Dans un froid de canard que ne renieraient pas les classiques flandriennes, le Britannique Tom Pidcock (INEOS Grenadiers) a trouvé sur la Flèche Brabançonne le terrain idéal pour y conquérir son premier grand succès professionnel à seulement 21 ans. Et ce devant Wout van Aert (Jumbo-Visma) et Matteo Trentin (UAE Team Emirates), deux cadors des classiques.
Tout le monde l’attendait sur les monts du Tour des Flandres ou les pavés de Paris-Roubaix. Pourtant,il l’a déjà prouvé chez les jeunes : Tom Pidcock est un grand fan des classiques ardennaises (vainqueur de la Philippe Gilbert Juniors en 2016 et d’une étape d’Aubel-Stavelot en 2017), et son profil léger est idéal pour ces longues côtes. Avant de se tester sur ces épreuves de choix et en l’absence d’Enfer du Nord, Tom Pidcock s’est payé un dernier passage sur des monts flandriens d’un autre genre, sur les collines brabançonnes. Sur une épreuve dite de transition qui enchaîne les petites buttes, sans la difficulté d’un Ronde.
«Je n’étais pas sûr de faire les Flandriennes»
Tom Pidcock était venu repéré ces côtes de la Flèche Brabançonne le 24 mars dernier, avec juste un équipier à ses côtés. Avant de se rendre en Wallonie pour redécouvrir les routes des Ardennaises qu’il apprécie. Le Britannique avait bien ces rendez-vous en tête : «L’idée en début d’année était de me concentrer sur les classiques ardennaises», confirme-t-il à la presse. «Je n’étais pas sûr de participer au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix, j’imaginais plutôt faire le Tour du Pays Basque pour préparer les courses suivantes. Puis finalement, on a changé le programme, et j’ai donc réalisé un gros bloc d’entraînement la semaine dernière. Je n’ai pas connu de blessure ou de chute grave, j’étais donc en pleine condition pour ce rendez-vous».
Robeet : «Je roulais à domicile»
Ainsi, dès l’échappée matinale, si l’équipe Jumbo-Visma était appelée à l’avant du peloton en raison de la position d’ultra-favori de Wout van Aert, la formation INEOS Grenadiers tirait également des bouts droits derrière l’échappée matinale dans laquelle se trouvait le local du jour Ludovic Robeet (Bingoal-Pauwels Sauces-Wallonie Bruxelles). «Les sensations étaient bonnes dès le début, donc j’ai tenté ma chance», explique le vainqueur de Nokere-Koerse. «En plus, je suis sur mes routes d’entraînement, je connais tout le circuit en ligne jusqu’au circuit final, près de chez ma mère et de chez mon père. C’est toujours amusant de rouler à domicile».
Robeet était l’un des derniers à encore tenir le bon train quand les plus forts sont revenus, d’abord à l’initiative de Rémi Cavagna (Decueninck-Quick Step), puis de Dylan Teuns (Bahrain Victorious), puis de Wout van Aert. «Tous les costauds sont rentrés sur le circuit local. J’ai essayé de suivre, mais je n’avais plus les jambes dans l’avant-dernier tour. Je crois que j’étais un des plus costauds dans l’échappée, mais ce n’était pas encore assez pour suivre les meilleurs», raconte encore le Brabançon. La course était lancée dans ces deux derniers tours de 21 kilomètres, avec comme principaux favoris, Wout van Aert, Tom Pidcock et Matteo Trentin en animateurs du final.
Van Aert : «Les trois plus forts»
«On a été un peu mis en difficulté avec l’équipe sur le circuit local, mais nous sommes restés calmes. On a essayé tant que possible de boucher le trou avec les premiers attaquants. Quand j’ai essayé de relancer, je me suis retrouvé avec Matteo (Trentin) et Tom (Pidcock) à l’avant. On était clairement les trois plus forts», confirme Wout van Aert. Trentin avait même tenté d’anticiper dans l’avant-dernière descente du Holstheide, à plus de 25 kilomètres du but, avant de voir Van Aert et Pidcock le rejoindre avant la dernière Moskesstraat : «Je pensais bien que Van Aert et Pidcock étaient les deux seuls coureurs qui pouvaient rentrer. Évidemment, je me disais qu’ils avaient dû user de l’énergie, mais à la fin, même avec ça, ils étaient forts».
