L’Union Cycliste Internationale a dévoilé une série de mesures destinées à améliorer la sécurité des coureurs et coureuses lors de la prochaine saison cycliste sur route. Des décisions qui demandent encore des clarifications, mais qui ont le mérite d’apporter enfin une réponse aux problèmes qui ont émaillé ces dernières années dans les pelotons.
Ces mesures dévoilées par l’UCI ont été discutées et négociées par le Conseil du Cyclisme Professionnel (CCP), à savoir les représentants de l’UCI, de l’Association Internationale des Groupes Cyclistes Professionnels (AIGCP), l’Association Internationale des Organisations de Courses Cyclistes (AIOCC) et les Cyclistes Professionnels Associés (CPA). Outre le président de l’UCI David Lappartient et le président de la fédération belge de cyclisme et président du CCP Tom Van Damme, le patron de Deceuninck-Quick Step Patrick Lefevere, le directeur du Tour de France Christian Prudhomme ou encore les cyclistes Philippe Gilbert et Matteo Trentin ont participé aux discussions autour de ces mesures.
Une base de données pour identifier les dangers
De nouvelles personnes vont d’abord être formées pour gérer spécifiquement la sécurité des cyclistes sur les courses professionnelles sur route : un Manager Sécurité va être installé au département des Sports de l’UCI, et un Manager Sécurité devra être désigné et formé par tout organisateur d’épreuve pour superviser au mieux les différentes organisations.
L’UCI propose également la création d’une base de données sur les incidents survenus ces cinq dernières années, afin de mieux cibler les actions à mener à l’avenir. Cette base de données, réalisée par un prestataire indépendant à l’UCI, devra mener à la mise en place d’un outil permettant aux organisateurs d’évaluer au mieux les risques sur les parcours proposés par les organisations. Les dangers pourront ainsi être surlignés en amont de la course, permettant aux organisateurs de rectifier le tir.
Du changement pour les zones d’arrivée et les protections
Le CCP demande également l’amélioration et la modernisation des éléments de protection des obstacles (comme cela a pu se faire sur le championnat de Belgique sur route, avec des avertisseurs sonores), ainsi qu’une harmonisation de la signalisation entre les différentes épreuves. Il souhaite également une meilleure sécurisation des zones d’arrivée et l’installation de barrières différentes, plus sécurisées pour les coureurs arrivant à plus de 60 km/h sur certaines lignes droites.
Dans ce catalogue de mesures, le CCP propose encore un changement des règlements pour mieux punir les comportements potentiellement dangereux des coureurs, mais aussi à l’encontre des conducteurs des motos et véhicules suiveurs, ou des pilotes d’hélicoptère.
Enfin, outre une meilleure communication envers les coureurs, il sera également demandé la création d’un carnet d’expérience pour noter les conducteurs et pilotes des véhicules automobiles à l’échelon course, avec au final la création d’un permis à points destinés aux courses cyclistes.
Mise en place dans le WorldTour
Ces mesures doivent encore être approuvées par le Comité Directeur de l’UCI, pour une mise en oeuvre sur les courses du WorldTour masculin et féminin dès 2021, avant que ces mesures soient peu à peu étendues à toutes les courses du calendrier. Elles s’annonçaient en tout cas indispensables après notamment le terrible accident de Dylan Groenewegen qui a envoyé Fabio Jakobsen dans les barrières sur la 1re étape du dernier Tour de Pologne, ou encore la chute de Remco Evenepoel dans la descente dangereuse du Mur de Sormano sur le Tour de Lombardie.
Cette réunion était attendue par tout un peloton alors que les critiques à l’encontre de l’UCI et du CPA, le principal syndicat de coureurs, se sont faites plus intenses suite à ces derniers faits. Philippe Gilbert, présent lors de la réunion du CCP, estime pour sa part que les coureurs doivent également prendre leurs responsabilités. « Seulement deux coureurs ont trouvé que cela valait la peine d’être présent : Matteo Trenton et moi. Le CPA demande régulièrement aux coureurs de participer à ces réunions, mais d’habitude, personne n’y va malheureusement », explique Philippe Gilbert au quotidien flamand Het Nieuwsblad.
« Une course cycliste ou du MotoGP ? »
« Ce n’est pas pour mon propre intérêt que j’y participe. En principe, les coureurs de 20 ans devraient s’impliquer, mais apparemment ils n’ont pas assez de temps », se plaint-il. « Les coureurs se plaignent toute l’année de la sécurité dans les médias, mais cela n’aide pas. Si tu veux changer quelque chose en tant que coureur, tu dois oser en parler à des moments qui peuvent faire changer les choses, comme la dernière réunion du CCP ».
Dans cette interview au Nieuwsblad, Philippe Gilbert confirme qu’il s’est principalement plaint du placement des barrières sur certaines zones d’arrivée ou des voitures en course, qui zigzaguent dans le peloton. « Suite à ma blessure, j’ai suivi beaucoup de courses à la TV cette année. Parfois, je me demandais si je regardais une course cycliste ou du MotoGP. Ils exagèrent vraiment avec les véhicules en course. Je me demande qu’elle est leur utilité », estime le coureur belge de Lotto-Soudal, qui propose l’utilisation plus récurrente du système des routes alternatives pour avancer dans la course sans dépasser au plus près des coureurs, comme cela peut se faire sur le Paterberg sur le Tour des Flandres par exemple.
Les mesures risquent en tout cas d’être encore discutées ces prochains mois, et demanderont certainement des amendements pour assurer une meilleure protection des coureurs et coureuses. Mais ces premiers éléments sont une étape importante, surtout au bout d’une saison durant laquelle la crise sanitaire semble avoir pris le pas sur la sécurité des cyclistes. L’UCI a pris du temps pour réagir, il est désormais temps que l’action soit efficace.
Photo : RCS Sport/La Presse/Massimo Paolone
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