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Remco Evenepoel 🇧🇪 (Soudal Quick Step)
Leader naturel, rouleur invétéré, bourreau de travail : Remco Evenepoel semble avoir tous les talents et se permet en prime de les améliorer au fil des saisons. À 23 ans, le champion du monde est déjà un habitué des podiums depuis quatre saisons, et pourtant, il continue d’étonner de course en course. Désormais d’une précision chirurgicale dans ses objectifs, le natif de Schepdaal a surtout appris à manier la pression. Il n’est plus question de se laisser pervertir par un stress négatif, le coureur belge sait que le lendemain ne peut qu’être meilleur si un mauvais jour survient. Au lieu d’avancer six marches à la fois, une progression souvent mise à mal par un caractère remuant, Evenepoel a appris à se maîtriser, à comprendre qu’un leader doit dépasser les événements et se montrer calme à chaque instant pour éviter une dépense d’énergie coûteuse sur trois semaines. Désormais, le programme est au millimètre, les inquiétudes se font rare et les contretemps deviennent de l’histoire ancienne.
Remco Evenepoel a marqué les esprits en fin de saison dernière. Sa victoire sur la Clasica San Sebastian, à deux semaines du départ de la Vuelta, annonçait son futur état de forme sur le Tour d’Espagne. Parfaitement en place du premier au dernier jour, le coureur belge a compris qu’il était désormais un coureur de Grand Tour. Et qu’il lui fallait conserver ce calme et cette force collective autour d’équipiers, pas forcément les plus forts mais suffisamment solides et solidaires. Victoire sur la Vuelta, sur la course en ligne des championnats du monde. Mais déjà, Evenepoel avait en tête le maillot rose : son prochain objectif, ce sera le Giro, selon le plan opéré par Soudal Quick Step de lui faire découvrir les Grands Tours, un à un, jusqu’à 2024. Et ce rendez-vous italien a été préparé minutieusement : stages à répétition avec sa garde rapprochée sur les pentes du volcan Teide, à Tenerife, programme limité à trois courses par étapes d’une semaine (Vuelta a San Juan, UAE Tour et Tour de Catalogne), une dernière classique pour reprendre un rythme de course (Liège-Bastogne-Liège) et le voici au départ de la course au maillot rose avec la pancarte de favori n°1 dès les Abruzzes.
Sa victoire sur l’UAE Tour, sa deuxième place au terme d’un duel disputé face à Primoz Roglic sur le Tour de Catalogne et surtout son succès en solitaire sur Liège-Bastogne-Liège ont confirmé une préparation sans faille. Il reste désormais à tenir trois semaines sur une course connue comme bien plus imprévisible que la Vuelta. Les changements de météo d’un jour à l’autre, les étapes piégeuses, les routes en moins bon état, les stratégies d’équipe… Le champion du monde en a eu un aperçu lors de sa première participation à l’épreuve italienne en 2021, dans des conditions trop particulières (il revenait sans compétition, neuf mois après sa chute sur le Tour de Lombardie) pour jouer les premiers rôles. Remco Evenepoel a désormais une Vuelta et un autre statut dans la besace. Leader unique, leader consciencieux, il se sait attendu au tournant, et il a en prime l’équipe dédiée à son ambition. Pieter Serry, Louis Vervaeke et Ilan Van Wilder comme garde rapprochée, Davide Ballerini et Josef Cerny pour tirer des bouts droits dans la plaine, Mattia Cattaneo et Jan Hirt pour la montagne : l’équipe Soudal Quick Step devient costaude pour entourer la pépite brabançonne. Il reste désormais à faire le job : avec trois contre-la-montre, dont deux sur lesquels il semble sur le papier le plus rapide des favoris, Evenepoel part avec un avantage. Il faudra ensuite assurer sur les hauts sommets italiens. Nul doute que cela sera prévu avec le même sérieux que les précédents objectifs.
Primoz Roglic 🇸🇮 (Jumbo-Visma)
Sera-ce enfin la bonne pour Primoz Roglic ? Le Slovène de 33 ans retrouve les routes du Giro, quatre ans plus tard, après une campagne de Grands Tours minée par deux abandons sur le Tour de France et un autre sur le Tour d’Espagne. La faute à des chutes, la malchance… Le triple vainqueur de la Vuelta se présente malgré tout sur chaque Grand Tour qu’il dispute avec une pancarte de favori. Et ce Giro 2023 ne déroge pas à la règle, surtout au vu du palmarès déjà ajouté en ce début d’année. Trois étapes et le classement général de Tirreno-Adriatico, sans autre concurrence pour le déboulonner ; deux étapes et le général du Tour de Catalogne, après une haute lutte face à Remco Evenepoel, principalement remportée aux bonifications. Roglic a retrouvé son appétit d’ogre et rêve désormais de prolonger cette vague de succès en Italie. S’il s’est seulement imposé sur des contre-la-montre lors de ses trois victoires d’étapes obtenues lors de ses deux participations en 2016 et 2019, le Slovène n’a jusqu’ici pu faire mieux qu’une troisième place au général.
