avant de faire de même sur la première arrivée en côte du Tour de Norvège. Il a aussi usé de cette puissance développée en un court instant et sa capacité à tenir un effort moins important mais constant pour briller sur l’étape-reine de ce tour norvégien. Tous les médias ont retenu sa performance globale avec le chiffre hallucinant de 6,5 W/kg maintenu durant les 12 kilomètres à 8,2% de moyenne vers le sommet de Stavsro. Mais c’est bien sur le kilomètre le plus pentu, a plus de 10%, qu’Evenepoel a fait la différence avec un punch unique, avant de maintenir une cadence constante, dans son style de rouleur puissant, jusqu’au sommet. Écœurer ses adversaires puis maintenir un rythme constant, cela devient la marque de Remco.
Remco le sprinter
Evenepoel a également surpris par son sens de la course dans le final de la 5e étape, vallonnée. Coincé dans un groupe de rivaux, le Belge a pris ses responsabilités dans les deux derniers kilomètres pour mener ce peloton réduit jusqu’à l’arrivée, pour se jouer la victoire au sprint. “Si j’avais disputé un tel sprint plus jeune, j’aurais sûrement terminer dernier”, sourit Evenepoel. Cette fois, il se permettait de terminer en tête pour un troisième succès en cinq jours. Tout semble sourire au Brabançon, qui n’a finalement connu qu’un jour sans cette saison, sur l’étape-reine de Tirreno-Adriatico, en mars dernier. Depuis lors, Evenepoel enchaîne les prestations marquantes, sans toutefois afficher la même assurance qui pouvait lui jouer des tours lors de ses premiers mois dans le peloton professionnel.
Il connaît désormais la pression inhérente à son talent et des résultats, il sait mieux jauger les objectifs qu’il peut définir et sous peser les déclarations qu’il distille à la presse, pour éviter les retours de flamme. La dernière fois qu’il avait joué l’ambition, sur Tirreno-Adriatico, il avait subi ce contrecoup. Depuis lors, Evenepoel la joue réaliste. Sur Liège et en Norvège, il est resté sur des objectifs réalistes et cela lui a permis d’aborder en confiance ces courses de prestige. Il faudra désormais aborder le Tour de Suisse sous le même angle, sans déclaration tapageuse sur un éventuel succès final. Car la concurrence sera digne d’un Grand Tour et demandera une plus grande attention sur neuf jours de course. Mais à 22 ans, Evenepoel a encore le temps de grandir. Cette saison est un enchaînement de tests pour définir sa carrière à venir : jusqu’à présent, tous les voyants sont au vert.