En l’absence de Paris-Roubaix, reporté en octobre, le Tour des Flandres constituera, encore plus que les années précédentes, la grand-messe des classiques du Nord. Les pavés et côtes vont s’enchaîner à un rythme infernal durant près de six heures de course et plus de 250 kilomètres autour des plus célèbres monts flandriens. Pour le succès d’une star de la discipline ou d’un outsider discret ?
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Le parcours
Seulement six mois après la dernière édition du Tour des Flandres, qui clôturait alors l’automne des classiques durant l’étrange saison 2020, peu de changement sont intervenus sur le parcours de ce nouveau Ronde orphelin de son public. Comme l’an dernier, les supporters sont invités à rester chez eux pour suivre la plus grande fête flamande de l’année devant leur télévision. Les «bergs» seront vides, les applaudissements seront réservés pour l’an prochain. Les sites de départ et d’arrivée seront également interdits à toute personne extérieure à la bulle de l’organisation ou des équipes. Depuis le départ à 10h00 sur les quais de l’Escaut à Anvers jusqu’à l’arrivée, près de six heures plus tard, sur la longue ligne droite de la Nationale 60 à Audenarde, les quelques rares badauds de sortie seront les riverains vivant le long du parcours…
L’organisation a tout de même légèrement corsé le tracé de cette 105e édition, avec l’ajout de deux côtes pour user un peu plus les cuisses à l’approche d’Audenarde. Après un long cortège dans la plaine via Beveren, Saint-Nicolas et Zottegem, les coureurs découvriront les premiers pavés sur la Lippenhovestraat et la Paddestraat, deux secteurs mythiques des courses flandriennes, avant de se préparer les jambes sur les pentes du Katteberg, première ascension de la journée pointée à 150 kilomètres de l’arrivée. La première des trois montées du Vieux Quaremont interviendra une vingtaine de bornes plus loin, pour permettre aux favoris de prendre leurs premiers repères sur les pavés cassants de cette longue colline à travers les champs.
Les choses sérieuses devraient se mettre en place à l’approche du Molenberg, avec un enchaînement de trois secteurs pavés après le difficile Wolvenberg, à près de 100 kilomètres du but. L’approche de ces chemins de campagne sera nerveuse et mènera déjà à une course usante pour se placer aux avant-postes. Le peloton découvrira ensuite l’une des nouveautés de ce parcours, la montée de la Marlboroughstraat et ses 2 kilomètres à 3% de moyenne. Rien de bien difficile à surmonter, mais l’effort sera surtout fatiguant à l’approche du Berendries. Et il permettra de faire le ménage dans le peloton avant le final.
Après une légère période de calme à l’approche de l’ultime circuit local autour d’Audenarde, les coureurs entameront à 50 kilomètres du but le premier enchaînement du Vieux Quaremont et du Paterberg (jusqu’à 20% sur cette ligne droite pavée de 360 mètres), avant l’arrivée toujours délicate au pied du terrible Koppenberg, et son pic à 22%. Julian Alaphilippe y avait placé une première offensive permettant aux favoris de se dégager, avant les montées du Steenbeekdries et du Taaienberg, qui avaient fini de l’isoler avec Mathieu Van der Poel et Wout van Aert pour la phase finale de ce Ronde.
La décision finale interviendra à l’occasion du dernier enchaînement du Vieux Quaremont et du Paterberg, avant 13 kilomètres jusqu’à la ligne d’arrivée, sur de longues chaussées bordées par le vent, et une ultime ligne droite particulièrement éreintante, surtout en solitaire. Le dernier kilomètre est en très léger faux-plat montant, et au bout de 250 kilomètres, il faut encore en garder un peu en réserve pour faire face à cette arrivée si particulière à l’entrée d’Audenarde.