Primoz Roglic a toutefois un nouveau statut depuis lors, grâce à ses trois succès sur le Tour d’Espagne. Cela lui sera bien nécessaire, alors que la garde qui l’entoure semble tout de même se renforcer par rapport à 2019. Koen Bouwman, Jos van Emden et Sepp Kuss étaient déjà là voici quatre ans. Jan Tratnik, Michel Hessmann et Edoardo Affini les rejoignent, ainsi que l’imprévisible Rohan Dennis, pas forcément en verve sur le dernier Tour de Romandie et annoncé comme remplaçant de Tobias Foss, touché par le Covid-19. Robert Gesink devait également en être, comme un lieutenant important dans les cols italiens. De sacrés contretemps pour Roglic, qui veut toutefois croire en sa bonne étoile au vu de sa condition actuelle. Mais trois semaines sans la meilleure équipe à ses côtés, demanderont certainement un effort supplémentaire pour accrocher le maillot rose.
Primoz Roglic a l’expérience pour lui, et ses qualités de rouleur doivent a priori lui permettre d’accrocher sans trop de problème Remco Evenepoel sur les trois contre-la-montre prévus en mai. Le champion olympique du chrono avait connu un léger retard sur le Belge lors du contre-la-montre individuel de la récente Vuelta, mais il connaît également les subtilités du premier Grand Tour de la saison, sur lequel les écarts après une semaine sont loin d’être définitifs. La météo, les routes, l’état de forme… peuvent tout perturber en quelques jours. Roglic connaît tout cela : il lui faudra en tirer avantage s’il souhaite obtenir un premier maillot rose dans sa garde-robe teintée jusqu’ici de rouge.
Tao Geoghegan Hart 🇬🇧 (INEOS Grenadiers)
Si l’équipe INEOS Grenadiers n’a plus ce profil d’ogre des courses par étapes, capable de déstabiliser l’ensemble du peloton grâce à un long contrôle de la tête de course sur les profils montagneux, la formation britannique n’en reste pas moins une candidate au titre sur les épreuves de trois semaines. Elle ne dispose plus forcément du grand favori, qui peut assommer la concurrence en une offensive en altitude. Mais sa force collective reste un atout sur la longueur. Elle l’a prouvé a de multiples reprises, comme en 2020 lors de la victoire sur les routes italiennes du surprenant Tao Geoghegan Hart. Le Britannique de 28 ans a depuis mis du temps à confirmer cette prestation du temps du Covid. Les places d’honneur étaient là, le travail d’équipier de luxe également, mais lorsqu’il était annoncé leader, le cycliste aux racines irlandaises et écossaises devait baisser pavillon face aux plus expérimentés du peloton.
La saison 2023 a toutefois montré une autre facette de Geoghegan Hart. Le coureur a retrouvé une certaine stabilité sur le plan personnel, confirme voir les courses d’une autre manière, sans une pression qu’il s’était fixée après sa victoire surprise sur le Giro. Et cela semble le changer. Après un hiver sans tracas, il enchaîne les prestations de choix : troisième du Tour de la Communauté de Valence dès février, sixième du Tour d’Andalousie, troisième de Tirreno-Adriatico, vainqueur de deux étapes et du général du Tour des Alpes, dernier rendez-vous à deux semaines du Tour d’Italie. Il a surtout fait preuve d’une grande maîtrise avec ses équipiers sur ce Tour des Alpes qu’il a remporté pour la deuxième fois de sa carrière. C’est cette expérience et cette connaissance du peloton qui peuvent aider INEOS Grenadiers à pousser le leader britannique au sommet. Avec Geraint Thomas, discret mais connu comme l’un des plus solides du peloton en montagne, mais aussi Pavel Sivakov ou Filippo Ganna, Geoghegan Hart se sait parfaitement entouré pour rêver d’un deuxième sacre dans la Botte.
