L’Union Européenne de Cyclisme a dû faire face au boycott de nombreuses fédérations nationales face à la situation en Biélorussie, et renoncer à l’organisation des championnats d’Europe de cyclisme sur piste dans ce pays, alors que l’Union Cycliste Internationale évoque des raisons sanitaires pour annuler les championnats du monde sur piste prévus au Turkménistan.
La diplomatie sportive pour effacer les marques de la dictature ou d’une politique loin de la démocratie, c’est bien connu. De nombreuses courses cyclistes ont été imaginées pour auréoler un pays d’une nouvelle image auprès du grand public. Le Tour du Qatar, le Tour des Émirats Arabes Unis… en sont les meilleurs exemples. Et cette année, deux pays espéraient bénéficier de cette meilleure image en accueillant les deux principales compétitions sur piste de la saison.
Le problème Loukachenko
L’Union Européenne de Cyclisme avait choisi voici deux ans la capitale de la Biélorussie, Minsk, pour accueillir les championnats d’Europe de cyclisme sur piste. La répression qui sévit actuellement sous le joug du président Alexandre Loukachenko, et la situation géopolitique délicate entre le pays d’une part, et l’Union Européenne et les États-Unis d’autre part, suite au détournement d’un avion à Minsk, ont poussé l’UEC à prendre une mesure importante : l’annulation de ces championnats d’Europe en Biélorussie. Il faut dire que bon nombre de fédérations nationales, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas avaient annoncé les jours précédents cette décision qu’elles comptaient boycotter ce rendez-vous continental s’il était maintenu à Minsk du 23 au 27 juin prochains.
L’UEC, mis sous pression, a donc été contraint de supprimer cette édition biélorusse pour imaginer des championnats d’Europe dans une autre localité européenne. L’Union Européenne de Cyclisme a confirmé dans un communiqué de presse suivant que ces championnats d’Europe, pourtant attendus par bon nombre de pistards désireux de se tester à l’aube des Jeux Olympiques de Tokyo, ne se dérouleront pas avant début octobre prochain. «La crise sanitaire COVID 19 étant encore en cours, surtout concernant les procédures liées aux voyages entre les différents pays, le report des Championnats au mois d’octobre permettra aux équipes nationales de gérer au mieux les situations logistiques du transfert et laissera le temps nécessaire au nouvel organisateur pour soigner tous les aspects de l’organisation de l’événement», justifie l’UEC, alors que le Danemark avait confirmé sa candidature pour remplacer Minsk en juin. Les pistards devront donc patienter.
Une pandémie invisible au Turkménistan
Car après ces championnats d’Europe, les spécialistes de l’anneau devront déjà se préparer pour les championnats du monde, programmés du 13 au 17 octobre. Reste encore à savoir sur quelle piste. Car l’UCI avait d’abord sélectionné le Turkménistan, ce pays d’ex-Union Soviétique, pour accueillir les pistards sur l’anneau d’Achgabat. La fédération internationale a finalement annoncé ce jeudi soir, dans un communiqué de presse succinct, que les organisateurs de ces Mondiaux ont demandé l’annulation des épreuves à Achgabat. «Les contraintes et restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19 [rendent] impossible la tenue de l’événement dans le pays», indique simplement l’UCI qui annonce des contacts avec d’autres organisateurs pour assurer l’organisation de ces championnats du monde aux mêmes dates, à la mi-octobre.
Cela fait pourtant plusieurs mois que la décision d’accorder l’organisation des Mondiaux sur piste au Turkménistan fait parler, notamment depuis les révélations du site Cyclingtips concernant les liens troubles entre l’UCI et le dictateur à la tête du pays, Gurbanguly Berdimuhamedov, qui développe une passion étonnante pour le vélo. Jusqu’à recevoir les honneurs de l’UCI à ce sujet. La décision de l’UCI pourrait ne pas surprendre vu ces polémiques, mais les raisons sanitaires évoquées par la fédération interrogent alors que le Turkménistan affirme qu’aucun cas de Covid-19 n’a jamais été détecté dans le pays, malgré une étonnante épidémie de «pneumonie» évoquée par les rares médias indépendant turkmènes.
Ce qui surprend d’autant plus, c’est que l’UCI a annoncé dans un tweet, jeudi soir, que les championnats du monde sur piste allaient se dérouler à Glasgow, en Écosse. Avant que ce tweet soit supprimé, sans autre explication. Bref, l’intrigue reste ouverte concernant ces championnats imaginés dans des pays aux considérations politiques douteuses. Difficile toutefois de savoir si l’UCI et l’UEC auront retenu la leçon pour les prochaines années…
Photo : CC Wikimedia
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