Que d’émotions sur la ligne d’arrivée de Hoogerheide ! Devant une foule déjà bien compacte pour accueillir de bons matins les premières concurrentes à se disputer le maillot arc-en-ciel, Isabella Holmgren, première à franchir la ligne, et sa soeur Ava, deuxième, se jettent dans les bras au terme d’une épreuve parfaitement gérée par les deux Canadiennes. Leurs parents, drapeau à l’érable sur le dos, viennent poursuivre cette étreinte heureuse. À l’autre bout de la zone d’arrivée, la Néerlandaise Lauren Molengraaf, qui a franchi la ligne une minute plus tard, laisse également échapper des larmes. Son amie et future favorite de la course des élites, Puck Pieterse, vient la consoler comme elle peut. Molengraaf, attendue comme la n°1 devant ses supporters locaux, a vu ses chances de podium s’évaporer. D’abord en raison d’une glissade dans le premier tour. Ensuite à cause d’une crevaison de la roue arrière, quasiment au même endroit. Le temps d’arriver jusqu’aux stands pour changer de vélo, elle avait déjà perdu plus d’une minute sur les soeurs Holmgren.
« Tout était possible »
Isabella et Ava Holmgren, venues du VTT et dans leur deuxième année chez les juniors, avaient déjà confirmé leurs prétentions à la nouvelle année. Le succès d’Ava à Besançon, en Coupe du monde, et les podiums d’Isabella à Zonhoven, Benidorm et en France avaient déjà situé les deux Canadiennes de 17 ans parmi les candidates au titre, ce samedi, à Hoogerheide. Encore fallait-il avoir la bonne forme, tenir le rythme de Molengraaf et des autres favorites, ne pas connaître de problème mécanique, éviter la chute… Mais les deux soeurs étaient confiantes. « La journée ne pouvait pas mieux se dérouler », confirme Isabella, tout d’arc-en-ciel vêtue après sa descente du podium. « Tout était possible (rires). C’était ce qu’on avait en tête avant cette course. (…) C’était génial qu’Ava puisse terminer deuxième. J’espère qu’on va pouvoir inspirer d’autres Canadiens à se mettre au cyclo-cross », sourit timidement la nouvelle championne du monde, au côté de sa soeur.
Venues d’outre-Atlantique pour se tester aux meilleures spécialistes des labourés, Isabella et Ava Holmgren ont finalement mené le Canada à leur première médaille, toutes catégories confondues, dans des championnats du monde de cyclo-cross. « Nous étions déjà venues l’an dernier pour participer à des épreuves de Coupe du monde. Cela nous a aidé à savoir à quel niveau chacune se situe, et ce que nous pouvions faire pour nous améliorer et parvenir à les battre. Durant les entraînements, cet hiver, nous nous sommes concentrées sur tout ce que nous pouvions améliorer chez nous. Et visiblement, ça a payé », rigole Isabella. « Rouler en Europe nous a clairement aidées, car nous n’avons pas ce type de course au Canada », ajoute Ava. Mais les Canadiennes ne comptent pas s’arrêter au cyclo-cross : elles sont également actives en VTT, elles font du triathlon, et elles vont découvrir la route cette année. « On aimerait continuer à pratiquer plusieurs disciplines comme maintenant. On profite de chaque sport pour le moment. On essayera un peu plus la route cette saison, mais on adore le cyclo-cross », confirme Isabella, qui salue encore le soutien de son club, de la fédération canadienne de cyclisme, de ses amis et de sa famille, venue jusqu’à Hoogerheide pour soutenir leur rêve irisé.
Van Sinaey : « Une belle manière de clôturer »
Pendant que la Française Célia Géry assurait la troisième marche du podium au terme d’un sprint au centimètre avec l’Italienne Federica Venturelli, la Belge Xaydee Van Sinaey complétait le Top 5. Une réussite pour la Flandrienne qui avait une place parmi les 15 premières comme objectif. « Me battre parmi les favorites, c’était très bien », se réjouit la coureuse de 17 ans, également active sur la route. « C’est dommage de ne pas avoir pu aller chercher cette troisième place. Je voyais dans le dernier tour qu’il y avait une possibilité. Les autres filles (Géry et Venturelli) avaient toujours un petit avantage, dommage mais je termine quand même cinquième. C’est une belle manière de clôturer cette saison ».
Xaydee Van Sinaey savait qu’un tel parcours pouvait mener à une déception : « Il suffit d’un écart, d’une petite faute, et vous perdez vite du temps. (…) Mais j’ai donné tout ce que j’avais, je pense que c’était le maximum que je pouvais obtenir. En plus, le parcours était un peu plus glissant, un peu plus compliqué à gérer sur certaines parties, notamment dans la forêt ». Attendue tant dans les labourés que sur la route, la coureuse belge sait que la pression est toujours présente, mais elle ne veut pas y songer : « Pour la prochaine saison, je ne sais pas encore trop, car je devrai courir avec les professionnelles, ce sera compliqué. J’espère pouvoir réaliser de belles prestations parmi les espoirs. Mais je sais que je ne vais pas concurrencer Fem van Empel par exemple. (…) Chez les juniors, il n’y avait que les Pays-Bas qui étaient capables de gagner : le Canada, la France,… Chez les pros, c’est quasiment exclusivement les Pays-Bas, mais je pense que cela va changer, et qu’il va y avoir encore plus de variété dans les prochaines années. Beaucoup de coureuses grandissent, j’espère en faire partie ».
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