João Almeida 🇵🇹 (UAE Team Emirates)
L’équipe UAE Team Emirates n’arrive pas en Italie avec la même confiance que celle affichée sur chaque course avec son leader Tadej Pogacar au départ. Mais la formation au budget pharaonique peut bien rêver d’un nouveau résultat probant sur ce Tour d’Italie vu l’effectif présenté sur la liste des partants. Le groupe sera emmené par le Portugais João Almeida, celui qui avait dû prendre la place de leader de Remco Evenepoel après l’abandon du Belge sur le Giro 2021. Le coureur de 24 ans à peine a déjà une sacrée expérience sur les Grands Tours et endosse volontiers ce poste de numéro 1 d’une équipe qui pourrait également être menée par l’Américain Brandon McNulty ou le Néo-Zélandais Jay Vine. C’est dire la solidité du groupe UAE. Almeida a toutefois les qualités les plus complètes de cette sélection : rapide en contre-la-montre, puncheur aguerri, bon grimpeur. Il a toutefois ses limites, également, quand l’altitude est annoncée au-dessus des nuages, ou sur le plan mental, lorsque la situation lui est moins favorable.
Le Portugais, promulgué dès ses jeunes années comme un futur candidat aux Grands Tours, s’améliore tout de même de saison en saison. Et cette année, ses résultats parlent pour lui : deuxième de Tirreno-Adriatico et troisième du Tour de Catalogne, il était finalement le premier des leaders derrière les coriaces Roglic et Evenepoel. Un signe qui ne trompe pas quant à sa condition et son objectif sur ce Giro. Almeida espère en tout cas faire mieux que sa cinquième place sur la dernière Vuelta ou sa quatrième place sur le Giro 2020.
Aleksandr Vlasov 🇷🇺 (Bora-Hansgrohe)
La discrétion avant tout : le Russe Aleksandr Vlasov pourrait être comparé à ce drapeau blanc accolé à son nom et qui orne les classements depuis le début de la guerre en Ukraine. Le grimpeur de 27 ans ne semble pas truster les podiums, et pourtant, il accumule les places d’honneur et se place régulièrement dans la liste des outsiders à suivre. Sur ce Giro, dans un équipe qui devra défendre le titre conquis par Jai Hindley l’an dernier, Vlasov endossera à nouveau ce rôle, à la faveur d’un début de saison intéressant. Cinquième du Tour de la Communauté de Valence, neuvième de Tirreno-Adriatico, c’est surtout sa prestation sur le Tour des Alpes qui a été remarquée. Le Russe a longtemps fait jeu égal avec Geoghegan Hart, et n’a finalement pu aller au bout de son objectif en raison d’une succession de malades chez Bora-Hansgrohe qui a contraint l’équipe à faire appel à Vlasov pour compléter son effectif sur Liège-Bastogne-Liège.
Il reste à espérer au grimpeur de Vyborg une équipe remise de ses divers problèmes de santé pour espérer un résultat de prestige sur le Tour d’Italie. Car Vlasov se transforme bien en coureur de Grand Tour au fil des années. En atteste sa cinquième place sur le dernier Tour de France, et sa quatrième place sur le Giro 2021. Certes, les contre-la-montre présents sur le parcours de cette 106e édition ne sont pas en sa faveur. Mais ses qualités de grimpeur et sa capacité à sentir les contres favorables peuvent l’aider à le mettre en position intéressante à l’aube d’une troisième semaine plus taillée pour ses qualités, face à Roglic ou Evenepoel par exemple. Avec Lennard Kämna, Patrick Konrad, Bob Jungels ou encore Giovanni Aleotti, Vlasov a un espoir de briller dans cette course au maillot rose. Du moins si les étoiles s’alignent.
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Thibaut Pinot 🇫🇷 (Groupama-FDJ)
Thibaut Pinot et le Giro, une histoire d’amour ou de haine ? Le Français de 32 ans est passé si souvent, si proche de la réussite sur les routes transalpines. Le romantisme du grimpeur franc-comtois associé à la passion italienne, cela ne pouvait faire que des étincelles. Et pourtant… Une quatrième place en 2017 et un podium perdu sur le contre-la-montre final, après avoir offert un feu d’artifices sur la précédente étape vers Asagio. Un abandon pour une pneumopathie lors de l’avant-dernière étape du Giro 2018 sur lequel il s’accrochait encore à la troisième place. Un crève-coeur, qu’il espère désormais soigner par cette dernière saison sur les courses de ses rêves. Thibaut Pinot poursuit son aventure tel un phénix : à chaque coup dur, le revoici aux avant-postes, porté par les espoirs de ses supporters. Des espoirs qui ont des raisons d’être, en ce mois de mai dans la Botte.
