Les supporters belges de la Petite reine ont bien eu raison de mettre leur réveil à une heure nocturne, ce week-end. S’ils ont quelque peu déchanté en découvrant la médaille d’argent de Lotte Kopecky, toute proche d’un premier titre mondial, mais trop juste pour reprendre l’impressionnante Annemiek van Vleuten, ils ont pu chanter la Brabançonne dès le lendemain avec Remco Evenepoel, teinté d’arc-en-ciel sur la plus haute marche du podium à Wollongong. Auteur d’une incroyable course offensive, enchaînant les attaques dans les trois derniers tours de course avant de filer en solitaire à 25 bornes du but, le Brabançon conclut ainsi une saison de rêve, seulement deux ans après sa terrible chute sur le Tour de Lombardie. En moins d’un an, il s’est adjugé Liège-Bastogne-Liège (également en solitaire…), son premier monument, et le Tour d’Espagne, son premier Grand Tour. Le tout avant de glaner son premier titre de champion du monde chez les professionnels, quatre ans après son premier maillot arc-en-ciel obtenu chez les juniors. Et dire qu’il n’a que 22 ans et seulement 22 jours de plus que le Kazakh Yevgeniy Fedorov, devenu champion du monde chez les espoirs, vendredi…
On peut donc s’interroger : mais où s’arrêtera-t-il ? « Je pense que j’ai gagné tout ce que je pouvais cette année. Je n’aurais jamais pu connaître une meilleure saison que celle-ci…« , avoue le nouveau champion du monde, conscient d’avoir réalisé quelques exploits ces derniers temps. Certains se demandaient s’il allait déjà étrenner son nouveau tricot irisé prochainement, mais il se confirme au fil des interviews que la saison 2022 de Remco Evenepoel est officieusement terminée et que les prochaines apparitions du coureur de Schepdaal le seront surtout pour des raisons festives. Le Tour de Lombardie ne s’annonce pas dans ses plans, lui qui a tout de même enchaîné le Tour d’Espagne et les championnats du monde à un très haut niveau. Il sera tout de même au départ de Binche-Chimay-Binche, le 4 octobre, a annoncé son équipe Quick-Step Alpha Vinyl. Le repos sera ensuite bien nécessaire après cette période intense. Même si ce repos sera « court » vu qu’il préparera prochainement son mariage avec sa compagne, prévu le 7 octobre selon les informations du quotidien flamand Het Laatste Nieuws.
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Giro ou Tour ?
Il est donc déjà temps de penser à la saison 2023. Qui reste encore une interrogation pour certains. Sous le maillot de la Quick Step, le coureur belge sera encore une fois leader incontesté, avec un statut à partager sur certaines courses, comme avec Julian Alaphilippe sur les classiques ardennaises. Mais le programme précis n’est pas encore connu. Et il n’est même pas sûr qu’Evenepoel soit à son pic de forme pour défendre son titre à Liège-Bastogne-Liège, en avril, vu la proximité de la classique wallonne avec le départ du Tour d’Italie, deux semaines plus tard. Car c’est bien sur le Giro que le Brabançon devrait poursuivre sa découverte des Grands Tours. C’est du moins le plan prévu par le manager de Quick Step, Patrick Lefevere, qui souhaite faire progresser son leader par paliers. Même s’il semble franchir ces paliers quatre à quatre…
Après le Tour d’Espagne, certaines voix se sont ainsi interrogées sur une éventuelle participation de Remco Evenepoel au prochain Tour de France vu son nouveau statut et son succès sur la Vuelta. Evenepoel indique, pour sa part, qu’il souhaite apprendre, qu’il prévoyait d’abord des objectifs plus proches (comme ces Mondiaux), mais qu’il serait évidemment ravi d’être opposé à Tadej Pogacar, par exemple, dans le futur. Rien n’indique toutefois son inscription sur le prochain Tour. Surtout que tant le parcours du Giro que celui du Tour de France ne seront pas dévoilés avant fin octobre. Des rumeurs font état de trois contre-la-montre sur le Tour d’Italie, soit le domaine de prédilection d’Evenepoel, mais cela reste encore à l’état de bruit de couloir. Le Giro semble en tout cas plus indiqué pour sa progression, en 2023, avant d’envisager une pression plus forte sur le Tour de France, en 2024.
Le nouveau champion du monde va d’abord profiter de sa nouvelle vie en arc-en-ciel. Et va surtout devoir gérer une nouvelle pression inhérente à cette tunique irisée qui peut être aussi difficile à porter que ce qu’elle offre comme émotions. Au moins, Remco Evenepoel pourra demander des conseils à son équipier Julian Alaphilippe, qui a passé deux ans en arc-en-ciel…