Départ fictif : 10h00 sur l’Ernest van Dijckkaai à Anvers
Départ réel : 10h18, sur la Dorpstraat à Burcht après 9,4 kilomètres en cortège
Distance : 254,3 kilomètres
Les difficultés du jour :
Secteur pavé 1 – Km 85,8 : Lippenhovestraat (1 300 mètres)
Secteur pavé 2 – Km 87,2 : Paddestraat (1 500 m)
Côte 1 – Km 102,2 : Katteberg (600 mètres à 6% de moyenne, pente maximale à 8%)
Secteur pavé 3 – Km 103 : Holleweg (1 500 m)
Côte 2 – Km 121,2 : Vieux Quaremont (2 200 m à 4%, pente max. à 11,6%)
Côte 3 – Km 131,7 : Kortekeer (1 260 m à 6,4%, pente max. à 17%)
Côte 4 – Km 139,4 : Eikenberg (1 200 m à 5,2%, pente max. à 10%)
Côte 5 – Km 142,5 : Wolvenberg (645 m à 7,9%, pente max. à 17,3%)
Secteur pavé 4 – Km 142,6 : Holleweg (1 500 m)
Secteur pavé 5 – Km 143,8 : Karel Martelstraat (2 400 m)
Secteur pavé 6 – Km 146,2 : Jagerij (800 m)
Côte 6 – Km 152,4 : Molenberg (463 m à 7%, pente max. à 12%)
Côte 7 – Km 156,4 : Marlboroughstraat (2 040 m à 3%, pente max. à 7%)
Côte 8 – Km 160,4 : Berendries (940 m à 7%, pente max. à 12,3%)
Côte 9 – Km 165,8 : Valkenberg (550 m à 8,2%, pente max. à 13%)
Côte 10 – Km 178,2 : Berg Ten Houte (1 100m à 6%, pente max. à 21%)
Côte 11 – Km 183,7 : Kanarieberg (1 000 m à 7,7%, pente max. à 14%)
Côte 12 – Km 199,7 : Vieux Quaremont (2 200 m à 4%, pente max. à 11,6%)
Côte 13 – Km 203,1 : Pateberg (360 m à 12,9%, pente max. à 20,3%)
Côte 14 – Km 209,7 : Koppenberg (600 m à 11,6%, pente max. à 22%)
Secteur pavé 7 – Km 213,8 : Mariaborrestraat (2 400 m)
Côte 15 – Km 215,1 : Steenbeekdries (700 m à 5,3%, pente max. à 6,7%)
Côte 16 – Km 217,6 : Taaienberg (530 m à 6,6%, pente max. à 15,8%)
Côte 17 – Km 227,8 : Kruisberg-Hotond (2 500 m à 5%, pente max. à 9%)
Côte 18 – Km 237,6 : Vieux Quaremont (2 200 m à 4%, pente max. à 11,6%)
Côte 19 – Km 241,1 : Paterberg (360 m à 12,9%, pente max. à 20,3%)
Arrivée : vers 16h20 sur la Minderbroederstraat (N60) à Audenarde
Les favoris
Pour la première fois réunis depuis Milan-Sanremo, les trois grandes stars de ce printemps reprennent du service sur ce Tour des Flandres avec chacun une pancarte dans le dos. Wout van Aert (Jumbo-Visma) s’annonce toutefois comme celui avec la plus grande pression sur les épaules au vu de ses récentes performances. Vainqueur de Gand-Wevelgem, son premier succès sur une classique flandrienne, le coureur belge de 26 ans s’est libéré d’un poids, et a depuis lors enchaîné les entraînements sur les pavés pour être frais et à 100% sur le Ronde, qu’il a failli remporter sur le fil en octobre dernier. Le coureur belge n’a peut-être pas l’équipe la plus impressionnante au départ de ce Tour des Flandres, il a malgré tout les qualités nécessaires pour se placer au bon endroit, au bon moment. Et si Nathan Van Hooydonck ou Pascal Eenkhoorn parviennent à le suppléer au-delà des 200 kilomètres, cela sera du bonus pour Van Aert.
Le vainqueur sortant Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix) avait donné un gage de sa forme sur le GP E3 avant de subir une journée «sans» sur À Travers la Flandre, mercredi dernier. Visiblement touché par les fortes chaleurs de la semaine, le champion des Pays-Bas sera heureux de découvrir un mercure moins élevé ce dimanche vers Audenarde. Le soleil sera toujours présent, mais Van der Poel devrait mieux apprécier les températures douces qui s’annoncent. Le coureur néerlandais se montre moins aventureux sur les courses d’un jour que ce qu’il a pu montrer en début de saison, preuve qu’il souhaite doser ses efforts, et attendre le bon moment tactique pour trouver l’ouverture. Il bénéficie en prime d’une équipe au top de sa forme, avec notamment Gianni Vermeersch (10e de Gand-Wevelgem) et Dries De Bondt, son ange gardien en noir-jaune-rouge à l’approche des juges de paix.
Du côté de Deceuninck-Quick Step, le collectif sera une nouvelle fois mis en avant, mais la place de favori revient malgré tout au champion du monde Julian Alaphilippe. Contraint à l’abandon après avoir percuté une moto en octobre dernier, le Français redécouvrira des routes qui lui ont plu au premier coup d’œil. Également moins bien sur les routes d’À Travers la Flandre, Alaphilippe a affiché un esprit combatif qui peut lui permettre de marquer des points sur le Ronde. Il apparaît toutefois comme celui qui a le moins de références sur ces courses flandriennes cette saison, et devra donc déjouer les pronostics à ce sujet. Il bénéficiera toutefois d’un appui bien différent de ses rivaux. Car le «Wolfpack» peut également compter sur Zdenek Stybar, le plus expérimenté du groupe, (Zdenek Stybar déclare forfait suite à un problème cardiaque, il prend du repos après une intervention chirurgicale mineure), Florian Sénéchal, celui qui a fait la meilleure impression physique ces derniers jours, Kasper Asgreen, autoritaire vainqueur du GP E3, ou encore Yves Lampaert, toujours dans les bons coups.
