La nouvelle a été officialisée par le biais d’une vidéo sur Instagram, un signe des temps. Remco Evenepoel, sur une plage d’Amalfi, tout d’arc-en-ciel vêtu, annonce à ses suiveurs et l’ensemble du monde cycliste qu’il reconnaît et prépare déjà le prochain Tour d’Italie qu’il souhaite disputer pour la victoire. « Je courrai le Giro en 2023. Je suis impatient d’y être. Cela va être une édition spécialise puisque je porterai le maillot arc-en-ciel », prévient le Brabançon de 22 ans, auréolé en cette fin de saison d’un titre sur le Tour d’Espagne, en plus de sa victoire sur le championnat du monde à Wollongong.
L’annonce n’est pas une surprise en soi. Remco Evenepoel avait déjà confié son envie de revanche en Italie après une édition 2021 en dents de scie, qu’il avait disputé sans aucune autre course de préparation, à peine huit mois après sa lourde chute sur le Tour de Lombardie. Cette fois, le Belge veut passer l’hiver au chaud et préparer cette course au maillot rose avec des courses par étapes difficiles et les classiques ardennaises. En outre, le parcours présenté, avec trois contre-la-montre et près de 80 kilomètres à disputer en solitaire, annonçait un tracé idéal pour les qualités de ce rouleur invétéré qui a su démontrer sur la Vuelta que même les plus hauts pourcentages ne l’effraient plus.
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Mais après son incroyable fin de saison, des rumeurs sont venues s’immiscer dans la presse néerlandophone : et si Remco Evenepoel décidait plutôt de se battre directement avec les meilleurs, en 2023, sur le Tour de France ? Un duel entre le talent belge, Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, ça a de la gueule, non ? Sur le papier, l’affiche est alléchante. Elle ne mettait toutefois que plus de pression sur les épaules d’un coureur qui se veut, certes, ambitieux, mais connaît également bien mieux son corps depuis son embardée lombarde. Evenepoel a vu le chemin qu’il lui fallait parcourir pour arriver au sommet, il connaît également son équipe qui n’a pas encore toutes les qualités nécessaires pour assurer durant trois semaines à un niveau aussi élevé que celui réclamé sur le Tour de France. La formation Soudal-Quick Step semble aujourd’hui avoir de meilleures cartes pour protéger «Remco» sur le Giro, avec l’espoir, d’ici 2024, de faire grandir une équipe plus solide ou de recruter des aides encore plus costaudes pour épauler Evenepoel.
« Remco n’a encore que 23 ans »
Ce suspense n’en était donc pas vraiment un. Il était plutôt marketing que sportif. L’entraîneur de Remco Evenepoel, Koen Pelgrim, ne dit pas autre chose dans les quotidiens flamands Het Laatste Nieuws et Het Nieuwsblad : « Avant que Remco gagne la Vuelta, nous avons dans l’idée que le Giro soit la prochaine étape. Après sa victoire, nous avons dû réévaluer cela, mais dès que nous avons su que le Tour proposait moins de contre-la-montre, nos pensées sont vite revenues au Giro », dit-il. « Remco n’a encore que 23 ans. Il a encore du temps pour rouler sur le Tour », acquiesce le manager de Soudal-Quick Step, Patrick Lefevere. « Pour Remco, le Tour ne vient peut-être pas trop tôt, mais pour notre équipe oui. Nous avons encore besoin de temps pour qu’une équipe complètement présente pour lui soit au départ du Tour. Ce sera peut-être le cas en 2024 », ajoute le directeur sportif Klaas Lodewyck.
La préparation pour le prochain Giro passera donc par le Tour de San Juan, épreuve argentine qu’il avait remporté en 2020. Et par les classiques ardennaises, avec Liège-Bastogne-Liège comme premier grand objectif de la saison, avant de songer à la lutte pour le maillot rose. L’objectif annoncé sera « un podium », mais on connaît le coureur de Schepdaal, une place d’honneur n’est pas forcément celle qu’il vise en premier lieu. Soudal-Quick Step a en tout cas compris comment bien faire grandir ce pur talent : malgré ses ambitions, il faut aussi le canaliser et rappeler la réalité du terrain et des conditions offertes. Cela n’en rend sa progression que plus belle.