Voici douze mois, cette newsletter revenait sur l’organisation de la première édition du cyclo-cross de Val di Sole, dans la station alpestre du nord de l’Italie. Sous l’égide de Flanders Classics, en charge de la Coupe du monde de cyclo-cross avec l’Union Cycliste Internationale (UCI), l’épreuve proposait un concept unique dans un calendrier jusqu’ici fortement limité aux contraintes belgo-néerlandaises : un cyclo-cross sur la neige, au milieu des montagnes. La course se voulait alors un défi technique pour les concurrentes et concurrents, surtout quand la météo joue les trouble-fêtes. Ce cyclo-cross était également l’occasion d’ajouter une pièce dans le débat sur la discipline et son inscription potentielle aux Jeux Olympiques d’hiver. Car si le cyclo-cross est définitivement un sport hivernal, il n’en est pas encore considéré comme un sport d’hiver, à côté du ski alpin, du curling ou du biathlon.
En 2021, cette manche de Coupe du monde à Val di Sole s’était déroulée sur un parcours enneigé et légèrement glissant. Les chutes étaient plus particulièrement dues à des erreurs techniques, sans plus. Surtout, les embardées ont rarement été graves. Mais cet hiver, la deuxième édition a été bien plus contrastée. Car les températures sont rapidement descendues à la veille de l’épreuve, après de fortes chutes de neige. Les chemins tracés étaient donc verglacés et malgré tout le travail des équipes spécialisées habituellement dans le travail des pistes de ski de fond, le circuit ressemblait dès le départ de la course féminine à une patinoire. La neige n’est plus tombée dans la matinée et le soleil n’a montré le bout de son nez qu’en début d’après-midi : des conditions idéales pour conserver les chemins dans la glace.
Et malheureusement, ces routes ont eu raison de deux grands favoris de cette Coupe du monde de cyclo-cross, outre les diverses chutes qui ont émaillé les deux courses de la journée. D’abord chez les femmes : déjà en retrait par rapport à ses habitudes, la leader de la Coupe du monde Fem van Empel a lourdement chuté dans un léger virage après avoir visiblement pris son vélo dans des filets protégeant des spectateurs. Évacuée sur civière, la Néerlandaise a inquiété tant elle semblait souffrir. Heureusement, selon son équipe Pauwels Sauzen-Bingoal, elle a rapidement pu marcher et des premiers examens médicaux ont confirmé l’absence de fracture. Elle est rentrée aux Pays-Bas pour passer d’autres examens, avec l’espoir de pouvoir reprendre la compétition dès la prochaine manche à Gavere, le 26 décembre.
https://twitter.com/UCIcyclocrossWC/status/1604090637724393475?ref_src=twsrc%5Etfw#.
Chez les hommes ensuite, Eli Iserbyt, pourtant en lutte pour le podium, a chuté quasiment au même endroit et a également dû être évacué sur civière. Une rude fin de course pour le coureur belge… Mais là encore, aucune fracture n’a été décelée. Mais des examens plus importants doivent être menés en Belgique pour confirmer ou non l’absence de grave blessure, à l’aube de la période la plus importante pour tout spécialiste de cyclo-cross, entre les fêtes de fin d’année. Ce ne sont pas moins de dix courses belges qui vont s’enchaîner en seize jours, dès le 23 décembre. Une blessure et c’est la fin d’un sacré bloc qui s’annonce…
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Un protocole spécifique ?
Face à ces lourdes chutes et aux nombreuses glissades qui ont marqué ce cyclo-cross de Val di Sole, beaucoup se sont interrogés sur les réseaux sociaux sur l’intérêt du maintien d’une telle épreuve sur des routes surgelées. Une telle course sur la neige et la glace n’est-elle pas trop dangereuse ? Le protocole pour conditions extrêmes n’aurait-il pas pu être activé vu la météo du jour ?
Toutes ces questions sont légitimes. Mais l’UCI, qui souhaite faire la promotion du cyclo-cross en proposant des tracés originaux dans d’autres pays, se retrouvent en mauvaise position avec ce cyclo-cross de Val di Sole. Si elle va dans la montagne italienne, c’est bien pour retrouver des conditions enneigées. Annuler une compétition en raison d’une météo trop hivernale irait finalement à l’encontre de son objectif en termes de marketing. Mais le cyclo-cross reste un sport et la défense des athlètes doit être la priorité. Alors, pouvait-on activer le protocole des conditions extrêmes ? Non plus, car ce protocole est mis en place sur les compétitions sur route et ne concernent donc pas (encore) le cyclo-cross, où la météo peut être très variable. Les températures parfois négatives font partie de cette discipline, disputée entre septembre et février. Alors, où mettre le curseur entre conditions défavorables et météo dangereuse pour la santé des cyclistes ?
Val di Sole était un exemple parmi d’autres de ces courses dont l’UCI a besoin pour permettre une autre promotion de son sport. Mais qui montre également certaines limites entre le marketing et le sportif. Van Empel et Iserbyt n’ont heureusement pas subi de graves conséquences de leur chute (a priori), mais il reste à espérer que les organisateurs de ce cyclo-cross italien ont vu les erreurs à ne pas reproduire l’an prochain. En proposant un parcours modifié (les deux sociétaires de Pauwels Sauzen-Bingoal ont chuté quasiment au même endroit) ou en tentant de dégeler le tracé avant le passage des cyclistes. Des contraintes, certes, mais elles sont nécessaires pour assurer la sécurité de celles et ceux qui font ce sport.