D’autres collectifs sont prêts à briller ce dimanche, pour faire taire les voix qui ne croient qu’en un succès du «Big Three». L’équipe Ag2r Citroën Team a prouvé depuis deux semaines qu’elle avait les armes pour jouer la carte offensive. Généreux dans l’effort, Greg Van Avermaet et Oliver Naesen ont souvent tendance à en faire beaucoup, et devront donc mieux jauger leurs attaques pour éviter le coup de mou dans la finale. De même pour Jasper Stuyven, qui aura les commandes d’une équipe Trek-Segafredo en plein doute après la quarantaine d’une semaine imposée à ses deux autres outsiders, Mads Pedersen et Edward Theuns.
Vainqueur d’À Travers la Flandre mercredi après un solo de plus de 50 kilomètres, le Néerlandais Dylan van Baarle (INEOS Grenadiers) sera cette fois plus surveillé qu’à l’accoutumée. Surtout au vu de ses prestations tout aussi convaincantes sur le GP E3 et Gand-Wevelgem. Il pourra compter sur le jeune et talentueux Tom Pidcock pour surprendre le peloton dans le final. Alors que l’équipe Bora-Hansgrohe tâtonnera sur les routes flandriennes : privée de course sur le GP E3 et Gand-Wevelgem en raison d’un cas positif au Covid-19, la formation allemande retrouvera ce dimanche Peter Sagan, qui a pu lever les bras sur le Tour de Catalogne et fera part de son expérience des pavés à son co-leader Nils Politt.
En parlant d’équipes dans le doute, la formation belge Lotto-Soudal devra également se montrer sous un autre jour sur ce Tour des Flandres. Sans Philippe Gilbert, qui a préféré prendre une pause après une période difficile sur le plan mental et physique, le groupe belge comptera sur l’expérience de John Degenkolb et le panache de Tim Wellens pour surprendre les principaux favoris de l’épreuve flandrienne. Chez EF Education-Nippo, l’état de santé du vainqueur de l’édition 2019, Alberto Bettiol, reste une interrogation en vue de ce dimanche, de même pour Sep Vanmarcke, chez Israel Start-up Nation.
D’autres Belges se placent également en outsider sur la ligne de départ. Chez DSM, Tiesj Benoot partagera la tête d’affiche avec le Danois Søren Kragh Andersen, alors que le recordman de l’heure Victor Campenaerts (Team Qhubeka ASSOS) jouera la carte de l’attaque, avec le champion d’Europe Giacomo Nizzolo en leader pour un éventuel sprint. Parmi ces sprinters-puncheurs qui peuvent passer les bosses flandriennes, l’Australien Michael Matthews (Team BikeExchange), en bonne position sur Gand-Wevelgem, sera clairement à citer comme un outsider redoutable, de même que Matteo Trentin et l’ex-vainqueur Alexander Kristoff (UAE Team Emirates), toujours aux abois sur ces pavés. Sans oublier Sonny Colbrelli (Bahrain Victorious) ou Christophe Laporte (Cofidis). Alors qu’en surprise du chef, Warren Barguil (Team Arkéa-Samsic) va découvrir le Tour des Flandres ce dimanche et peut jouer sa carte sur des routes qu’il semble apprécier au vu de sa prestation sur À Travers la Flandre.
La liste des partants : cliquez ici pour découvrir la liste des partants
Palmarès :
2011 Nick Nuyens (Bel)
2012 Tom Boonen (Bel)
2013 Fabian Cancellara (Sui)
2014 Fabian Cancellara (Sui)
2015 Alexander Kristoff (Nor)
2016 Peter Sagan (Svq)
2017 Philippe Gilbert (Bel)
2018 Niki Terpstra (P-B)
2019 Alberto Bettiol (Ita)
2020 Mathieu Van der Poel (P-B)
La météo
Le ciel ne devrait offrir aucun nuage menaçant, ce dimanche, sur les routes du Tour des Flandres. Aucune averse n’est attendue de toute la journée, et le soleil devrait donc accompagner le peloton d’Anvers jusqu’à Audenarde en ce dimanche de Pâques. Si les températures seront encore fraîches au départ (autour de 8°C), il fera plus chaud au fil de l’après-midi, et le mercure pourra atteindre 11 à 12°C. Le vent sera faible à modéré (10 à 15 km/h) et soufflera principalement de secteurs nord à nord-ouest.
Les directs TV
- En direct dès 9h55 sur Tipik puis dès 13h40 sur La Une, et dès 9h55 sur RTBF Auvio, avec les commentaires de Rodrigo Beenkens et Cyril Saugrain
- En direct dès 9h15 sur Één puis dès 13h00 sur Canvas puis dès 13h30 sur Één, et dès 9h15 sur Sporza.be, avec les commentaires de Michel Wuyts et José De Cauwer
- En direct dès 13h35 sur France 3, avec les commentaires d’Alexandre Pasteur, Marion Rousse et Laurent Jalabert
- En direct dès 9h55 sur Eurosport 1, sur Eurosport Player et GCN Race Pass
Graphiques : Flanders Classics
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