Les trois hommes décidaient tout de même de se disputer la victoire au sprint sur cette nouvelle montée de la chaussée de Bruxelles, plus aisée que le Schavei, et donc moins décisive pour les coureurs explosifs. Si le groupe de poursuivants revenait dangereusement sur le trio de tête, Van Aert lançait l’emballage final aux 200 derniers mètres. «Je savais que Trentin était un peu usé avec son attaque en solitaire. Je savais que Van Aert serait certainement le plus fort dans ce final. Je me suis donc mis dans son sillage quand il a lancé», explique Pidcock.
Pidcock : «Qui avait encore les jambes»
«Je pensais que j’avais une bonne chance dans le sprint, mais il y avait finalement plus fort. J’ai essayé de ne pas partir trop tôt, mais j’ai lancé vers le sommet, ce qui ne semblait pas une mauvaise idée vu mes qualités. Mais les jambes se sont rapidement vidées après quelques secondes. Tom a pu ensuite me déborder. J’ai revu le sprint et Tom était juste plus fort, je dois l’accepter», admet Van Aert, victime d’une panne de jambes comme Mathieu Van der Poel face à Kasper Asgreen sur le récent Tour des Flandres. «Au final, ce n’était pas une question de qui était le plus rapide, mais plutôt de qui avait encore les jambes dans de telles conditions. C’était un sprint très différent par rapport à une arrivée en plaine», confirme Pidcock, qui signe à Overijse sa première grande victoire professionnelle à 21 ans, après sa 3e place à Kuurne-Bruxelles-Kuurne et sa 5e place sur le Strade Bianche.
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Direction l’Amstel et la Flèche
Tom Pidcock confirme donc son plein potentiel sur cette Flèche Brabançonne. Un homme tout terrain le Britannique d’un mètre 70 ? Il ne veut en tout cas pas encore se spécialiser, malgré ses objectifs annoncés sur les Ardennaises : «L’équipe aimerait que je fasse les classiques flandriennes, et j’ai apprécié ces rendez-vous. Je pense que cela devrait le faire à l’avenir. Je pense toutefois que les Ardennaises me conviennent mieux, les classiques flandriennes concernent plutôt les gars qui ont beaucoup de puissance. Moi, je suis plutôt léger», confie-t-il. «Je vais désormais rouler l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne. Peut-être que je ferai Liège-Bastogne-Liège mais on verra cela avec l’équipe dans les prochains jours». Le programme serait alors bien rempli pour le coureur d’INEOS Grenadiers qui a déjà enchaîné huit courses d’un jour depuis le 27 février, dont deux monuments (Milan-Sanremo et Tour des Flandres).
Pidcock veut avant tout apprendre, même si son apprentissage est en mode rapide ! «Ces courses sont surtout difficile à cause du positionnement. C’est quelque chose que je dois encore améliorer : bien me positionner et user moins d’énergie pour me replacer», explique-t-il. «Sur le Tour des Flandres, j’ai oublié de m’alimenter et j’ai explosé. C’est comme ça. Je sais ce que je dois faire pour la suite», réagit-il, toujours timidement face aux micros de la presse. Cela viendra aussi avec l’expérience. Car nul doute que Pidcock reviendra rapidement aux avant-postes dans les prochains mois, lui qui visera prochainement une médaille sur les Jeux Olympiques, en VTT cross-country, avant d’envisager une première participation à la Vuelta puis aux championnats du monde… à Louvain et Overijse ! Tiens, tiens…
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Résultats de la 61e édition masculine de la Flèche Brabançonne (Louvain > Overijse, 201.7 km) :
- Tom Pidcock (G-B, INEOS Grenadiers) en 4h36:27
- Wout van Aert (Bel, Team Jumbo-Visma)
- Matteo Trentin (Ita, UAE Team Emirates) à 0:02
- Ide Schelling (P-B, Bora-Hansgrohe) à 0:07
- Toms Skujins (Let, Trek-Segafredo)
- Robert Stannard (Aus, Team BikeExchange)
- Dylan Teuns (Bel, Bahrain Victorious)
- Benoît Cosnefroy (Fra, Ag2r Citroën Team)
- Oscar Riesebeek (P-B, Alpecin-Fenix)
- Andreas Leknessund (Nor, Team DSM) à 0:12
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Photo de couverture : capture Sporza/VRT – Photo de l’échappée : Alain Vandepontseele/Alain VDP Photography
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