Car le Français avait annoncé d’emblée son objectif de réaliser une belle prestation sur le Tour d’Italie. Du moins de remporter une étape, “n’importe laquelle”. Il a confirmé au Tour de Romandie que sa préparation depuis le début du printemps est idéale. Deuxième du Tour du Jura et du Tour du Doubs, il a terminé cinquième du Tour de Romandie après avoir joué du braquet avec Adam Yates sur le sommet de Thyon 2000. Des résultats encourageants pour celui qui visait clairement la victoire sur l’étape-reine de l’épreuve suisse. Sur ce terrain montagneux, Pinot reste l’un des plus costauds et affirme son expérience en haute altitude. Pour cette dernière danse, le leader de la Groupama-FDJ bénéficie en prime d’équipiers solides pour l’accompagner sur les sommets comme Rudy Molard ou dans la plaine comme Stefan Küng ou Ignatas Konovalovas. Tout ce qu’il faut pour rêver d’une étape. Et même mieux, si le destin se veut favorable.
Mads Pedersen 🇩🇰 (Trek-Segafredo)
Cela devient une habitude sur le Tour d’Italie : vu le parcours très vallonné et montagneux, les sprinters sont peu enclins à miser leur début de saison sur le Giro et préfèrent donc éviter le rendez-vous italien. Les occasions de briller ne manquent pourtant pas, et le gain du classement par points, mis en valeur par le fameux maillot cyclamen, n’est pas impossible malgré l’enchaînement des cols abrupts de la Botte. Encore faut-il garder la motivation durant trois semaines. Au vu de la liste des partants, le sprinter le plus attendu sera certainement un spécialiste des classiques : le Danois Mads Pedersen (Trek-Segafredo). Vainqueur d’étape sur le dernier Tour de France et la dernière Vuelta (3x même), l’ex-champion du monde retrouve le Giro avec l’ambition de réaliser un triplé consécutif sur les Grands Tours.
Dans une équipe de chasseurs d’étapes en l’absence du leader Giulio Ciccone, touché par le Covid-19, Pedersen a toutes les qualités pour prétendre à plusieurs succès d’étapes durant les trois prochaines semaines. Surtout au vu de la concurrence présente. Le Britannique Mark Cavendish (Astana Qazaqstan Team) tentera de se rassurer avec un premier succès cette saison. L’Australien Michael Matthews (Team Jayco-AlUla) aura également à coeur de réparer son printemps difficile, marqué par les problèmes de santé. Le Colombien Fernando Gaviria (Movistar) sera l’un des principaux concurrents sur ce terrain, bien plus qu’Andrea Vendrame (Ag2r Citroën Team), Pascal Ackermann (UAE Team Emirates), Alberto Dainese (DSM), Simone Consonni (Cofidis), Niccolo Bonifazio (Intermarché-Circus-Wanty) ou Jonathan Milan (Bahrain Victorious). Intrinsèquement, Pedersen sera un ton au-dessus.
Domenico Pozzovivo 🇮🇹 (Israel Premier Tech)
Seize participations depuis ses débuts en 2005, une cinquième place en 2014 et en 2018, une place dans les vingt premiers à chaque fois qu’il a terminé l’épreuve, une victoire d’étape : Domenico Pozzovivo a une relation particulière avec le Giro, cette épreuve qui l’a fait éclore au grand public. Le coureur a beau avoir fêté ses 40 ans en novembre dernier, il souhaite encore prolonger l’aventure professionnelle et s’offrir un dernier succès en Italie. Il a pu signer en dernière minute un contrat avec l’équipe Israel Premier Tech pour poursuivre ce rêve.
L’équipe présente au départ de ce Giro sera d’ailleurs attendue dans la chasse aux étapes, confirmant l’ambition de Pozzovivo qui aimerait également atteindre un nouveau Top 10. Un objectif réaliste pour ce grimpeur invétéré qui a encore réussi à se classer sixième de la Semaine Coppi et Bartali avant un final difficile sur le Tour des Alpes, conclu en 21e position. “Cela sera-t-il mon dernier Giro ? Cela pourrait l’être, mais je ne prendrai ma décision qu’après la fin de ce Tour d’Italie”, annonce l’Italien à Wielerflits. Il ne sera donc pas tout de suite question de retraite pour l’un des plus anciens du peltoon actuel.